Le PDG de VIA HFR – VIA TGF, Martin Imbleau (Photo: Bénédicte Brocard)
Un texte du PDG de VIA HFR – VIA TGF, Martin Imbleau. Il préside aussi le CA de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l’UQAM. Il a cofondé la Chaire de gestion du secteur de l’énergie à HEC Montréal, l’école de commerce rattachée à l’Université de Montréal.
COURRIER DES LECTEURS. Les projets de transports collectifs se multiplient, mais les liaisons interurbaines dans le principal corridor économique du Canada relèvent d’une autre ère.
Les trains de passagers roulant au diesel entre Québec, Montréal, Ottawa et Toronto doivent céder le passage aux trains de marchandises, toujours plus longs, parce que les voies leur appartiennent.
Ces marchandises sont essentielles pour nos économies. Mais les passagers eux, se retrouvent avec des traits d’union entre les services de transport régionaux qui sont peu fréquents, victimes d’enjeux de fiabilité et donc trop lents.
Il en résulte que trop d’entre nous, moi y compris, dépendent de voitures, même électriques, et de vols à courte distance dans ce corridor pour le travail, le tourisme ou pour rendre visite à nos familles.
Nous devons revoir notre rapport à la mobilité, parce que le monde est en train de changer. Nos pratiques ne seront plus acceptables demain.
Face à ces défis émergents, nous souhaitons proposer une nouvelle vision de la mobilité intercité et une solution pour mettre nos transports en commun.
Plus qu’un train, notre mission est de développer un service ferroviaire de niveau supérieur sur 1000 km, respectueux de l'environnement, ponctuel et abordable. Des trains électriques plus rapides, fiables et fréquents, reliant trois capitales et deux métropoles, encourageront 15 millions de personnes entre Québec et Toronto à délaisser leurs voitures, réduisant instantanément les émissions de gaz à effet de serre.
C'est un modèle éprouvé ailleurs. Le Canada peut corriger le tir et passer à l’action pour les générations à venir. C’est pour cette raison que j’ai accepté le poste de PDG de la nouvelle société mandatée de développer l’un des plus importants projets d’infrastructures du pays.
Fiabilité, fréquence et vitesse
Ce service ferroviaire, c’est aussi plus que l’opposition entre vitesse et fréquence. Si le service doit être rapide pour se déplacer le matin, il doit aussi être fréquent et fiable pour revenir le soir. Un service flexible qui implique trois facteurs: fiabilité, fréquence et vitesse.
D’abord fiable par des voies qui nous seront dédiées. Ensuite, fréquent en doublant les départs à des heures variées. Et bien sûr, rapide en allant plus vite. Oui, la vitesse du train importe, tout comme la nécessité de réduire les temps de trajet en minimisant les arrêts et les ralentissements aux entrées et sorties des centres urbains.
C’est un projet ambitieux. On ne fera pas cela seuls et nous le ferons dans la bonne séquence, en bons gestionnaires. Nous allons nous associer à des partenaires du privé pour bénéficier des meilleures pratiques et innovations et pour développer des alternatives adaptées aux besoins des communautés.
Avant de lancer des chiffres et des dates, on va faire nos devoirs en consultant les usagers, les communautés locales et les Premières Nations qui vivent le long du corridor.
Avec l'augmentation de la population et la complémentarité des économies des deux provinces, quelles sont les solutions de rechange? Des trains de passagers au diesel qui traînent derrière des trains de marchandises? Des millions de voitures supplémentaires et plus de vols à courte distance? Construire plus de voies sur la 40, la 20, la 401, la 417 entraînant plus de congestion autour et dans les aéroports? Moins de productivité pour plus de GES, vraiment?
Les comportements en transport changent. Plus qu’un train, nous proposons une solution flexible, agréable, et abordable, permettant de travailler en se déplaçant, et réduisant les temps de trajet est la clé pour que ce changement s’opère de manière permanente.
L’idée n’est pas nouvelle, je sais. Mais les faits sont têtus et le temps donne raison aux bonnes idées, me disait un sage.