Les conseils d’administration sont dans une posture unique pour influencer la façon dont les entreprises contribuent à transformer les modes de production et de consommation d’énergie. (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. La 26e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques s’est ouverte sur fond de prévisions toujours plus alarmantes sur le climat. Selon le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, il faut multiplier par sept les efforts actuels pour maintenir la trajectoire vers un réchauffement limité à 1,5ºC.
Dans ce contexte, trente-six investisseurs canadiens représentant 5 500 milliards d’actifs sous gestion ont signé une déclaration invitant les entreprises à intensifier leurs efforts afin d’accélérer la transition vers une économie à faible émission carbone. Ils souhaitent que les entreprises dans lesquelles ils investissent présentent des plans crédibles pour atteindre des émissions de carbone nettes nulles d’ici 2050. Ils espèrent ainsi agir comme levier pour accélérer la transition.
Cette ambition collective se veut plus que de simples mots ! Les changements climatiques constituent un risque systémique pour l’économie canadienne. En relevant son jeu, la communauté des investisseurs entend relever le jeu de la communauté des affaires.
Les conseils d’administration sont dans une posture unique pour influencer la façon dont les entreprises contribuent à transformer les modes de production et de consommation d’énergie. Si votre conseil d’administration n’a pas encore amorcé les discussions sur les changements climatiques, il ne faut pas tarder. Voici quelques suggestions pour intégrer ceux-ci à l’ordre du jour de votre conseil d’administration. Elles sont basées sur le livre blanc Principles for Effective Climate Governance (Principes pour une gouvernance du climat efficace) du Forum Économique Mondial:
1. Développer la littératie du CA
Il est nécessaire pour les conseils d’administration d’augmenter leur niveau de littératie en matière de changements climatiques et de transition énergétique. Pour ce faire, formations et conférenciers sont les options privilégiées. Nombre de conseils d’administration revoient également leur matrice de compétences afin d’y intégrer des profils liés à cet enjeu. Le conseil d’administration doit également s’assurer que la direction possède une compréhension fine de cet enjeu et de ses conséquences sur l’entreprise.
2. Actualiser les mandats du conseil et des comités
Les administrateurs doivent également décider de l’instance qui aura la responsabilité de comprendre, superviser et communiquer à l’égard des changements climatiques. Certains confient la responsabilité au conseil d’administration dans son entier ; d’autres greffent cette responsabilité au mandat d’un ou de plusieurs comités existants ou créent un comité spécifiquement dédié à cette question.
3. Évaluer la situation de votre entreprise
L’empreinte carbone de l’industrie dans laquelle évolue l’entreprise peut être plus ou moins grande. Bien que la transition énergétique nous concerne tous, le niveau d’efforts requis pour atteindre l’objectif de net zéro varie d’une entreprise à l’autre et d’un secteur à l’autre. Il faut comprendre l’empreinte carbone de votre entreprise et de l’industrie dans laquelle elle évolue.
4. Identifier les opportunités, les risques et les vulnérabilités, et les intégrer aux décisions stratégiques
Une fois cette compréhension acquise, l’équipe de direction doit évaluer la matérialité des risques climatiques les plus significatifs et les opportunités existantes pour l’entreprise. Il faut penser sur plusieurs horizons temporels et réfléchir à court, moyen et long termes. Les administrateurs doivent ensuite s’assurer que la réduction de l’empreinte carbone est intégrée dans les décisions stratégiques. La réponse de l’entreprise à cet égard doit être proportionnelle à la matérialité du risque identifié. Le CA veille également à ce que des objectifs et un échéancier soient identifiés et intégrés au tableau de bord des suivis.
5. Aligner la culture organisationnelle
La culture organisationnelle devra être teintée de cette transition énergétique. L’ensemble de l’organisation doit connaître les objectifs poursuivis par l’entreprise. Les bonnes pratiques recommandent d’ailleurs d’intégrer ceux-ci dans les objectifs collectifs et individuels annuels et d’arrimer la rémunération et la bonification à la réalisation de ceux-ci. Cette façon de faire assure que les intérêts de l’équipe de direction sont alignés avec les objectifs de l’entreprise à long terme.
6. Communiquer
Finalement, le CA doit s’assurer que l’entreprise communique en toute transparence à ses parties prenantes les risques matériels en lien avec les changements climatiques, de même que les opportunités, les vulnérabilités et les actions prises en lien avec ceux-ci. Si certaines entreprises sont sujettes à des obligations de divulgation à cet effet, d’autres entreprises choisissent de le faire sur une base volontaire. À noter que les parties prenantes ont des attentes croissantes en matière de divulgation. La proactivité est donc de mise.
La COP26 nous rappelle que nous sommes à un moment décisif. Sans action immédiate, il sera beaucoup plus complexe et coûteux de s’adapter aux conséquences des changements climatiques. Il faut agir maintenant afin de préserver l’environnement, la santé et la sécurité des populations. Faites de votre conseil d’administration un agent de changement dans la transition vers une économie à faible émission de carbone.