Ne plus avoir peur de tomber grâce à Azimut Medical


Édition du 10 Mai 2023

Ne plus avoir peur de tomber grâce à Azimut Medical


Édition du 10 Mai 2023

Par Philippe Jean Poirier

Maxime Bolduc, cofondateur et PDG d'Azimut Medical (Photo: courtoisie)

MARCHÉ DES AÎNÉS. En créant un vêtement « gonflable » plus confortable que les traditionnelles culottes rembourrées de protection contre les chutes, l’entreprise Azimut Medical souhaite convaincre les aînés fragilisés ayant tendance à chuter de les adopter, et ce, afin de leur éviter bien des souffrances. Pour ce faire, ils ont équipé le vêtement d’un détecteur de mouvement entraîné à l’intelligence artificielle. 

La jeune pousse montréalaise fondée en 2021 s’attaque à un problème bien réel : selon une étude de Statistique Canada, environ 350 000 personnes de 65 ans et plus se sont blessées en chutant en 2017-2018 — 70 % des chutes ont exigé une attention médicale et 39 % ont engendré une fracture. « Dès qu’une première chute survient, la peur s’installe, ajoute Maxime Bolduc, cofondateur et PDG de l’entreprise. La littérature scientifique est claire à ce sujet — on appelle cela FOF pour fear of falling. C’est associé à une réduction massive de la mobilité et de la volonté de sortir de chez soi. » 

Certes, les culottes de protection « rembourrées » ont démontré qu’elles pouvaient diminuer l’impact de ces chutes, mais elles sont inconfortables et peu élégantes, fait valoir Maxime Bolduc. Conséquence : les gens ne la portent pas. L’entrepreneur renvoie à une étude sur l’adoption des protecteurs de hanche menée au début des années 2000, où 32 % des patients ont refusé de porter le protecteur, 32 % l’ont abandonné en cours de route et seulement 36 % l’ont porté jusqu’à la fin de l’essai de dix mois. 

La première « révolution » d’Azimut Medical se trouve donc dans le confort et l’esthétique de la technologie de vêtement développée, avec l’aide, entre autres, des incubateurs Centech et Next AI. « Nous avons conçu un vêtement de style lycra, semblable à un cuissard de vélo, qui se porte en couche intermédiaire, sur les sous-vêtements et sous les vêtements quotidiens, et qui se gonfle lorsque le dispositif détecte un mouvement de chute. » 

Le vêtement gonflable d’Azimut Medical est équipé d’un détecteur de mouvement entraîné à l’intelligence artificielle. « La détection et le déclenchement du sac gonflable se font à l’intérieur d’un tiers de seconde, explique Maxime Bolduc. Le logiciel que nous avons développé a été entraîné pour comprendre les mouvements propres aux personnes aînées. » La vidéo de démonstration interne montre un voyant rouge s’allumer (signe que le vêtement gonfle) à mi-chemin de la chute. 

Dans un premier projet pilote en décembre dernier, le vêtement s’est révélé suffisamment confortable et discret pour convaincre 64 % des 12 participants d’une résidence pour personnes aînées de Joliette de porter la protection pour toute la durée de l’essai, qui était d’environ un mois. Un échantillon « modeste », convient l’entrepreneur, mais qui montre de belles promesses.

 

Réduire l’impact de 90% 

Au-delà du confort, l’autre révolution réside dans le niveau de protection offert par le sac gonflable développé par Azimut Medical. « La technologie des sacs gonflables est merveilleuse, car elle permet de jouer avec la forme ; nous pouvons ajouter de petits trous pour dissiper l’énergie lors de l’impact. » Une chute normale applique une force d’environ 4000 à 6000 Newtons (unité de mesure de la force) sur la hanche, alors qu’il en suffit de 2000 pour induire une fracture, explique Maxime Bolduc. « Or, les culottes traditionnelles de protection permettent de réduire l’impact de 30 % à 60 %, alors que notre solution, dans nos tests initiaux, réduit le transfert de force de 80 %. Et maintenant, nous sommes à 90 %. »

Azimut Medical n’a pas inventé la technologie des vêtements gonflables, précise Maxime Bolduc. « Si on regarde en Chine ou en Europe, certaines entreprises développent des vestes gonflables pour motocyclistes, par exemple. Ce qui est unique dans notre approche, c’est de développer une solution conçue spécifiquement pour l’adoption et la protection des personnes âgées », explique-t-il, ajoutant que son entreprise compte malgré tout breveter sa technologie.

La jeune pousse montréalaise lancera une prévente en ligne de son vêtement gonflable en juin, tout en poursuivant trois nouvelles études pilotes dans le réseau de la santé publique. « Si nos mille premiers clients nous disent qu’un élément du vêtement n’est pas à leur goût, nous pourrons amorcer une boucle d’itération pour améliorer le produit final. De plus, les données que nous recueillerons lors des projets-pilotes nous permettront aussi de mieux comprendre les mouvements et les comportements des aînés. » En plus du marché des résidences pour personnes âgées, Maxime Bolduc aimerait à terme vendre le produit directement en pharmacie au prix unitaire de 250 $, tout en offrant un abonnement mensuel de 15 $ à 20 $ qui inclut un service d’assistance connectée et une réduction pour la réinitialisation du vêtement en cas de chute.

Sur le même sujet

Cancers de la peau: la technologie et l'IA au service du dépistage

10/06/2024 | AFP

Dans un contexte de pénurie de dermatologues, les technologies pourraient se révéler des aides précieuses.

WC high-tech: le Japon veut trôner sur le marché mondial des petits coins

03/06/2024 | AFP

Les ventes des toilettes haute technologie — comme la marque TOTO — explosent à l'étranger, comme aux États-Unis.

À la une

Bourse: records en clôture pour Nasdaq et S&P 500, Nvidia première capitalisation mondiale

Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les titres de l’énergie contribuent à faire grimper le TSX.

Stellantis rappelle près de 1,2 million de véhicules aux États-Unis et au Canada

Environ 126 500 véhicules au Canada sont concernés par le rappel.

Le régulateur bancaire fédéral maintient la réserve de stabilité intérieure à 3,5%

L’endettement des ménages reste une préoccupation pour le Bureau du surintendant des institutions financières.