Naviguer les écofrais avec Evnia


Édition du 09 Novembre 2022

Naviguer les écofrais avec Evnia


Édition du 09 Novembre 2022

Par Emmanuel Martinez

Marlène Hutchinson, fondatrice d'Evnia (Photo: courtoisie)

FOCUS RÉGIONAUX. La paperasse fait toujours rager les entreprises, même si c’est pour une bonne cause, comme déclarer les écofrais. La firme Evnia, de Mirabel, dans les Laurentides, promet de simplifier cette tâche avec, à la clé, des économies.

Sa fondatrice, Marlène Hutchinson, estime en effet que le tiers de ses nouveaux clients payent trop en écofrais pour les emballages qu’ils mettent sur le marché.

« On peut aller chercher de l’argent et demander des crédits pour deux années maximum, déclare-t-elle en entrevue téléphonique. Ce sont souvent des erreurs bêtes : une personne qui fait cela une fois par année et qui ne connaît pas la réglementation ou qui ne réévalue pas les données de son entreprise. »

La présidente soutient que une personne sur dix ne paye pas assez, ce qui peut déboucher sur une facture salée en cas d’audit des autorités. « Ce n’est pas gagnant de ne pas débourser le juste prix », prévient-elle.

 

Virage stratégique

Autrefois appelée Cycle Environnement, cette PME se concentrait beaucoup dans la gestion des matières résiduelles. En 2015, elle a cependant fait un virage stratégique pour se focaliser sur l’écofiscalité.

« Il y a eu beaucoup de changement dans la responsabilité élargie des producteurs, explique la propriétaire. Il y avait peu d’offres dans ce secteur et les entreprises avaient besoin d’aide pour déclarer aux autorités les détails de leurs emballages et déterminer les montants qu’ils devaient payer. »

Aujourd’hui, Evnia dessert des joueurs importants comme Sephora, Danone, Air Canada, The Source, Merck et bien d’autres.

« Notre clientèle, c’est la grande entreprise, mentionne Marlène Hutchinson. Nous avons des contrats stables de trois à cinq ans. Elles n’ont plus à se soucier de connaître tous les changements réglementaires dans chaque province, qui ont chacune un cadre différent. Il y a près de 100 programmes au Canada de responsabilité élargie des producteurs ; c’est beaucoup ! »

Evnia permet donc de simplifier la vie de ces gros joueurs qui doivent payer des frais selon les produits utilisés dans leur emballage ainsi qu’en fonction de leur taille et de leur poids.

« On a un logiciel interne pour faciliter la comptabilisation, dit-elle. Nos clients ont accès en temps réel pour voir ce qu’ils ont mis en marché. On fait de l’audit pour l’emballage et les aide à déterminer notre tonnage annuel. »

« On analyse tout, poursuit la patronne. Par exemple, pour un sirop contre la toux, on va examiner la bouteille, le type de plastique utilisé, la boîte dans laquelle elle se trouve, l’étiquette, le type d’encre, la posologie, les boîtes dans lesquelles les produits sont acheminés en magasin, etc. C’est très ardu. »

En plus de ce travail de moine, la PME conseille ses clients sur des moyens de réduire leurs emballages. « Avant, c’était beaucoup les économies monétaires qui motivaient les entreprises, mais maintenant, la pression des consommateurs se fait de plus en plus sentir. »

 

Croissance accélérée

Créée en 2005, cette PME spécialisée dans l’écofiscalité est en pleine progression. Elle a ouvert un bureau à Toronto en 2020.

« La proportion de notre chiffre d’affaires a beaucoup augmenté à l’extérieur du Québec, soit en Ontario et en Colombie-Britannique. Cela représente 40 %, alors qu’on était à moins de 20 % il y a deux ans », explique la présidente.

Ses revenus ont plus que doublé dans son dernier exercice financier annuel, qui s’est conclu en septembre.

« On est en hypercroissance, affirme-t-elle. La pandémie a ralenti le développement des affaires, mais cela a débloqué par la suite. Il y a beaucoup de changement réglementaire en Ontario et cela bousculé de nombreuses entreprises qui ont décidé d’externaliser cette tâche. Pour 2022-2023, on vise une croissance de 20 %. »

 

Nos voisins en retard

Evnia a aussi les yeux tournés vers les États-Unis, où le concept d’écofrais a pris beaucoup plus de temps à s’imposer.

« Le Canada est très en avance sur les États-Unis, explique la patronne. On lorgne 2023-2024 pour les États-Unis. Au Colorado, dans le Maine, en Oregon et en Californie, il y a des règlements qui viennent d’être mis en place pour l’élargissement de la responsabilité des producteurs pour l’emballage. »

La firme d’une dizaine d’employés vise aussi la France à moyen terme. « On veut exporter nos services. Et on désire développer un logiciel de déclaration rapide », précise Marlène Hutchinson.

Puisqu’il n’y a aucune harmonisation réglementaire en vue dans les différents États ou provinces concernant les écofrais, Evnia ne risque pas de manquer de boulot dans les prochaines années afin d’aider ses clients.

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