«Nous vivons dans une société axée sur les objectifs et la performance. Notre lieu de travail collaboratif et inclusif met l'accent sur le bien-être», raconte le PDG de Danone Canada, Dan Magliocco. (Photo: courtoisie)
BLOGUE INVITÉ. Cinq ans à peine après avoir commencé à travailler pour Danone Canada, Dan Magliocco, son actuel PDG, a jeté les bases du virage végétal entrepris par la société.
Pour y arriver, l’ancien haut dirigeant de Kraft Foods Canada et de Mondelez Canada s’est appuyé sur les trois principaux ingrédients de sa recette du leadership: un soupçon d’apprentissage, une once de soutien et une bonne dose de sentiment d’appartenance.
Apprendre grâce à une culture d’entreprise inclusive
Reconnu comme l’un des meilleurs employeurs au pays, Danone Canada est une organisation centrée sur les personnes qui la compose, d’après Dan Magliocco qui cumule plus de 30 ans dans l’industrie. Ainsi, les employés y ont la possibilité d’exprimer leurs opinions et de contribuer à faire une différence.
«Nous vivons dans une société axée sur les objectifs et la performance, dit-il. Notre lieu de travail collaboratif et inclusif met l’accent sur le bien-être. Chacun est encouragé à apprendre et à évoluer, à développer ses compétences et à explorer de nouveaux domaines d’activité.»
Afin de se rapprocher de ses employés, celui qui détient un MBA de la Schulich School of Business de Toronto se fait notamment un devoir de passer au moins 45 minutes en appel individuel avec chaque nouvelle recrue pour faire plus ample connaissance.
De plus, l’entreprise met en pratique le mentorat inversé et organise des forums intitulés «What's On Your Mind», où de petits groupes d’employés de tous les niveaux sont invités à partager librement leurs réflexions, allant de la sécurité pendant la COVID-19 à la stratégie d’entreprise.
«Les opinions sont importantes, mais l’expérience compte aussi, estime Dan Magliocco. Les gens doivent connaître les faits pour étayer leurs opinions et avoir la possibilité de les exprimer. Cela fait partie de la mise en place d’une culture inclusive.»
Redéfinir les produits d’origine végétale
La prise de conscience croissante des consommateurs en matière de santé et d’écologie s’est traduite par une augmentation de la demande pour une plus grande variété de substituts d’origine végétale aux produits laitiers.
Le marché mondial pour de tels produits, estimé à 27,5 milliards de dollars américains (G$ US) en 2022, devrait dépasser les 68G$ US d’ici 2032, selon les calculs du Global Market Insights.
En 2022, 10% du «lait» consommé était végétal, rapporte même Ipsos Trends & Foresight.
Danone Canada surfe sur cette vague notamment grâce à sa marque Silk qui connaît un grand succès. Son plus récent substitut, Silk Nextmilk, a même été nommé produit de l’année au Canada dans la catégorie des boissons à base de plantes.
Ce substitut du lait a été développé pour avoir le même goût que le lait de vache. Il ne contient que trois grammes de sucre par portion et, comme les autres produits Silk, a une empreinte carbone inférieure à celle de son équivalent animal.
«Jusqu’à présent, ces boissons n’étaient pas destinées à imiter le goût du lait, explique Dan Magliocco, qui se passionne pour le marketing et le comportement des consommateurs. S’il s’agissait d’une boisson aux amandes, elle aurait évidemment un goût prononcé d’amande. Lorsque vous buviez du lait d’avoine, vous pouviez goûter l’avoine. Mais les choses changent dans ce domaine.»
Le PDG avance que l’introduction sur le marché d’une imitation du lait de vache pourrait encourager davantage de personnes à adopter un régime végétarien. Elle offre une solution de rechange pour un usage régulier, comme dans les céréales et dans des recettes à base de lait.
«On peut être une entreprise ancrée dans la performance économique tout en faisant de bonnes choses. C’est au cœur du mouvement B Corp, précise le PDG de la plus grande organisation canadienne à avoir cette certification. Ça fait en sorte que les entreprises utilisent leur force au service du bien.»
Favoriser un sentiment d’appartenance
L’un des aspects déterminants de l’approche de Dan Magliocco en matière de leadership consiste à cultiver un sentiment d’appartenance dans la poursuite d’une mission ciblée.
«Nous passons beaucoup de temps à nous assurer que chaque membre de l’organisation connaît clairement son rôle et peut constater son impact sur la mise en œuvre des stratégies de l’entreprise», rapporte-t-il.
C’est pourquoi Danone Canada encourage l’interaction au sein de l’entreprise, mais aussi dans les communautés.
Par exemple, la société dont le siège social se trouve à Boucherville est un partenaire fondateur du Club des petits déjeuners du Canada et soutient l’organisation depuis plus de 27 ans pour fournir un petit déjeuner nutritif aux enfants partout au pays.
«Nous avons visité des écoles et nous nous sommes engagés à ouvrir de nouveaux programmes de petits déjeuners scolaires chaque année, pendant cinq ans, explique le dirigeant reconnu pour son leadership efficace. Se rendre dans les communautés du Nord était très émouvant, car on pouvait voir directement l’impact de notre mission.»
Danone Canada a ensuite raconté à ses coéquipiers qui n’ont pu faire ce voyage quelles sont les retombées directes de leurs efforts.
«Je suis allé là-bas en pensant que je distribuerais des yaourts et je suis revenu en me disant que j’avais plutôt l’impression d’avoir distribué de l’espoir.»
Karl Moore et Stéphanie Ricci. Karl est professeur associé à la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill. Stéphanie est diplômée en journalisme et en sociologie de l’Université Concordia.