Des «happy hour» dans les parcs industriels


Édition du 22 Mai 2024

Des «happy hour» dans les parcs industriels


Édition du 22 Mai 2024

Les employés du quartier industriel de ­Joliette visitent souvent la microbrasserie l’Alchimiste après le travail. (Photo: courtoisie)

ÉVÉNEMENTIEL D'AFFAIRES. Des microbrasseries québécoises s’installent dans des espaces pensés pour accueillir des entreprises industrielles. Cette localisation les rapproche de possibles événements professionnels.

L’immense murale peinte à même la microbrasserie Alchimiste jure quelque peu avec le décor gris et terne du parc industriel de Joliette. L’œuvre signée par l’artiste visuel multidisciplinaire Marc-Olivier Lamothe a été inaugurée l’été dernier, en même temps que la nouvelle — et fort courue — terrasse de 150 places.

« Au début, c’est sûr, nous avons créé la surprise ! Nos voisins se sont ensuite approprié le concept ; à la fin de la journée, il y a toujours des employés du quartier qui s’arrêtent chez nous pour boire une bière », raconte Pol Brisset, PDG et propriétaire de l’entreprise qui souffle ses 23 bougies cette année.

Ces aménagements s’inscrivent dans la volonté d’Alchimiste de diversifier ses opérations. Depuis la venue de Pol Brisset à la tête de l’entreprise en 2019, celle-ci fait peau neuve — nouvelle image de marque, nouvelles recettes, nouvelles séries de bières. Et, surtout, nouveau salon de dégustation à même les lieux de production.

« Une des premières choses que j’ai faites lors du rachat a été de téléphoner à la Ville de Joliette pour me renseigner sur la faisabilité du projet », se souvient-il. Malgré une certaine résistance — « le conseil municipal était déchiré » —, l’espace avec coup d’œil sur les cuves de fermentation a fini par obtenir le feu vert.

Si cette décision d’affaires a d’abord pour but de s’adapter à la réalité évolutive du marché brassicole, elle a aussi comme effet collatéral de transformer les parcs industriels. Avec ses 12,5 millions de pieds carrés de superficie, le parc industriel de Joliette accueille surtout des activités industrielles légères.

« Nous participons à la transformation des quartiers industriels en milieux de vie où se concentrent des services de proximité, comme des services de garde. L’image du parc d’autrefois, associé à des industries lourdes et polluantes, se transforme petit à petit », pense celui qui est en outre président de la Chambre de Commerce du Grand Joliette.

 

Attirer les amateurs de houblon

D’autres microbrasseries québécoises ambitionnent d’attirer les amateurs de houblon dans les parcs industriels. C’est notamment le cas de Lagabière, à Saint-Jean-sur-Richelieu, qui s’est fait construire une nouvelle usine de production dans le parc industriel d’Iberville. La nouvelle adresse comprend un salon de dégustation, ou taproom.

Cette expansion permet à l’entreprise brassicole de prendre le virage de l’agrotourisme avec des événements d’entreprise et des visites de brasserie. « Géographiquement, nous sommes en quelque sorte dos au parc industriel, avec vue sur des champs en culture », explique Sébastien Laganière, copropriétaire de Lagabière.

Cette localisation est le fruit d’un « compromis » négocié avec la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui « craignait une hausse du trafic dans le secteur », indique l’homme d’affaires. Situé à proximité de l’autoroute 35, le parc industriel d’Iberville est orienté vers les entreprises manufacturières des secteurs industriels légers et lourds.

Lagabière table sur ses nouvelles capacités de production — plus de 70 000 hectolitres par année — pour tirer son épingle du jeu dans un marché en perte de vitesse. En 2023, elle a par exemple acquis la production de la microbrasserie Le trèfle noir, de Rouyn-Noranda. Ses bières seront dorénavant brassées et vendues par Lagabière.

Du côté de Joliette, la microbrasserie Alchimiste prévoit quant à elle intégrer le réseau des économusées, qui compte près d’une cinquantaine de membres au Québec. Sur place, les visiteurs pourront en apprendre davantage sur la réalité du brasseur ainsi que sur son lieu de travail.

« La marque des économusées est mondiale et met en lumière des artisans d’une foule d’industries. Il s’agit de la prochaine étape dans notre objectif de devenir une destination agrotouristique de premier ordre », conclut Pol Brisset.

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