(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Le constat est sans équivoque. D’un côté, les aînés ont été à ce jour les principales victimes de la pandémie, et de l’autre, sans eux, l’état général de notre société, après deux ans de combat sanitaire, serait encore plus noir.
Selon la définition et son étymologie, le terme aîné fait référence à la personne qui naît avant, en premier, souvent par rapport à ses frères et sœurs. Au Québec, le terme est utilisé afin de faire référence aux personnes qui sont âgées de 65 ans et plus.
Tristement, en analysant les données compilées en date du 17 janvier 2022 par l’Institut national de santé publique du Québec, 97% des personnes décédées de la COVID-19 dans la province, ainsi que 70% des personnes qui ont dû être hospitalisées à la suite de la contraction du virus avaient 60 ans et plus. Cependant, l’Institut de la statistique du Québec note que les citoyens de 65 ans et plus ne représentent pas plus de 20% de la population totale de la province.
Cela étant dit, les aînés n’ont pas seulement été fauchés par la mort. La maladie, la peur de la contamination, l’isolement, la solitude, les pénibles mois de confinement les ont aussi frappés durement. Combien de fêtes d’anniversaires, de collation des grades, de naissances et même de festivités du temps des fêtes ont-ils manquées depuis mars 2020? Ce n’est pas exagéré de dire que ces deux dernières années ont certes été difficiles pour nous tous, mais en particulier pour nos aînés.
Malheureusement, depuis plusieurs années, avalanche de preuves à l’appui, il était prévisible de voir l’hécatombe arrivée. Sous- financement chronique, ingérence politique, problèmes de gestion, pénurie de main-d’œuvre, formation déficiente, imputabilité inexistante, le réseau de la santé, notamment au niveau des centres d’hébergement de soins de longue durée, des ressources intermédiaires et des résidences privées pour aînés, était, longtemps avant la pandémie, aux soins intensifs sous respirateur artificiel.
En d’autres mots, les aînés qui vivent aujourd’hui dans ces établissements et qui ont traversé à ce jour la pandémie sont de véritables survivants.
Mais qu’en est-il de ceux qui sont autonomes et qui, tout au long de cette crise, nous ont sauvé le... Je vous laisse finir la phrase!
Je parle ici de l’infirmière sortie de sa retraite pour prêter main-forte à la campagne de vaccination. Je parle ici du père médecin de l’un de mes meilleurs amis, qui profitait de sa retraite pleinement méritée, appelé en renfort, en toute catastrophe, au début de la pandémie, afin de porter un coup de main aux hôpitaux débordés.
Je parle ici des grands-parents qui viennent surveiller leurs petits enfants qui font l’école à la maison, pendant que les parents, dans la pièce d’à côté, sont en télétravail obligatoire; de la grand-maman qui va chercher les petits à la garderie afin de donner une chance aux parents de finir leur réunion de travail.
Je parle ici des dizaines de milliers de professionnels de la santé qu’on a poussés, voire obligé à partir à la retraite pour faire de soi-disant économies, sans prévoir qu’un jour ou l’autre, en sachant que la population vieillissante, ce manque d’expérience et de main- d’œuvre allait être fatal pour le réseau.
Force est d’admettre que nous vivons dans une société qui a fait le choix d’oublier d’où l’on vient. Une société où l’on «passe date» rapidement afin de faire de la place aux plus jeunes. Une société qui abandonne ses parents dans un centre quelconque en se convaincant soi-même que la purée tiède tous les jours, ce n’est pas si mauvais...
Ironiquement, c’est cette même société qui, en temps de crise, regrette profondément cette mise au rancart précipitée et demande de l’aide afin d’avoir un peu d’oxygène.
Pour une raison que je m’explique mal, nous avons fait le choix de nous «débarrasser» de nos aînés. Pourtant ailleurs, dans d’autres sociétés, nous leur vouons le plus grand des respects. Nous reconnaissons leurs expériences, leur sagesse, nous les accueillons, jusqu’au dernier jour au sein du foyer familial. Tout comme chacun d’entre nous, ils ne sont pas tous parfaits, mais ils ont prouvé, pour la plupart, qu’ils étaient présents quand il le fallait.
Par devoir de mémoire, de reconnaissance, de gratitude, il est important de reconnaître cette précieuse aide que nos aînés nous offrent depuis 24 mois. Moi le premier, je tiens à les remercier du fond du cœur. Plus particulièrement, je m’en voudrais de ne pas souligner l’inestimable soutien que mes parents et mes beaux-parents offrent, à ma famille ainsi qu’à moi, depuis le tout premier jour de cette crise.
Pour conclure, je souhaite sincèrement que nos plaques d’immatriculation nous incitent à ne pas oublier que sans l’aide de nos aînés, le Québec n’aurait pas réussi, tant bien que mal, à traverser cette époque si tragique.