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Le Registre des lobbyistes du Québec est une petite merveille pour qui prend la peine d'y passer un peu de temps. C'est ce que j'ai fait cette semaine. Me mettant dans la peau d'un dirigeant de petite entreprise qui ne sait pas vers quel saint se tourner pour faire entendre sa voix auprès des décideurs publics, je me suis lancée dans l'exploration du merveilleux monde du lobbyisme.
J'ai d'abord pris la mesure de l'effervescence de cette activité. Au 31 mars, il y avait au Québec 9 330 lobbyistes actifs, soit 31 % de plus que l'année précédente. Même tendance pour le nombre de mandats actifs : + 38 %. Une autre donnée m'a intriguée : «Le nombre de consultations du registre s'est établi à 137 866, en hausse de 24,9 % par rapport à l'exercice précédent», indique le Rapport d'activités 2014-2015 (la statistique de l'exercice 2015-2016 n'est pas encore disponible).
Je me suis dit que j'allais gonfler ce chiffre pour l'an prochain en faisant moi-même quelques recherches parmi les mandats enregistrés, juste pour voir ce que la bête avait dans le ventre. Je n'ai pas été déçue. Le registre est une mine d'or.
Prenez le mot clé «immobilier». Parmi les résultats, vous trouverez des pépites comme celle-ci : «Négociations pour l'attribution d'un contrat pour l'accès à une base de données sur les transactions immobilières.» Tiens, tiens...
Avec «santé», vous découvrirez celle-là : «Démarches préliminaires en vue [d'un] projet pilote en collaboration avec le ministère de la santé (télésanté) pour faciliter interaction entre le patient et personnel soignant (application web)». Avec un mot clé territorial comme «les Maskoutains», vous apprendrez qu'un certain producteur de chocolat dévoile même qu'il a besoin d'une subvention de 2 700 000 $ pour «commencer à produire une gamme de produits différente par l'ajout d'une nouvelle ligne de production». Intéressant, tout de même, de savoir que les organisations mandataires caressent de tels projets.
Le plus beau, c'est qu'il est très rare qu'une déclaration fasse l'objet d'une ordonnance de confidentialité. Seulement trois des 2 853 déclarations ou avis enregistrés en 2014-2015 étaient confidentiels.
La conclusion est alors toute simple : il y a deux manières de faire profiter votre entreprise du Registre des lobbyistes. Vous vous inscrivez parce que vous devez défendre un projet auprès d'un titulaire d'une charge publique. Ou bien vous exploitez le registre pour ce qu'il est aussi : un formidable outil de veille stratégique.
À vos pioches !
Julie Cailliau
Chef de publication
Groupe Les Affaires
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