(Photo: 123RF)
Un texte d'Annick Charette, présidente, Fédération nationale des communications et de la culture (FNCC-CSN), et de Philippe Noël,vice-président – Affaires publiques et économiques, Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ)
COURRIER DES LECTEURS. En raison de la crise des médias que vit le Québec depuis plusieurs années, l’information de qualité, notamment l’information locale, est en danger. Nos deux organisations font cause commune afin d’appeler les gouvernements et les communautés à se mobiliser pour renverser la tendance.
De quelle crise parle-t-on?
Les médias d’information sont confrontés à des difficultés financières liées à des baisses importantes de leurs revenus publicitaires, en grande partie car les annonceurs se tournent vers les plateformes étrangères des géants du Web. L'argent de la publicité est ainsi capté par ces derniers et ne finance plus le maintien de nos entreprises médiatiques. Le résultat est que les compressions de personnel, la fermeture ou bien la faillite de médias d’information font trop souvent les manchettes. C’est donc l’accès à une information rigoureuse, diversifiée et locale qui est compromis partout au Québec.
Devant cette crise, nos gouvernements doivent mieux soutenir nos médias d’information. La FNCC a lancé l’hiver dernier la campagne «L’information, un bien public», qui fait la promotion de solutions structurantes à cette crise qui perdure. La FCCQ a fait des recommandations allant dans le même sens en vue des budgets présentés ce printemps par les deux paliers de gouvernement. Ceux-ci peuvent facilement mettre en œuvre plusieurs de ces solutions.
L’argent, le nerf de la guerre
Les ministères et les organismes publics dépensent des sommes importantes en campagnes publicitaires. Dans le contexte de crise que l’on connait, ils devraient donner l’exemple et soutenir les canaux publicitaires qui contribuent directement à la vitalité de nos salles de rédaction.
De plus, les annonceurs du secteur privé devraient pouvoir bénéficier de mesures incitatives afin d’y revenir. Ceux qui n’y ont jamais acheté de publicités aussi. Une mesure incitative simple? Doubler la déduction d’impôt déjà existante pour les achats publicitaires auprès d’un média d’information.
Autre solution: le crédit d’impôt à la masse salariale des médias d’information créé il y a quelques années devrait être élargi, en l’étendant aux salles de rédaction radio et télé. Il ne devrait pas y avoir de distinction: tous les emplois journalistiques contribuent à la vie démocratique des différentes régions du Québec et tous devraient donc bénéficier du même avantage fiscal.
Les villes à la rescousse de l’information locale
Les médias d’information contribuent au rayonnement des entreprises d’une région, favorisent la création de liens entre une municipalité et ses résidents et participent à la vitalité des communautés. À l’heure actuelle, des régions entières sont déstabilisées et sur le point de se retrouver dans un désert d’informations locales. Il est dans l’intérêt de tous de soutenir ce bien commun qu’est l’information locale, régionale et nationale. C’est pourquoi nous invitons les municipalités du Québec à adopter la déclaration «Ma ville appuie l’information locale», une déclaration de principe dans laquelle elles s’engagent à adopter des gestes concrets pour favoriser la distribution et le rayonnement des médias de leur territoire.
Il est impératif que toutes et tous, nous nous mobilisions pour sauver notre droit à l’information. Cela nous concerne tous.
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