Les salutations de Jacques Ménard... ainsi que les miennes


Édition du 30 Juin 2018

Les salutations de Jacques Ménard... ainsi que les miennes


Édition du 30 Juin 2018

L. Jacques Ménard [Photo: Martin Flamand]

C'est vraiment la fin d'une époque chez BMO Groupe financier, Québec... et le début d'une nouvelle.

Le 1er mars, Claude Gagnon a pris la succession de Jacques Ménard qui en assumait la présidence depuis l'an 2000. Ensemble, ils cumulent près de 90 ans d'expérience dans le monde financier québécois. Un duo unique en son genre.

M. Ménard avait cofondé la firme de courtage Burns Fry en 1972, laquelle a été acquise par la BMO en 1994, et il a alors joint l'institution. Il lui a depuis littéralement imprimé sa marque au Québec, se faisant valoir non seulement dans le monde bancaire, mais sur l'ensemble de la scène publique où il était devenu incontournable à force de mandats.

Son successeur n'est pas non plus une verte recrue. M. Gagnon a commencé sa carrière comme stagiaire chez BMO en 1975, à Rivière-du-Loup, avant d'être rappelé à Montréal, gravissant tous les échelons jusqu'à occuper le poste de directeur des opérations avant d'être promu président pour le Québec.

Comme M. Ménard, il a la BMO tatouée sur le coeur. Mais il sait fort bien qu'on ne remplace pas facilement une personnalité de cette envergure, même si les deux ont travaillé étroitement ensemble depuis 18 ans.

«Il est carrément mon alter ego», dit de lui M. Ménard. Ce n'était pas si connu, mais il a été étroitement lié aux grandes causes qu'a épousées son patron au fil du temps : la littératie financière, par exemple, puis la persévérance et la réussite scolaire, ou la campagne Je vois Montréal, qui avait été précédée de cette vaste étude menée par le Boston Consulting Group (à l'instigation de Jacques Ménard), appelée Créer un nouvel élan à Montréal.

«Il m'est apparu évident que Claude était tout désigné pour prendre la relève, et c'était là ma recommandation au conseil d'administration. La transition sera fluide», affirme-t-il.

Ambassadeur et mentor

Il vient de quitter à 72 ans, après avoir voulu demeurer en poste pour le 200e anniversaire de la BMO et le 375e de la Ville de Montréal.

Va-t-il s'ennuyer de l'odeur de la poudre, lui qui n'a pas ménagé les prises de position et les dossiers chauds, comme, à l'époque, les tentatives pour maintenir les Expos à Montréal ?

«Ils m'en ont fait passer, des nuits blanches», reconnait-il, en ajoutant : «Je ne m'ennuierai pas, je vais m'occuper de ma santé, de ma famille, de mon épouse et complice Marie-Josée, qui m'a secondé tout au long de notre mariage qui dure depuis 43 ans. Et je serai grand-père à temps plein !»

À temps plein ? Pas tout à fait. Il conserve le poste de président émérite, à la fois ambassadeur et mentor, jusqu'en janvier 2021, et il a également accepté de présider le conseil de Montréal International pour encore deux ans, sans compter les autres mandats qui lui seront probablement suggérés.

Mais la direction du groupe pour le Québec revient maintenant à M. Gagnon, qui poursuivra dans la même veine tout en avançant les questions qui lui tiennent particulièrement à coeur, comme celle de la responsabilité citoyenne, «qui va au-delà de payer ses impôts et de respecter les lois», dit-il, en rappelant qu'aux dernières élections municipales, à Montréal, à peine 37 % des gens inscrits ont effectivement voté. «Après le décrochage scolaire, il faudra s'occuper du décrochage électoral», souligne-t-il.

De là, la formation d'un groupe de travail formé par une quarantaine de chefs d'entreprise, pour l'aider à lancer des initiatives, et le soutien à des organismes comme le CIRANO ou l'Institut du Nouveau Monde, eux aussi préoccupés par ce «déficit d'engagement». Reste aussi l'enjeu démographique, accompagné de celui de l'immigration, dont on parle maintenant partout au Québec.

En même temps, il devra guider la BMO dans le 21e siècle, avec l'irruption des nouvelles technologies et de l'intelligence artificielle, les nouveaux besoins, les nouvelles occasions d'affaires, mais aussi les nouvelles contraintes.

«C'est un travail qui ne cesse jamais, dit M. Ménard, celui de demeurer une institution à la fois moderne, efficace et humaniste.»

Et Claude Gagnon d'ajouter : «C'est la clé pour assurer la continuité. Et la pérennité».

Toute bonne chose...

Je suis arrivé chez Transcontinental en juillet 1998. Ça fait donc vingt ans. Je n'ai jamais quitté depuis. Journaliste, puis rédacteur en chef du magazine Commerce, et puis rédacteur en chef du journal Les Affaires, avant de revenir à ma véritable passion, journaliste de terrain et chroniqueur. Vingt belles années où j'ai parcouru le Québec en ville comme en campagne, sans jamais me lasser de toutes ces découvertes et de ces milliers de gens inspirants que j'ai rencontrés au fil de temps. À mes yeux, il n'y a pas meilleur métier au monde.

Mais l'heure est venue pour moi d'accrocher ma plume. Cette chronique est donc la dernière que j'aurai eu le privilège de vous présenter.

La retraite ? Pas vraiment. Il y aura d'autres mandats, les chroniques à la radio de Radio-Canada et plein d'autres activités. J'ai parlé abondamment de l'importance pour le Québec de mettre à profit le potentiel des gens «expérimentés», encore faut-il être conséquent avec ses déclarations. J'en serai.

Pour le reste, la mission de Les Affaires, fondé il y a 90 ans, se prolonge et vous en êtes à la fois témoins et bénéficiaires.

Merci de m'avoir lu tout au long de ces années. Bonne route à vous tous !

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