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L’humour apporte une foule de bienfaits pour les milieux de travail. Désamorcer les tensions, par exemple. Comme dans cette équipe, démoralisée par l’échec d’un projet. « Lors du retour sur l’expérience, le chef d’équipe s’est présenté vêtu d’un chandail arborant une cible, raconte Louise Richer, directrice générale et fondatrice de l’École nationale de l’humour. Cette touche d’humour a allégé l’atmosphère et a favorisé des échanges plus constructifs. » Mme Richer a consacré son mémoire de MBA à l’humour en entreprise. Elle partagera sa réflexion et ses recherches sur le sujet lors de la conférence Femmes leaders des Événements Les Affaires, le 22 avril prochain à Montréal.
Quels sont les bienfaits de l’humour en entreprise ?
Louise Richer : L’humour est un mécanisme fondamental d’adaptation, d’équilibre, de résilience et de socialisation. Il aide à dédramatiser les expériences difficiles et à réduire le stress. Il permet aussi d’aborder des sujets délicats et de passer des messages en évitant la confrontation. Et rire ensemble, ça soude une équipe ! Un dirigeant d’entreprise m’a dit une fois : « Un candidat a beau avoir le plus beau CV du monde, si je passe une heure en entrevue avec lui et qu’on n’a pas ri un peu ensemble, je ne l’embaucherai pas ». L’humour est en effet en relation directe avec les capacités relationnelles d’une personne. De plus, rire et avoir du plaisir a un effet positif sur le cerveau. Cela favorise la rétention d’informations, la créativité, la productivité. Bref, l’humour permet de s’énergiser. C’est une borne de recharge ! Les entreprises ont donc tout intérêt à considérer l’humour comme outil de gestion, surtout dans le contexte actuel.
Que voulez-vous dire ?
L.R. : Avec la pénurie de main-d’œuvre et les enjeux de rétention d’employés, il y a une nécessité de revisiter et de faire évoluer les cultures d’entreprise. Le profil de leadership passe du transactionnel au transformationnel. Chez les leaders, on recherche aujourd’hui la proximité, l’intelligence émotionnelle, l’authenticité, la transparence et même une certaine vulnérabilité. Les attentes envers les entreprises évoluent aussi. Il y a une pression pour qu’elles offrent des milieux de travail agréables et motivants. Les jeunes n’abordent plus le travail comme autrefois. S’ils n’ont pas des défis intéressants, si le climat de travail n’est pas agréable, ils ne restent pas. Comment générer l’engagement ? L’humour est une partie de la réponse. C’est un vecteur d’humanisation des milieux de travail au service de la qualité relationnelle et communicationnelle.
On parle ici de quel type d’humour ?
L.R. : Il ne s’agit pas de raconter des blagues. On parle plutôt d’humour cohésif, de convivialité. C’est étonnant, mais 72 % de nos rires sont générés lors d’échanges conversationnels. À travers des anecdotes, des choses qu’on a vécues, on alimente une sorte de patrimoine collectif qui devient un élément de connexion dans un groupe. La leader a un rôle à jouer pour instaurer un environnement de travail où le rire est permis. Et pour elle, c’est aussi une façon de renforcer son leadership. Par exemple, une leader capable d’autodérision sera souvent plus rassembleuse.
Est-ce que l’humour a ses limites ?
L.R. : Oui, et c’est important de caractériser le type d’humour qui circule dans une entreprise et de délimiter ce qui est acceptable ou non. Quand ça rend mal à l’aise, quand ça blesse, quand ça rabaisse, il y a un problème. Comme employeur, il ne faut pas hésiter à intervenir auprès d’un employé qui a un humour discutable.