Les réseaux de femmes d'affaires poussent comme un champignon, et les principales intéressées ne peuvent qu'en tirer des bénéfices... même s'il est parfois difficile de les en convaincre.
L'automne dernier, on apprenait dans nos pages l'existence d'un nouveau réseau de femmes d'affaires dans la région montréalaise, les Femmes du W. Né de l'initiative, notamment, de l'avocate et pdg de l'entreprise Delegatus, Pascale Pageau, ce cercle restreint compte une quinzaine de membres : des avocates ou des comptables associées à de grands cabinets, des coaches professionnelles ou des entrepreneures.
«À la base, un groupe avait été mis sur pied pour organiser une conférence sur le leadership au féminin, explique Pascale Pageau. Au bout d'un certain temps, nous avons voulu continuer de fréquenter un groupe qui avait les mêmes intérêts, même si, au départ, la majorité de nos membres ne se connaissaient pas.»
Les Femmes du W se sont trouvé des points communs dans leurs défis professionnels : prendre leur place, devenir associée ou obtenir plus de parts au sein de leur entreprise. Le fait de se réunir, estime Mme Pageau, leur permet d'aller plus loin, de nouer des relations et de s'entraider.
Cette entraide est aussi au coeur des activités du Réseau des femmes d'affaires du Québec (RFAQ), selon sa pdg Ruth Vachon. Le réseau, qui compte près de 2 000 membres réparties un peu partout au Québec, permet bien évidemment aux femmes de réseauter et de s'offrir une visibilité, mais son mandat dépasse cela. «Le RFAQ offre un réel soutien à ses membres, croit Ruth Vachon. On ne travaille pas sur ce que les gens font, mais sur ce qu'ils veulent, sur leurs besoins. Pour le RFAQ, le réseautage va bien au-delà de l'échange de cartes d'affaires : nous offrons une plateforme de lancement aux nouvelles femmes d'affaires.» Une nouvelle membre lui confiait récemment s'être fait plus de contacts en deux mois au sein du RFAQ que dans ses six dernières années d'activités professionnelles.
Apprendre l'importance du réseau
Les réseaux de femmes d'affaires fonctionnent bien ; on en trouve plus d'une vingtaine au pays, seulement en français. On connaît depuis longtemps les boys' clubs, mais les réseaux exclusivement féminins ont-ils des particularités ? Non, si l'on en croit Andrée Brunet, directrice générale de Femmessor, un organisme qui, outre son volet financement, accompagne les femmes quant au développement de leur entreprise, au réseautage et à la formation. «Je ne pense pas que les réseaux de femmes ou d'hommes soient différents, estime-t-elle. La seule différence est qu'il est encore nouveau pour les femmes de se regrouper professionnellement.» Les femmes auraient seulement moins l'habitude que leurs confrères d'accorder de l'importance à ce volet de leur développement professionnel.
C'est aussi l'avis de Ruth Vachon, du RFAQ. «Les femmes ne placent pas le réseautage au même niveau de priorité que les hommes. Si vous leur donnez cinq heures de libres, elles ne vont pas l'investir dans un réseau. Pour plusieurs, c'est encore perçu comme une perte de temps, ce n'est pas un réflexe», dit-elle. Son réseau travaille donc à leur faire comprendre l'importance de ces démarches, même «s'il faut presque aller à leur rencontre pour les faire réseauter.»
Mais comme pour les hommes, les femmes ne doivent pas se contenter d'un seul réseau, estime Ruth Vachon. Un avis que partage Pascale Pageau. «Il ne faut pas que le réseau devienne le seul réseautage de la vie professionnelle, résume l'avocate. Et si un réseau ne nous apporte rien, cela ne nous donne rien d'y rester : notre temps est trop précieux.»
Une autre question se pose : la non-mixité est-elle nécessaire ? «Si ce n'était pas nécessaire, il n'y aurait pas autant de réseaux au féminin !» lance la pdg du RFAQ. Pour elle, l'égalité n'étant pas encore acquise, notamment dans la représentation des femmes aux CA, les réseaux de femmes prouvent encore leur pertinence. Ces derniers ne servent pas non plus à «favoriser» les femmes, nuance- t-elle, mais à encourager leur autonomie professionnelle et à mieux les outiller. «Si on veut que les femmes contribuent à l'économie de demain, il faut trouver des solutions», conclut Ruth Vachon, et cela, semble-t-il, passe par la force du réseautage au féminin.
Entreprendre au féminin
Dans cette grande série, qui paraît toutes les deux semaines, nous vous présentons le parcours d'entrepreneures de tous horizons, nous examinons des enjeux liés à l'entrepreneuriat féminin, et nous donnons la parole à de grandes personnalités féminines du milieu des affaires québécois.
Présenté par Desjardins
Avec la collaboration de Femmessor, la Caisse de dépôt et placement du Québec et PwC.