e nombre exact de MW qui sera attribué à Hy2gen n’est pas encore connu. (Photo: 123RF)
Baie-Comeau se préparait à accueillir des projets de la filière batterie, mais c’est finalement celui d’une usine d’hydrogène et d’ammoniac vert qui atterrira sur son territoire à la suite de l’attribution du deuxième bloc de précieux mégawatts (MW) la semaine dernière. Et l’administration municipale espère que l’arrivée de l’Allemande Hy2gen sera le début d’une longue série d’annonces.
«Nous sommes très très heureux. J’ai peine à y croire. Ça fait plusieurs années que nous attendions une bonne nouvelle. Nous avions besoin de nouveaux revenus. On flotte sur un nuage», dit Michel Desbiens, maire de Baie-Comeau, en entrevue avec Les Affaires.
Après quelques rencontres avec le premier ministre François Legault et son ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, Michel Desbiens avance avoir «été entendu». Si la construction de l’usine d’Hy2gen va bel et bien de l’avant, celle-ci sera la première de ce qui s’annonce être la troisième phase de développement du parc industriel Jean-Noël Tessier.
D’ici là, la Ville devra construire les infrastructures nécessaires pour débuter cette autre phase, notamment l’aqueduc, les égouts ainsi qu’une nouvelle route d’accès.
«Nous sommes honorés par la décision du gouvernement du Québec d’attribuer un bloc d’énergie à notre projet Courant à Baie-Comeau. Cette reconnaissance est une marque de confiance dans notre vision et notre engagement à produire de l’hydrogène vert au Québec. C’est un pas de géant pour Hy2gen Canada et l’industrie des énergies renouvelables, qui nous permet de contribuer de façon significative à la décarbonisation de l’économie et à l’atteinte des objectifs ambitieux du Québec en matière de développement durable», a quant à lui commenté Cyril Dufau-Sansot, PDG de Hy2gen.
Le nombre exact de MW qui sera attribué à Hy2gen, comme pour les 11 projets retenus par le ministre Pierre Fitzgibbon, n’est pas encore connu. En entrevue avec Les Affaires la semaine dernière, le ministre disait qu’il y avait encore «des négociations qui vont avoir lieu, car ce n’est pas clair combien de MW exactement ces entreprises auront besoin. Nous sommes en train de négocier ça».
«Il reste encore environ 14 800 MW à accorder dans les prochaines années. Nous avons également refusé 1400. Les blocs de MW, ça ne marchera plus comme ça. Ce sera une liste qui sera dynamique parmi les projets qui n’ont pas été refusés, mais qui n’ont pas reçu de MW», a aussi affirmé le ministre.
Un moment «Bécancour»
Directeur du développement industriel chez Innovation et Développement Manicouagan, Guy Simard se plaît à croire que la ville de la Côte-Nord pourrait bientôt vivre son moment Bécancour, en référence à la municipalité du Centre-du-Québec, devenu le cœur de la filière batterie.
«C’est un terrain de 30 hectares. Dans notre zone aéroportuaire, nous avons beaucoup de grands terrains. Nous sommes contents que ce projet en soit un d’ancrage pour les infrastructures. À terme, d’ici 2027-2028, il y aura beaucoup d’investissements en infrastructures qui vont se faire ici. Au même titre que Bécancour est en train de vivre», explique Guy Simard.
«Cette annonce nous amène, à Baie-Comeau, à prendre une place dans la transition énergétique. Si on voulait décarboner le Nord, c’est difficile de le faire à partir du Sud. À partir de Baie-Comeau, nous pourrons servir de plateforme de décarbonation pour le Nord. On n’a pas eu beaucoup de projets de décarbonation au nord du 49e parallèle», poursuit Guy Simard.
En attendant la filière batterie
Pour le moment, donc, il n’y aura pas de projets de la filière batterie dans le nord de la province. Après avoir flirté avec Northvolt avant que l’entreprise suédoise ne choisisse de s’établir en Montérégie, Baie-Comeau se préparait l’hiver dernier pour l’arrivée de deux entreprises qui pouvaient se greffer à la filière.
Celui de Northern Graphite, entre autres, n’a visiblement pas été retenu. «Le projet de Northern Graphite n’était peut-être pas assez avancé pour être annoncé. Mais il va finir par avoir la considération du MEI et d’Hydro-Québec», dit de son côté Marcel Furlong, préfet de la MRC de Manicouagan.
Les autres projets retenus autres que celui d’Hy2gen sont ceux de l’Aluminerie Alouette (Sept-Îles), d’ArcelorMittal (Port-Cartier), un projet de relance économique à Thurso, Glencore (Rouyn-Noranda), Minerai de fer Québec (Fermont), Shango Canada (Port-Cartier) et Tiandingfeng Canada (Sorel).
Trois projets de la filière batterie ont également reçu un bloc de MW, soit Technologies Lithion (Bécancour), Vale Canada (Bécancour) et Réseau Allégé Québec, à Shawinigan.