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L'envers de la médaille de la solide performance du marché du travail canadien en décembre: les probabilités que la Banque du Canada relève son taux directeur en janvier viennent de bondir.
C’est du moins l’avis de plusieurs économistes, après la publication du rapport mensuel de Statistique Canada sur le marché du travail.
Tandis que les économistes prévoyaient la création d’à peine 1000 postes au cours du dernier mois de 2017, c’est plutôt 79000 emplois qui ont été ajoutés au pays.
Nul besoin d’affirmer que les économistes sont étonnés par la grande forme de la machine à emplois canadienne.
Comme l’écrit Arlene Kish, économiste pour le cabinet IHS Markit Economics, rien ne semble pouvoir faire dérailler le marché du travail canadien.
Pas même le resserrement des conditions de crédit.
Rappelons que la Banque du Canada a relevé son taux directeur à deux reprises depuis juillet, le faisant passer de 0,50% à 1%.
Or, comme le marché du travail n’a pas souffert de ces tours de vis, la banque centrale a la latitude nécessaire pour hausser de nouveau son taux directeur à la prochaine réunion de son comité de politique monétaire, le 17 janvier prochain.
Benoit P. Durocher, de Desjardins, David Madani, de Capital Economics, Josh Ny, de RBC et Nick Exarhos, de CIBC, ont indiqué après la publication du rapport sur l’emploi que les probabilités d’une augmentation des taux dès ce mois-ci ont nettement augmenté. Mme Kish se montre plus prudente, anticipant une intervention de la Banque du Canada seulement en avril.
Attention, équilibre fragile
Les investisseurs semblent se positionner pour un relèvement rapide des taux, comme l’illustre la nouvelle ascension du dollar canadien vendredi. Le huard s’élève de 0,7%, se négociant à son plus haut en trois mois vis-à-vis sa contrepartie américaine, à 80,63 cents US.
Selon Reuters, la probabilité que le taux directeur soit relevé le 17 janvier est passée de 35% avant la publication des données sur l’emploi, à 60% après.
On ne peut faire autrement que célébrer la vigueur du marché du travail du pays, mais il faut garder à l’esprit qu’il y a un autre côté à la médaille: le resserrement des conditions de crédit.
Le grand défi du gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, reste de diminuer la détente monétaire avec doigté, car l’endettement record des ménages canadiens demeure un risque majeur pour l’économie du pays.