Mon pays, c'est l'hiver

Offert par Les Affaires


Édition du 27 Octobre 2021

Mon pays, c'est l'hiver

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Édition du 27 Octobre 2021

Par Claudine Hébert

Pour une deuxième année consécutive, la SEPAQ a vendu 141 000 abonnements annuels valides dans tous les parcs du réseau, soit 40 % de cartes annuelles de plus qu’avant la pandémie. (Photo: courtoisie)

INDUSTRIE DES SPORTS D'HIVER. Pénurie de paires de skis de fond chez les détaillants, achalandage record dans les parcs provinciaux et régionaux, plus de 6 millions de jours-ski dans les stations de ski de la province, refuges et chalets qui affichent déjà complet… il aura fallu une pandémie pour que les Québécois découvrent (ou redécouvrent) les plaisirs des sports et du tourisme d’hiver.

Depuis déjà cinq ans, l’Alliance québécoise de l’industrie touristique (AQIT) cherchait des solutions pour mousser le tourisme en hiver sur le territoire. La COVID-19 et l’attrait de la population du Québec pour ses destinations locales lui servent de tremplin inespéré pour sortir l’artillerie lourde.

Pour la première fois de l’histoire, cet organisme, qui réunit tous les acteurs et intervenants liés au tourisme québécois, consacrera 5,4 millions de dollars (M$) au cours des prochaines semaines pour faire la promotion du tourisme et des activités d’hiver auprès des Québécois : « Ici l’hiver n’est pas « cold », mais « cool »! » soutient le slogan de la campagne promotionnelle.

« C’est presque 20 % du budget promotionnel annuel qui sera non seulement consacré à une clientèle dite “locale”, incluant l’Ontario et le Nord-est américain, mais surtout, c’est le montant le plus élevé jamais accordé à la promotion de la saison hivernale », signale Martin Soucy, PDG de l’AQIT. En fait, précise-t-il, c’est près du double de l’investissement qui sert généralement à faire la promotion de l’hiver auprès des marchés hors Québec, notamment les pays européens. Frontières fermées, cette clientèle, qui représente près du quart des visiteurs (24 %) et près de 55 % des 10,9 milliards de dollars en revenus liés à cette période de l’année, a été absente l’hiver dernier.

 

Un phénomène qui était prévisible

« La pandémie a accéléré un phénomène que l’on n’attendait pas avant trois ans », renchérit, pour sa part, Pierre Langlois, vice-président de Kombi, un fabricant montréalais de gants, de tuques et d’autres accessoires d’hiver. De l’avis de cet équipementier qui évolue dans l’univers des accessoires sportifs d’hiver depuis 30 ans (dont 21 ans à Rossignol Canada), le regain pour les activités hivernales était prévisible en fonction de l’évolution démographique. « La plus forte vague des baby-boomers (nés en 1957, 1958 et 1959) s’apprête à prendre sa retraite, si ce n’est pas déjà commencé. Ce sont des consommateurs qui aiment garder la forme et qui ont le goût de bien s’équiper pour vivre pleinement la saison froide », observe ce gestionnaire qui vend près de trois millions de paires de gants partout dans le monde.

Étant donné les mesures sanitaires qui ont empêché la pratique de sports d’équipe, les activités individuelles telles que la marche, la raquette, le ski de fond, le patin et le « fatbike » ont eu la cote. « Les gens se sont tournés vers des loisirs d’hiver où ils avaient le sentiment de se sentir en sécurité, loin des foules », enchaîne Pierre Gaudreault, directeur général de l’Association des parcs régionaux du Québec.

Ce sentiment de sécurité s’est traduit par des achalandages records dans l’ensemble des parcs régionaux et provinciaux. Les parcs régionaux de Val-David, de Bois de Belle-Rivière ou encore de la Vallée Bras-du-Nord ont justement enregistré des augmentations de plus de 50 % de visiteurs, souligne Pierre Gaudreault. À la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ), ce sont plus de 3,1 millions de jours-visites qui ont été recensés dans l’ensemble des 23 parcs du réseau. « Une hausse de 111 % sur la fréquentation de l’hiver précédent » soulève le responsable des relations médias, Simon Boivin.

 

Des incitatifs payants!

Une clientèle qui devrait être, une fois de plus, au rendez-vous durant l’hiver 2021-2022, poursuit le relationniste de la SEPAQ. Pour une deuxième année consécutive, la SEPAQ a vendu 141 000 abonnements annuels valides dans tous les parcs du réseau, soit 40 % de cartes annuelles de plus qu’avant la pandémie. Grâce au programme Bonjour Québec, le réseau bénéficie d’une subvention de 5 M$ versée par le ministère du Tourisme, permettant de vendre des abonnements annuels à 50 % du prix régulier. En mai 2020, la vente des 141 000 abonnements à prix réduit (la limite que permet le 5 M$) s’est effectuée en trois jours. Cette année, tout était parti en moins de 12 heures, signale Simon Boivin.

Le programme Explore Québec sur la route a également été reconduit le 1er septembre dernier. À l’aide d’un budget de 10 M$, le ministère du Tourisme invite les agences de voyages à concocter des forfaits incluant une nuitée et deux activités de loisirs. Assortis d’une réduction de 35 % pour des vacances en région et de 50 % pour des séjours à Montréal et à Québec, ces forfaits sont offerts en exclusivité aux Québécois.

Grâce à cette initiative, certains lieux d’hébergement affichent déjà complet pour l’hiver 2022. C’est le cas notamment de l’Auberge des Chic-Chocs, en Gaspésie. Avant même que ne s’entame l’automne 2021, les 18 chambres de cette destination reconnue pour ses activités de ski hors-piste étaient déjà toutes réservées du 27 décembre au 4 avril.

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