D'accord, mais comment s'explique le fait qu'aux yeux des experts une oeuvre prendra de la valeur par rapport à d'autres ?
«La croyance la plus fausse est que, parce que vous possédez deux yeux, vous pouvez juger. Même pour les spécialistes, c'est difficile», dit Paul Maréchal, chargé de cours au Département d'histoire de l'art à l'UQAM et responsable de l'une des plus importantes collections d'entreprise du Canada.
Contrairement à la croyance populaire, ce n'est pas non plus une affaire de bon goût. «Un de mes anciens professeurs disait : que vous aimiez ou non, ce n'est pas ce qu'on veut savoir. Ce qu'on veut savoir, c'est si l'oeuvre est intéressante, et si oui, pourquoi ?» renchérit M. Maréchal.
L'oeuvre pourra ainsi être intéressante en raison de l'originalité de la pensée de l'artiste et de son caractère marquant. L'artiste américain Andy Warhol est allé dans toutes sortes de directions au cours de sa vie. D'illustrations de boîtes de soupe Campbell à celle d'une chaise électrique, en passant par les portraits de stars comme Marilyn Monroe, Elizabeth Taylor et Jackie Kennedy. «On voit dans son oeuvre le miroir de son époque. Certains travaux peuvent paraître morbides, mais il a su bien transmettre l'esprit de l'époque. Il est la fenêtre de celle-ci», explique Paul Marchand.
Ce sont ces oeuvres avant-gardistes qui ont des chances de prendre le plus de valeur. «Dans certaines galeries, il y a des gens qui réfléchissent à un art avant-gardiste, qui veulent aller au-delà de ce qui a déjà été fait. Ça peut être intéressant. Il s'agit d'oeuvres où on est loin des calendriers pittoresques», poursuit le conservateur. Cela ne veut pas dire que les oeuvres de paysage ne gagneront pas en valeur sur le marché. Des artistes ont fait de belles carrières et se sont démarqués grâce à de telles oeuvres, mais ce ne sont pas celles que les musées rechercheront.
Et les prix ?
Va pour la démarche et les critères d'investissement, mais quel prix faut-il mettre pour qu'une oeuvre soit susceptible d'accroître sa valeur ?
Il y en a de tous les prix, disent les experts consultés, et il n'y a jamais de garantie que l'oeuvre gagnera de la valeur (elle peut aussi en perdre). Mais, généralement, pour qui pense à une première acquisition, la valeur peut osciller entre 500 $ et 3 000 $. «Avec un budget de 2 000 $ à 3 000 $, vous aurez un grand choix d'oeuvres», souligne Julie Lacroix.
Auxquelles on pourra appliquer la démarche d'investissement décrite plus haut.
Le mot de la fin appartient à l'encanteur bien connu Iégor de Saint-Hippolyte, qui rejoint la réflexion initiale d'Alexandre Taillefer. «Il faut toujours se rappeler d'abord qu'on investit dans son plaisir. Il ne faut pas acheter d'oeuvres qui ne nous émeuvent pas.»
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