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Malgré des années difficiles sur le plan économique, les Québécois trouvent encore le moyen d'accroître leur consommation. À preuve, l’industrie québécoise du commerce de détail s’attend à une nouvelle croissance de ses revenus en 2016.
Le Conseil québécois du commerce du détail (CQCD) prévoit une hausse de 1% des ventes cette année, une augmentation similaire à celle observée au Québec en 2015. L’an dernier, les ventes du secteur du détail ont totalisé 109,1 milliards de dollars, une croissance de 0,9% par rapport à 2014.
C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude réalisée par le Groupe Altus, pour le compte du CQCD. Cette dernière conclut que si le secteur du détail traverse des années de profondes transformations, les consommateurs québécois demeurent, eux, somme toute au rendez-vous.
Cet accroissement présumé des dépenses de consommation postule que les taux d’intérêt demeureront faibles, que le niveau d’emploi restera stable, que les revenus des consommateurs connaîtront une «très légère augmentation» et que l'inflation se limitera à 1,5% en 2016. Les auteurs de l’étude prennent aussi le pari que la valeur du dollar canadien et que le prix du litre de l’essence demeurent à leur niveau actuel.
Économie de carburant; hausse de l’automobile
La faible hausse des ventes envisagée serait en grande partie attribuable à la chute des prix du baril de pétrole. Le Groupe Altus évalue que ce recul des prix du carburant s’est traduit en 2015 par une diminution de 19,2% des ventes par rapport à 2014, soit l’équivalent d’un manque à gagner de 2,6G$.
Bon an mal an, les dépenses de carburant représentent de 10% à 15% de l’ensemble des ventes au détail au Québec. Étant donné leur importance, le Groupe Altus évalue qu’en excluant les recettes des stations-service, les ventes au détail auraient connu une progression, non pas de 0,9%, mais bien de 3,9% en 2015.
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Le président-directeur général du CQCD, Léopold Turgeon, estime que les économies ainsi enregistrées à la pompe (2,6G$) auront surtout profité à l’industrie automobile. De fait, les concessionnaires de véhicules neufs et d’occasion ont connu une progression de leurs ventes de 1,9 G$ (ou 7,9%) en 2015, comparativement à 2014.
Les pharmacies et magasins de produits de soins corporels, de même que les bijouteries et magasins de chaussures, ont connu des hausses respectives de 6,9% et 6,3%. Enfin, après avoir reculé de 0,5% en 2014, les ventes de magasins de vêtement semblent avoir repris du mieux avec une hausse de 6% en 2015.
Hausses de prix attendues
Outre les stations-service, la catégorie de magasins offrant des gammes spécialisées de marchandise a été la grande perdante, selon Altus. Ces magasins ont vu le total de leurs ventes reculer de 4,8% en 2015 comparativement à 2014.
Conséquence d’un certain ralentissement dans le secteur de l’immobilier résidentiel au Québec, les détaillants de meubles et d’appareils électroniques ont vu leurs ventes également diminuer légèrement en 2015. Il en va de même des ventes des marchands de matériaux de construction et fournitures de jardinage.
Les variations de la valeur du dollar canadien pourraient grandement influencer les ventes au détail au cours de la prochaine année, prévient Jean-François Grenier, directeur principal, Recherche, évaluation et services conseils du Groupe Altus.
Compte-tenu que la majorité des produits offerts par les détaillants du Québec se transigent en devise américaine, les auteurs de l’étude s’attendent à ce que les consommateurs subissent une augmentation des prix. «Il est possible de croire» que les détaillants refileront aux consommateurs en 2016 le coût de cette baisse de valeur du huard par rapport au dollar américain, indiquent-ils.
Inflation en hausse et revenus en baisse
L’étude du CQCD rapporte que les secteurs qui ont connu la plus grande croissance des prix depuis cinq ans sont ceux de l’entretien et réparation (+13% depuis 2011), les bijoux et accessoires vestimentaires (+11%) et les livres, journaux et revues (+10%). Les aliments achetés en magasin auraient connu pour leurs parts une inflation de l’ordre de 8% entre 2011 et 2015.
Au contraire, certains autres secteurs ont connu une déflation depuis cinq ans. C’est le cas, entre autres, des articles de divertissement pour la maison (-20%), des articles et fournitures informatiques (-14%) et de l’essence (-13%).
Enfin, le revenu disponible des Québécois en 2015 était de 26 791$, comparativement à 31 288$ pour l’ensemble des Canadiens. Cela équivaut à une différence 16,8% comparativement à la moyenne canadienne, le pire différentiel comparatif (exprimé en pourcentage) depuis 2005.
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