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Imaginez. Il y a un an, vous avez démarré votre entreprise, créé votre «bébé». Vous êtes un entrepreneur, un fondateur. Depuis, vos nuits sont courtes. En plus, vous vous êtes lancé sans cofondateurs, vous êtes comme un jeune parent célibataire.
Vous êtes sur la bonne voie: l’entreprise se structure et les possibilités de croissance montrent le bout de leur nez. Vous décuplez vos efforts, car être entrepreneur vous permet de tenir les rênes de votre vie depuis un an, malgré l’incertitude. Mais combien de temps allez-vous pouvoir diriger votre entreprise?
Cette situation n’est pas fictive. Elle se présente souvent lorsqu’une start-up doit se structurer en entreprise.
Démarrer une entreprise est bien différent de la faire croître, même s’il s’agit de la sienne. Un entrepreneur peut être excellent pour démarrer une entreprise, mais pas pour en optimiser la croissance. Pour mener son entreprise plus loin, un fondateur peut alors décider, ou même forcé de laisser la place à un autre.
Cette séparation est souvent déchirante. Pour limiter ces déboires, en tant qu’accompagnateurs et formateurs, nous devons aider les fondateurs à comprendre ce qui peut les attendre sur le plan humain lors de l’évolution et de la structuration de leur projet.
Je vous propose quelques pistes.
Les différences
La première étape consiste à sensibiliser les fondateurs à la différence de tâches, motivations et compétences entre leur rôle et celui de pdg.
Tout fondateur ne veut pas devenir pdg, et c’est légitime s’il organise son entreprise et ses actions en conséquence. Durant un bootcamp sur les valeurs et le leadership, un fondateur est venu me parler et nous avons abordé son rôle. Sa conclusion a été: «je veux continuer à consacrer du temps aux aspects techniques. Je vais embarquer un pdg qui a les mêmes valeurs que moi, mais qui sera meilleur pour structurer et faire croître l’entreprise».
Il a pris conscience de ce qu’il voulait et il est prêt à laisser ce chapeau à une autre personne.
Former et outiller
Pour le fondateur qui souhaite rester le capitaine de son entreprise, rien n’est perdu. Il a toujours la possibilité de se former et de s’outiller en mettant l’accent sur les compétences de gestion d’équipe, de mise en place de processus, de communication, de reddition de comptes, etc.
Pour savoir si on a besoin d’aller chercher ces ressources, il faut faire le point sur ses motivations, mais aussi sur son projet et son secteur d’activité.
Par exemple, si on se lance dans un secteur où la prise de participation d’investisseurs est rapidement nécessaire, cela va avoir un impact sur la gouvernance et la répartition des rôles et pouvoirs de décision.
Une analyse des entreprises du secteur donnera une idée des structures et enjeux de contrôle. Certains modèles d’affaires intensifs en capital de risque sont plus propices que d’autres à la diminution du contrôle, si on n’est pas assez vigilant. Les avocats constituent alors de bons alliés: ils aideront à définir une convention d’actionnaires en fonction du pouvoir décisionnel que le fondateur souhaite conserver dans son entreprise. Un comité consultatif peut aussi participer à cette réflexion. Puisque chaque cas est unique, le fondateur devrait se renseigner auprès d’experts.
Ne pas mettre le rôle de pdg sur un piédestal
Encouragez et entourez ceux qui ont des idées, mais qui ne veulent pas être pdg. De nombreuses personnes associent le rôle de fondateur à celui de pdg et décident alors de ne pas se lancer, car elles aiment leur métier et leur spécialité.
Manon Desmarais, vice-présidente, relations avec les entreprises en portefeuille chez Anges Québec, a analysé beaucoup de dossiers de start-ups et abonde en ce sens: «si on forçait certains fondateurs à être des pdg, ils n’auraient jamais créé leur entreprise».
N’hésitez donc pas à vous lancer! Créez une entreprise à l’image de vos valeurs, motivations et compétences. Définissez le rôle que vous souhaitez avoir dans l’entreprise. Entourez-vous. Et laissez une chance à votre idée de se transformer en belle histoire à succès inspirante!
Par Marie-Ange Masson.