(Photo: Mario Gogh pour Unsplash)
Après plus de 18 mois de travail, le Consortium québécois en transformation numérique et cybersécurité (CQTNC) est officiellement venu au monde, lundi. Pour nous expliquer en quoi consiste ce pôle d’innovation inédit entre la région Grand Est de la France (dont les villes phares sont Strasbourg, Mulhouse, Nancy, Metz, etc.) et quatre entreprises du Québec, Les Affaires s’est entrenu avec Simon Lauzier, président du CQTNC et de l’entreprise Drakkar Digital.
On se demande d’abord pourquoi les PME et les groupes industriels de ce coin de l'Europe avaient le Québec dans leur mire en matière de transformation numérique et de cybersécurité. «Les joueurs qui se font confiance veulent s’allier», dit Simon Lauzier, en parlant du mouvement pour la cybersécurité qui a pris encore plus d’ampleur pour les entreprises et les individus depuis le début de la pandémie. «Cette relation entre la France et le Québec est historique et dans notre démarche d’échange, tout le monde gagne.»
Le CQTNC se donne donc pour mandat d’identifier des entreprises françaises — il y en aurait plus de 1500 dans le viseur en ce moment — qui pourront profiter de partenaires québécois qui composent le consortium actuellement : Mantle (blockchain), Edilex (legaltech), PM Scada (cyberdéfense) et Drakkar Digital (transformation numérique).
Le Québec sort grand gagnant dans cette aventure, croit Simon Lauzier. «Dans notre modèle, l’innovation va rester très locale […] Les emplois, les revenus et les échanges commerciaux vont se faire ici au niveau de l’innovation, dit-il. En créant des opportunités d’affaires là-bas, ces revenus-là ont presque automatiquement des retombées sur les entreprises québécoises. On a qu’à penser à l’accompagnement et au support, c’est bon pour nous à court et à moyen terme cela.»
Simon Lauzier, président du CQTNC et de l’entreprise Drakkar Digital (Photo: courtoisie)
«Chez Drakkar Digital, on avait déjà des liens forts avec la France, avec 3A, NSE, Airbus, etc.», rappelle Simon Lauzier. «Mais pour Olivier Perrin [président de Becoming Elsewhere], c’est tout bonnement un rêve de 15 ans qui se réalise. Même quand tous les joueurs étaient prêts, ça a pris 18 mois. C’est donc pas la pandémie qui a créé ce projet, c’en était un de très longue date.»
Il fallait tout de même créer des liens forts à l’étranger… en pleine pandémie. «Ça prend de la maturité. Drakkar va avoir bientôt 30 ans, et ça paraît », pense Simon Lauzier. « Oui, c’est pas facile de créer des relations fortes à travers un écran […] Mais d’être dans une division qui est déjà transformée numériquement… ça aide!», selon le PDG.
Il y a toutefois eu un gros impact relationnel. «Là, tu vas plus prendre le temps d’aller au restaurant, de rencontrer les gens, de sauter dans l’avion, d’aller visiter des espaces… ça reste de la business 24 h/24, avoue Simon Lauzier. Et donc tu es aussi dans une gestion du risque à 100 % : tu es toujours en train de te poser la question de qui est solide, qui a la capacité de traverser ça, qui dit vraiment les bonnes choses ou les dit parce qu’on est en crise, qui le fait pour des raisons politiques, qui le fait pour des raisons de survie, qui le fait pour des raisons d’expansion… t’es continuellement en train de te challenger dans ton jugement.»
Ses échanges ont tout de même été profitables et le consortium entre le porte-voix et le pôle d’innovation a fini par voir le jour. Et il espère faire des petits numériques ailleurs en France, au Luxembourg, en Belgique, en Suisse et en Allemagne.