Le pire moment pour commencer à investir

Publié le 21/12/2017 à 12:01

Le pire moment pour commencer à investir

Publié le 21/12/2017 à 12:01

Le titre de ma chronique est peut-être trop pessimiste pour un investisseur à long terme optimiste comme moi, mais il a pour but d’attirer l’attention de ceux qui ont fait leurs débuts dans le monde du placement récemment, particulièrement des jeunes investisseurs: ne vous faites pas d’illusions, la Bourse ne grimpera pas à chaque année comme en 2017. Et surtout, avec aussi peu de volatilité.

Je me suis fait le devoir de transmettre cette mise en garde en lisant le commentaire du livre que je vais parcourir durant le congé des Fêtes: Principles, de Ray Dalio. L’entrepreneur et investisseur a fondé la firme de placement Bridgewater Associates dans son appartement de deux pièces en 1975. Il est aujourd’hui à la tête d’un des plus importants fonds de couverture du monde.

Dès le début de son livre de 567 pages, M. Dalio évoque un des principaux biais comportementaux des investisseurs:


« La plupart des gens s’attendent à ce que le futur soit une version légèrement modifiée du présent. »

Mais comme il le souligne avec sagesse, c’est habituellement très différent. À ses débuts dans le monde de la finance, en 1967, il ne le savait pas. Il l'a cependant vite appris.

On apprend souvent à la dure. On fait un peu d’argent au début, puis on en perd beaucoup ensuite. Se faire déposséder de ses premiers milliers de dollars investis est douloureux, mais c’est un mal nécessaire pour éviter de reproduire de graves erreurs.

C’est d’ailleurs ce qui m’est arrivé à mes débuts en Bourse à la fin des années 1990.

Nous sommes en pleine bulle techno. On achète un titre d’une obscure entreprise de biométrie au plan d’affaires bancal, mais peu importe, il double en moins de trois semaines. On déniche une minière qui décide de se transformer en entreprise Web, puis on surfe sur la vague des point-coms. Les titres grimpent. On fait de l’argent sans effort. On se croit brillant.

Jusqu’à ce que cette folie collective frappe un mur. La bulle technologique éclate. Les entreprises lourdement déficitaires et sans réel plan d’affaires sont les premières à tomber. Et tout à coup, les bineries qui nous ont fait croire que l’on était un héros du placement nous ramènent au stade du zéro de la Bourse.

Comme l’a écrit plus tôt cette semaine mon collègue Daniel Germain, il y a un nauséabond parfum de l’an 2000 qui flotte dans les airs en ce moment. Pas de la même nature toutefois. Les actions sont peut-être plus chères qu'elles ne l'ont été sur une base historique, mais c’est surtout dans le nébuleux secteur des cryptomonnaies que les épées de Damoclès se trouvent. Le risque, c’est que les excès qui entourent le bitcoin ou la technologie derrière les monnaies virtuelles, la chaîne de blocs(blockhain), aient un effet domino sur les marchés financiers.

Tout comme à l’aube de l’an 2000, il y a multiplication d’entreprises zombies qui changent d’orientation en prenant bien soin de greffer les termes cryptocurrency ou blockchain à leur nom. Et leurs titres explosent, pour cette simple raison.

Quand «la grande opération» paye

Dernière en lice? Le petit fabricant de thé glacé Long Island Iced Tea(LTEA, 6,66$US) a grimpé de 300% tout juste après avoir informé les investisseurs qu’il s’appellerait désormais Long Blockchain Corp. L’entreprise new-yorkaise troque le thé pour la technologie derrière le bitcoin. Peu importe si elle se trouve au stade préliminaire de «sa grande opération», les spéculateurs lui ont déroulé le tapis rouge.

Il n’y a pas de moments idéaux pour faire ses débuts en Bourse. La période actuelle m’inquiète toutefois particulièrement. L’indice S&P 500 est en voie d’enregistrer un 12e mois positif de suite, une première depuis les années 1970, rapportait le Wall Street Journal mercredi. Le ciel a été bleu pratiquement toute l’année.

Si vous faites vos premiers pas en Bourse, gardez en tête que ce ne sera pas toujours aussi beau. La Bourse américaine va amorcer en mars prochain sa dixième année haussière. Il ne faudrait pas se surprendre de connaître une correction éventuellement.

Le temps est venu de prendre une pause. Chers lecteurs, je vous souhaite une réjouissante période des Fêtes. Santé et prospérité pour la nouvelle année. Yannick.

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À propos de ce blogue

Après près de 16 années passées au journal Les Affaires, dernièrement en tant que chef de publication pour lesaffaires.com, Yannick Clérouin a rejoint en mars 2018 la société de gestion de portefeuilles Medici.

Yannick Clérouin