(Photo: 123RF)
La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.
(Illustration: Camille Charbonneau)
Le 24 octobre, le manufacturier de solutions électroniques Celestica (CLS, 15,25 $) a présenté des résultats trimestriels qui ont fait bondir le cours de son action de plus de 20 % dès l’ouverture de la Bourse le lendemain matin.
Un tel écart entre la cote d’ouverture et celle de la fermeture de la veille annonce souvent que le titre s’installe dans un mouvement haussier, surtout lorsque d’autres indicateurs techniques viennent appuyer le mouvement. Ce pourrait bien être le cas du titre de Celestica, explique Monica Rizk, analyste senior pour les publications Phases & Cycles.
De l’été 2019 jusqu’à l’automne 2021, les variations du cours de l’action avaient été contenues entre 8 $et 12 $ à l’exception d’une courte période entre février et mars 2020 lorsque la COVID 19 est apparue. Le niveau de 12 $ était alors considéré comme le niveau de résistance que le titre devait d’abord franchir.
Cela s’est produit lorsqu’il s’est enfin dégagé de ce corridor de fluctuations pour atteindre 16 $ au début de l’année 2022. Par la suite, il n’a pas pu résister à la correction des marchés boursiers qui a frappé principalement l’ensemble du secteur technologique. Le titre s’est alors retrouvé à nouveau à 12 $.
Dès lors, les paramètres se dessinaient. La résistance à 12$ devenait un niveau de soutien, et 16 $, un nouveau sommet à franchir. «Le bond de plus de 20 % à l’ouverture des marchés le 25 octobre constitue un écart très positif pour la suite des événements, car cela a permis au cours de l’action de passer au-dessus de ses moyennes mobiles de 50 (ligne noire) et de 200 jours (ligne grise)», dit Monica Rizk.
Ne manque plus que ces deux moyennes se croisent, soit que celle de 50 jours passe au-dessus de celle de 200 pour confirmer que le titre est bien installé dans une tendance à la hausse, selon elle.
Des résultats encourageants
À son troisième trimestre, l’entreprise a généré des revenus de 1,92 milliard de dollars (G $) alors que le consensus des analystes prévoyait 1,73 G $. Il s’agit d’une hausse de 31 % sur le trimestre correspondant de l’année précédente, note Thanos Moschopoulos, analyste à BMO Marchés des capitaux. Les prévisions des dirigeants de l’entreprise étaient également inférieures à ce résultat.
Même chose pour les bénéfices par action ajustés. Ils ont atteint 0,52 $ alors que les analystes tablaient sur 0,45 $et que les dirigeants s’attendaient à ce qu’ils se situent entre 0,41 $et 0,47 $. Ces bons résultats seraient en partie attribuables à une plus grande disponibilité des composants, indique l’analyste de la BMO.
Des dirigeants confiants
La confiance des dirigeants se reflète maintenant dans leurs prévisions, note Robert Young, analyste à Canaccord Genuity. Ceux-ci ont surpris les analystes en annonçant qu’ils prévoyaient des revenus pour l’année 2023 d’au moins 7,5 G $, alors que le consensus des analystes tablait plutôt sur 7,18 G $.
S’appuyant sur l’optimisme des dirigeants, l’analyste de Canaccord avance une prévision de bénéfices par action de 1,97 $pour l’année 2023. Il prévient qu’il s’agit d’une prévision plutôt conservatrice, car il préfère se donner un peu de temps afin de faire une meilleure évaluation de l’incidence que pourra avoir une possible récession à venir sur les résultats de l’entreprise.
Un multiple d’évaluation attrayant
Par ailleurs, Robert Young note que la valeur boursière de l’entreprise souffre d’un escompte important comparativement à celle de ses concurrents, ce qui ajoute à son attrait. Celestica se négocie actuellement à un multiple de 3,7 fois le ratio valeur d’entreprise/bénéfices avant intérêts, impôts et amortissement (VE/BAIIA), alors que ses principaux concurrents se négocient à un ratio moyen de 7,5 fois.
Risque de ralentissement économique
Le contexte macroéconomique risque fort de ne pas être très favorable sur bien des aspects au cours de la prochaine année, indique par ailleurs Daniel Chan, analyste à Valeurs mobilières TD. Toutefois, il se réjouit du fait que les dirigeants de Celestica croient que les entreprises de moyenne capitalisation demeureront résilientes, même dans un contexte de ralentissement économique. De plus, la société s’appuie sur un bon carnet de commandes qui permettra de mitiger quelque peu les problèmes qui se présenteront.
L’analyste de la TD constate que Celestica exécute très bien son plan d’affaires malgré les problèmes que cause sa chaîne d’approvisionnement. Cela l’amène à croire que le titre devrait bien se comporter à court terme, mais il demeure prudent à plus long terme devant les risques de détérioration économique en 2023.