Jean Paul Chauvet, chef de la direction du spécialiste du commerce en infonuagique (Photo: La Presse Canadienne)
La rémunération du patron de Lightspeed Commerce, Jean Paul Chauvet, retombe sous la barre du million après qu’un programme de rétention «unique» octroyé l’an dernier n’ait pas obtenu l’appui de la Caisse de dépôt et placement du Québec, son principal actionnaire.
Le chef de la direction du spécialiste du commerce en infonuagique a obtenu une rémunération totale de 691 951 dollars américains ($US) (environ 914 000$) pour l’exercice 2023 clos le 31 mars, selon des documents réglementaires envoyés aux actionnaires.
L’an dernier, l’entreprise avait accordé une rémunération totale de 22,1 millions $US à Jean Paul Chauvet. L’écart s’explique principalement par le versement «unique» d’options d’achat, d’une valeur estimée à 20,2 millions $ US, visant à fidéliser les plus hauts dirigeants de l’entreprise.
Le programme incitatif à long terme, qui avait porté la rémunération totale accordée aux six plus hauts dirigeants de l’entreprise à 70 millions $US l’an dernier, avait reçu un accueil tiède de la part de plusieurs actionnaires de la société montréalaise.
Près du tiers des actionnaires (30,74%) avaient voté contre le programme de rémunération de la société, lors de son assemblée annuelle en août. Il s’agit d’un taux relativement élevé pour ce genre d’exercice.
La Caisse de dépôt, principal actionnaire avec 16% des actions, avait voté contre la rémunération des hauts dirigeants. L’institution avait indiqué avoir des «réticences» par rapport au programme de rémunération, notamment par rapport au programme d’attribution d’options d’achat.
Avant le vote des actionnaires, le conseil d’administration indiquait déjà ne pas s’attendre à accorder d’autres attributions spéciales en 2023. Le programme avait été adopté pour tenir compte «du marché extrêmement concurrentiel» pour les postes de hauts dirigeants dans son secteur.
Jean Paul Chauvet, la cheffe des services financiers, Asha Hotchandani Bakshani, et l’ex-chef de l’exploitation, Brandon Nussey, n’ont pas reçu de primes incitatives à long terme en 2023.
Les options d’achat permettent à leur détenteur d’acheter des actions d’une entreprise à une date future à un prix déterminé. Si le prix de l’action est supérieur aux prix d’exercice, le dirigeant réalise un bénéfice. En théorie, la valeur des options accordées l’an dernier pourrait être différente de l’estimation initiale par la société.
Les mieux payés
Au total, les cinq plus hauts dirigeants de la société se sont partagé une rémunération totale de 6,5 millions $ US au cours de l’exercice 2023.
Le dirigeant le mieux payé en 2023 est le chef du produit et de la technologie, Ryan Tabone, avec une rémunération de 3,7 millions $ US. Embauché en octobre dernier, cet ancien cadre de Google a obtenu une rémunération plus généreuse que ses collègues en raison de l’attribution d’actions et d’options liée à son embauche.
Le conseil d’administration de Lightspeed estime que les plus hauts dirigeants de la société ont atteint leurs principaux objectifs leur permettant de toucher leur prime annuelle cible, qui varie entre la moitié ou la totalité du salaire de base, selon le poste.
En mai, Jean Paul Chauvet affirmait que l’atteinte d’un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) au cours de l’exercice 2024 était «non négociable», même si l’entreprise anticipe que les résultats seront sous pression au cours de la première moitié de l’année, dans la foulée de l’intégration de ses services de paiement aux plateformes de ses clients existants.
«La première moitié de l’année, il y aura moins de croissance (…) qu’historiquement parce qu’on va concentrer les activités de l’entreprise pour ramener nos clients sur les paiements, assurait-il en entrevue. La bonne nouvelle, c’est que, si on fait bien ça, la deuxième moitié de l’année, on va avoir une très forte croissance et on va voir la profitabilité en plus de ça.»
L’action de Lightspeed a perdu 84% de sa valeur par rapport à son sommet d’août 2021, dans un contexte où la hausse des taux d’intérêt a exercé une pression sur les évaluations des entreprises du secteur technologique. L’action a perdu 18% depuis un an.