Si vous voulez connaître de la croissance au Québec, dans le domaine de l'alimentation, il y a deux voies à emprunter : les personnes âgées et les communautés ethniques.
«D'ici 2031, les minorités visibles vont tripler (+ 200 %) au Québec, tandis que la population caucasienne n'augmentera que de 16 %.»
Ces chiffres étaient présentés par Francis Parisien, directeur général, Est du Canada, de la firme de recherche Nielsen, à l'occasion du SIAL, Marché de l'alimentation nord-américain 2014 tenu à Montréal. Ils parlent d'eux-mêmes.
Pour être clair, disons que les Caucasiens sont les Blancs, tandis que les minorités visibles comprennent les Arabes (y compris les Maghrébins), les Noirs et les Latino-Américains.
Bien que les personnes de race noire forment la minorité visible la plus importante du Québec depuis toujours, elles devraient perdre ce titre au profit des Arabes d'ici le début des années 2020. En Ontario, ce sont des Chinois et des Sud-Asiatiques qui composent les grands groupes de consommateurs ethniques. «Ça signifie que les fabricants et les détaillants canadiens devront avoir une stratégie spécifique pour le Québec», dit M. Parisien.
Les détaillants et les fabricants québécois devront aussi mettre en oeuvre une stratégie spécifique pour la région de Montréal, où l'on retrouve 88 % des minorités visibles du Québec, soit 762 000 personnes. M. Parisien parle même d'une stratégie par quartier.
Autre particularité du marché ethnique dont il faudra tenir compte : la moyenne d'âge des minorités visibles est de 10 ans inférieure à celle des Blancs. «Les minorités visibles mangent beaucoup plus de produits frais que les Caucasiens, précise M. Parisien. Ils vont au marché plus souvent et cuisinent aussi davantage.» Si les minorités ethniques finissent toujours par reproduire certains comportements culturels - donc alimentaires - de la population majoritaire, M. Parisien estime que ces changements ne sont pas très perceptibles avant la quatrième génération. Il ne faut donc pas s'attendre à ce que ce phénomène soit passager.
Des communications à adapter
Étant donné que 987 000 Québécois ont une langue maternelle autre que le français ou l'anglais, les acteurs de l'industrie alimentaire devront adapter leurs communications en intégrant les langues arabe et espagnole. Ils auraient aussi intérêt à se familiariser avec les médias qui s'adressent spécifiquement à ces communautés.
Par ailleurs, le service personnalisé est très important pour les minorités visibles. Par exemple, ces consommateurs aiment discuter avec leur boucher et pas seulement passer une commande.
Les minorités ethniques ont tendance à fréquenter les magasins ethniques qui connaissent bien leurs besoins. La multiplication de ces petites épiceries fera par conséquent une sérieuse concurrence aux grandes chaînes. M. Parisien croit que Metro a réussi un coup de maître en mettant la main sur les épiceries Adonis, et il estime que les autres chaînes devraient penser à lancer leur chaîne de petites épiceries ethniques.
Enfin, les minorités visibles de première génération ont généralement des revenus inférieurs à ceux de la majorité. Par conséquent, les consommateurs ethniques sont très sensibles aux prix et aux ventes promotionnelles.
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