75 ans de droit de vote pour les Québécoises... mais pas que ça!


Édition du 09 Mai 2015

75 ans de droit de vote pour les Québécoises... mais pas que ça!


Édition du 09 Mai 2015

Le 25 avril 1940, il y a tout juste 75 ans, les femmes obtenaient le droit de vote au Québec. Célébrer cet anniversaire, c'est se souvenir, comme le suggère si bien la devise de notre belle province, mais aussi rendre un hommage vibrant à une poignée de femmes francophones et anglophones qui, avec détermination et persévérance, se sont battues pour nous mener sur la voie d'une société égalitaire et ouverte. Ce qu'est devenu le Québec aujourd'hui.

Si nous saluons à l'unisson cette éclatante victoire de la femme, certains n'hésitent pas à y mettre un petit bémol. Une réserve qui ne s'applique en rien à la légitimité du combat, mais plutôt au temps qu'il a nécessité pour porter ses fruits dans une société québécoise qui semblait plutôt réfractaire au changement... et qui l'est encore un peu à certains égards.

Dans bon nombre de pays, le droit de vote avait été accordé aux femmes dès le début du 20e siècle. C'est en 1918 qu'elles obtiennent gain de cause pour les élections fédérales au Canada.

Le contexte de la Première Guerre mondiale les a quelque peu aidées. Elles travaillent alors dans les usines pour remplacer les hommes partis au combat, et le gouvernement a manifestement de plus en plus besoin de leur appui politique. Probablement une belle démonstration que la liberté passe aussi par le travail, mais plus important encore, cette décision fédérale ouvrait la porte aux provinces retardataires qui emboîtèrent le pas très rapidement. C'est le Québec qui a fermé cette longue marche vers l'égalité, 15 ans après Terre-Neuve - qui le précédait - et presque un quart de siècle après le Manitoba, qui avait ouvert le bal en 1916.

Pourquoi ce retard ? Les raisons pourraient sembler bien puériles 75 ans plus tard, mais les embûches étaient nombreuses, notamment à cause de forces conservatrices très vivaces au Québec. Les actions des suffragettes étaient fortement décriées par le clergé et par certains intellectuels qui n'hésitaient pas à tenir des propos très virulents sur la place des femmes qui, selon eux, devaient se limiter au rôle qu'elles avaient à jouer au foyer. Même certaines femmes s'opposaient à l'époque au suffrage féminin, estimant qu'en participant à la vie publique elles pourraient perdre leur pouvoir à la maison. Il aura fallu une guerre au Canada pour prendre conscience que les femmes étaient capables d'autres choses qu'allaiter, faire la cuisine et le ménage... et beaucoup plus de temps au Québec !

Un droit indissociable de celui à l'éducation

Si le droit de vote est la victoire la plus flamboyante remportée par les femmes dans leur difficile combat vers l'égalité et la liberté, je reste persuadée qu'il n'a de raison d'être que s'il reste associé à un autre droit chèrement gagné : celui à l'éducation. Encore aujourd'hui, sur la planète, des millions de femmes qui n'ont pas eu le privilège d'apprendre, s'expriment dans les urnes sous l'influence d'un conjoint, d'un fils, d'un voisin ou, encore plus grave, d'une entité religieuse qui altère leur jugement et les choix éclairés qu'elles auraient pu faire si elles avaient simplement été éduquées.

Nous avons la chance de vivre dans un pays, dans une province, où l'éducation est libre et ouverte à tous. Les femmes sont désormais aussi nombreuses que les hommes dans les universités, voire plus nombreuses dans certaines disciplines. Il a même été démontré qu'elles étaient plus studieuses et plus persévérantes dans la poursuite de leurs études.

Le résultat s'est vite fait sentir. Si elles ont gagné le droit de s'exprimer et celui d'être élues, elles ont aussi maintenant la liberté de nous démontrer leurs compétences et de nous faire bénéficier de leur savoir. Et qu'elles travaillent sur un chantier, qu'elles conduisent un bus scolaire, qu'elles pilotent un avion ou qu'elles soient tout simplement mamans, elles jouent toutes un rôle déterminant dans le paysage politique, économique et culturel du Québec.

Une tendance qui se confirme d'année en année, notamment dans le monde de l'entrepreneuriat. Non seulement elles y sont de plus en plus présentes, mais les statistiques confirment régulièrement une réduction de l'écart qui les sépare des hommes, tant en ce qui concerne l'intention de se lancer en affaires que la création d'entreprises. Elles représentent pas loin du sixième des Québécois qui ont cette intention, et la moitié d'entre elles font officiellement les démarches nécessaires. De plus en plus nombreuses à être propriétaires d'entreprises, certaines contribuent plus qu'à leur tour au rayonnement du Québec à l'international. Sources d'inspiration et d'espoir pour les générations montantes, elles sont la démonstration la plus éclatante qu'au Québec, tout est possible et dans tous les domaines, mais surtout que tout est à portée de femme ! Si le chemin a été long et sinueux pour acquérir des droits et libertés plus que légitimes, il est éclairé aujourd'hui par autant de réussites qui ne font que confirmer l'étendue de la distance parcourue en 75 ans.

On a l'habitude de dire que derrière tout grand homme, il y a une femme. J'ai souvent entendu cette formule probablement fondée dans bien des cas, mais qui, même si elle valorise le rôle que peut jouer la femme dans la réussite d'un homme, la place aussi un peu dans son ombre. J'ai quant à moi l'impression que, depuis quelques décennies, elle a plutôt tendance à devenir son soleil.

Biographie

Danièle Henkel a fondé son entreprise en 1997, un an après avoir créé et commercialisé le gant Renaissance, distribué partout dans le monde. Mme Henkel a été plusieurs fois récompensée pour ses qualités de visionnaire et son esprit entrepreneurial. Elle est juge dans la téléréalité à caractère entrepreneurial Dans l’œil du dragon, diffusée à Radio-Canada.