Rouyn-Noranda a vu le jour grâce à la richesse minière de son sous-sol. Et cette industrie est toujours omniprésente dans son paysage économique.
Une ville et sa région
Série 6 de 9
Les Affaires prend la route afin de vous faire découvrir neuf municipalités qui se démarquent par leur vitalité économique.
Abitibi-Témiscamingue
Rouyn-Noranda, avec ses 40 000 habitants, est la principale ville de l'Abitibi-Témiscamingue. Son économie dépend essentiellement de l'exploitation et de la transformation des ressources minières et forestières, mais la ville attire de plus en plus de touristes avec son offre festivalière. Fortunée et diversifiée, cette agglomération au climat subarctique tente de tout mettre en place pour attirer - et garder - sa main-d'oeuvre.
Tout a commencé dans les années 1920, lorsque l'explorateur Edmund Horne a découvert un énorme gisement d'or et de cuivre qui a donné naissance à la ville de Rouyn-Noranda. Aujourd'hui encore, celle-ci bat au rythme de l'industrie minière et d'un projet d'investissement de 1 milliard de dollars pour faire renaître ce gisement. Son rôle de capitale administrative régionale lui assure aussi une plus grande diversité et une plus grande stabilité sur le plan économique.
Rouyn-Noranda a vu le jour grâce à la richesse de son sous-sol. Et cette industrie est toujours omniprésente dans son paysage économique, comme en témoignent l'immense fonderie de cuivre Horne, qui surplombe la ville, et l'ambitieux projet dont tout le monde parle : la remise en exploitation de la mine originelle. Sans oublier la présence de nombreux bâtisseurs de mines, notamment des ingénieurs, des foreurs, des équipementiers et autres entrepreneurs qui gravitent autour de cette industrie.
Contrer les effets des cycles miniers
«Rouyn est parfaitement située. La ville est au centre d'une région qui, avec Sudbury et le nord de l'Ontario à proximité, compte une quarantaine de mines parmi les plus profondes du monde», fait valoir Éric Beaupré, le PDG de Technosub. Les mines de la région ont d'ailleurs donné naissance à ce fabricant et distributeur de pompes industrielles submersibles et à bien d'autres équipementiers dont l'expertise est aujourd'hui reconnue ailleurs au pays et à l'échelle internationale.
De nombreux travailleurs qui résident à Rouyn-Noranda font aussi la navette vers le Nord-du-Québec, où des investissements majeurs ont été faits ces dernières années par des sociétés minières ou Hydro-Québec pour soutenir des projets d'envergure. Comme la mine d'or Éléonore et la mine de nickel Raglan. «On est dans un bon cycle minier et ça devrait se poursuivre», constate André Rouleau, directeur général du Centre local de développement de Rouyn-Noranda.
Contrairement à d'autres villes de l'Abitibi-Témiscamingue, Rouyn-Noranda est moins exposée aux aléas de l'industrie minière. Son statut de capitale administrative régionale, grâce auquel elle abrite de nombreux bureaux gouvernementaux fédéraux et provinciaux, des organismes de santé et l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, lui permet de «contrer les effets des cycles miniers et de profiter d'une plus grande stabilité économique», indique Sandra Lafleur, directrice régionale, Abitibi-Témiscamingue-Nord-du-Québec, de Développement économique Canada.
La ville compte aussi sur la diversification de son économie. CompuSport, une PME ayant commencé ses activités en 2011, développe des logiciels de gestion de ligues et de tournois pour des jeux de table (billard et dards) auxquels on joue partout dans le monde. Le fabricant de papier indépendant ABP Canada se mesure pour sa part aux géants de l'industrie.
Rouyn-Noranda est également devenue une ville de festivals qui attire un nombre grandissant de touristes. Les organisateurs des quatre festivals culturels majeurs de la ville - le Festival du cinéma international, le Festival des guitares du monde, le Festival de musique émergente et Osisko en lumière - ont même fait de l'oeil à Montréal cet été en y lançant une campagne publicitaire commune dans le métro intitulée «Prochaine station : Rouyn-Noranda !».
Pénurie de main-d'oeuvre
La ville travaille aussi au développement «d'un produit d'appel touristique permanent, différent de ce qu'on trouve dans d'autres régions, qui permettrait d'attirer davantage de visiteurs», souligne André Rouleau.
Le taux de chômage de la région de l'Abitibi-Témiscamingue, qui était le deuxième plus bas au Québec en avril dernier (à 4,7 %), témoigne de la santé économique de cette ville où le revenu familial disponible est l'un des plus élevés du Québec. «Ici, les travailleurs miniers font des salaires dans les six chiffres», précise M. Rouleau.
L'envers de la médaille : malgré une croissance de la population depuis quatre ans, «il y a une pénurie de main-d'oeuvre», note Sandra Lafleur. «On n'arrive pas à combler certains postes et ça freine même nos activités», confirme Éric Beaupré, en soulignant que le problème s'étend aux emplois administratifs.
Rouyn-Noranda est aussi devenue une ville de festivals qui attire des milliers de touristes.
Pour pallier la situation, les entreprises de Rouyn-Noranda vont jusqu'à recruter des employés dans le secteur forestier ou chez des agriculteurs de la région du Témiscamingue.
Autre défi d'importance : le manque de terrains pour poursuivre le développement tant industriel que commercial et résidentiel. «Des entreprises souhaiteraient s'implanter ou s'agrandir, mais on manque d'espace», déplore André Rouleau. Or, la solution n'est pas simple. Tous les terrains ont des droits miniers et il faut négocier avec les sociétés minières, qui hésitent à s'en départir. Il faut aussi s'entendre avec le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles du Québec, qui tarde toutefois à rendre des décisions. «Des démarches ont été entreprises depuis 2012 mais, cinq ans plus tard, ce n'est pas encore réglé», constate M. Rouleau.
Rendre la ville plus accessible
Entre-temps, la communauté d'affaires et les résidents se réjouissent de finalement voir le projet d'agrandissement de l'aéroport se concrétiser. Début juillet, les gouvernements du Canada et du Québec annonçaient une contribution financière de près de 25 millions de dollars (M$) pour l'agrandissement et la mise à niveau de cet aéroport régional, qui tient le troisième rang en matière de fréquentation après Montréal et Québec.
Le projet, qui totalisera des investissements de plus de 37 M$, prévoit principalement la construction d'une nouvelle aérogare de deux étages dont la superficie sera triplée par rapport à celle du bâtiment actuel. «Ce n'est pas un luxe. Nous sommes à une distance de Montréal ou de Toronto qui nécessite un transport aérien plus efficace», fait valoir André Rouleau.
Plus efficace et moins cher, souhaite-t-on. «Ça coûte une fortune. On a les tarifs les plus élevés du pays», indique Éric Beaupré, en soulignant que le transporteur Air Canada y règne en roi et maître. L'agrandissement de l'aéroport pourrait attirer d'autres transporteurs et assurer une meilleure compétitivité.
4,7 %
C'est le taux de chômage de la région Abitibi-Témiscamingue, qui était le deuxième plus bas au Québec en avril dernier. Cela témoigne de la bonne santé économique de cette ville où le revenu familial disponible est l'un de plus élevés au Québec.