Un véhicule de la flotte Téo Taxi. (Photo: courtoisie)
C'est un véritable système de gestion de l'offre dans l'industrie du taxi que propose une coalition de plusieurs de ses acteurs, afin de permettre à tous d'en tirer un revenu décent.
L'homme d'affaires Alexandre Taillefer, qui exploite les entreprises Téo, Diamond et Hochelaga, de même que Guy Chevrette, du Comité provincial de concertation, et Kamal Sabbah, du Regroupement des propriétaires de taxis de Montréal, ont exposé les grandes lignes de leur concept, jeudi, au cours d'une conférence de presse.
Ils ont soumis leur projet de modernisation au gouvernement la veille, dans le contexte de la concurrence d'Uber, qui bénéficie d'un projet pilote.
Leur concept permettrait d'ouvrir la porte à Uber, mais en le soumettant aux mêmes règles que les autres.
Leur projet permettrait de contrôler l'offre de service en taxis sur la route, en permettant aux détenteurs de permis de faire la location de la voiture à quiconque, afin d'en assurer la rentabilité.
À l'heure actuelle, Uber peut avoir 2000 voitures aux heures de pointe à Montréal, selon M. Taillefer, sans compter les véhicules des compagnies traditionnelles. La résultante est que les chauffeurs touchent moins de 10$ l'heure, a soutenu M. Taillefer.
De même, la valeur actuelle d'un permis de taxi à Montréal est de 80 000 $, alors qu'elle a déjà été de 200 000 $. Et les chauffeurs doivent rembourser leur emprunt avec une rémunération en baisse.
Le projet proposé permettrait à tous d'en tirer un revenu décent et aurait pour effet de protéger la valeur des permis de taxi, a plaidé l'homme d'affaires.
En plus de la possibilité de location, il prévoit des normes en matière de formation des chauffeurs - qui pourrait être donnée en ligne et comprendrait des règles de courtoisie, de propreté et une connaissance des sites touristiques et des grands événements -, a expliqué M. Chevrette, du Comité provincial de concertation et de développement de l'industrie du taxi.
Le projet inclut également le plein paiement des taxes et impôts par tous. «Installez-le votre MEV (Module d'enregistrement des ventes) le 1er janvier 2019» pour lutter contre l'évasion fiscale, a lancé M. Chevrette. «Comme ça, tout le monde sera traité sur un pied d'égalité.»
Un concept qui ne fait pas l'unanimité
Le concept ne fait toutefois pas l'unanimité. À Québec, des chauffeurs s'en sont pris à ce projet.
«C'est une déréglementation par en arrière», s'est exclamé Abdallah Homsy, porte-parole du Regroupement des intermédiaires de taxis de Québec, au cours d'une entrevue.
«Le gouvernement a beaucoup consenti à Uber. Nous, on n'a plus de concessions à faire», a lancé M. Homsy.
Il estime que le projet Taillefer-Chevrette ne redorera pas l'image de l'industrie du taxi, puisqu'en permettant à tous de louer le permis, n'importe qui pourra en faire sans être un chauffeur.
«La location de permis, c'est ingérable, c'est incontrôlable. Et le taxi, ce n'est pas juste à Montréal», s'est-il exclamé.