Nouveau propriétaire, nouveau nom, nouveau départ. La mine de lithium de La Corne, en Abitibi, redémarrera bientôt ses activités. Et les acheteurs asiatiques font déjà la file pour acheter sa production.
La mine abitibienne, qui s’appelait auparavant Québec Lithium, avait suscité bien des espoirs lors de son ouverture en juillet 2013. Mais un peu plus d’un an plus tard, c’était la douche froide.
La mine fermait après une série de ratés et de mauvaises décisions. Elle a été rachetée l’été dernier par la société chinoise Jien International qui l’a rebaptisée North American Lithium. Partenaire avec Investissement Québec, qui détient 25 % des parts, Jien vise un redémarrage en avril prochain.
«Nous ne referons pas les erreurs du passé. Cette fois-ci sera la bonne», promet Yves Desrosiers, directeur général de North American Lithium. Il expliquera comment il compte s’y prendre lors de la 11e conférence Objectif Nord, présentée par Les Événements Les Affaires le 25 avril prochain.
Le lithium est le plus léger de tous les métaux. Il est utilisé notamment dans la fabrication de piles pour les véhicules hybrides et électriques ainsi que d’accumulateurs d’énergie pour les centrales solaires et éoliennes.
La relance de la mine créera au total 220 emplois, en incluant les 100 employés embauchés par l’entrepreneur général qui a décroché le contrat d’extraction du minerai.
De l’argent et des talents
En manque de financement, l’ancien propriétaire de la mine avait tenté de l’exploiter alors que les infrastructures et les équipements étaient incomplets. Résultat : le produit final n’était pas à la hauteur des exigences du marché.
L’argent est maintenant sur la table. Près de 170 millions de dollars seront injectés dans le projet qui sera relancé en deux temps. D’abord, une somme de 74 M$ a été allouée pour compléter la construction du concentrateur qui redémarrera en avril. C’est là que sera produit le concentré de lithium, la première étape de transformation du minerai.
Ensuite, 93 M$ supplémentaires seront investis dans l’usine de raffinage d’où sortira le produit fini, le carbonate de lithium. Dans ce cas, la production devrait commencer à l’été 2018.
«Nous avons non seulement le financement pour apporter toutes les corrections techniques nécessaires, mais nous sommes aussi allés chercher les meilleurs dans le domaine», dit Yves Desrosiers qui est ingénieur de formation.
North American Lithium a en effet retenu les services de la firme de génie-conseil Hatch, qui a travaillé à un projet de mine de lithium en Chine, de même que deux experts américains reconnus sur la scène mondiale.
Forte demande
Pendant les trois prochaines années, l’entreprise vendra son concentré de lithium à des clients de la Chine, du Japon et de la Corée qui s’en serviront pour produire du carbonate. Ne risque-t-elle pas de se nuire en fournissant ainsi ses futurs concurrents ?
«Il manque tellement de lithium sur le marché que ça ne nous causera aucun préjudice», répond Yves Desrosiers en précisant que plusieurs acheteurs sont sur les rangs. Évidemment, une fois que son usine de raffinage sera bien rodée, North American Lithium cessera de vendre son concentré pour l’utiliser dans la fabrication de son propre carbonate de lithium.
Sa production annuelle atteindra environ 23 000 tonnes. Et elle ne craint pas une seconde de manquer des clients. «Juste pour suivre la demande mondiale, il faudrait ouvrir une nouvelle mine par année !», lance Yves Desrosiers.
Pour plus de détails, assistez à notre conférence Usine 4.0 le 14 mars 2018.