[Photo : 123RF]
La première ronde de négociations sur l'ALÉNA a pris fin et, malgré les incertitudes qui entourent les pourparlers initiaux, il nous faut croire que ce processus aboutira à un traité moderne, mieux adapté à la réalité actuelle du commerce nord-américain.
L'internationalisation et la diversification de nos marchés sont essentielles à la croissance des entreprises. Au cours des 30 dernières années, le Québec et le Canada ont grandement bénéficié de la libéralisation des échanges. Il en est de même pour notre principal partenaire commercial. Nous demeurons convaincus que la croissance économique et le succès de nos industries passent par le développement de relations commerciales toujours plus étroites avec les États-Unis et le Mexique.
La Fédération des chambres de commerce du Québec a vigoureusement appuyé l'Accord de libre-échange canado-américain (ALÉ), puis l'ALÉNA. Depuis le début des années 2000, elle a participé directement à la mise en place de corridors de commerce avec les États de la Nouvelle-Angleterre et de New York. Ces liens privilégiés établis avec plusieurs acteurs économiques américains influents nous confirment que ceux-ci partagent notre conviction, car ils comprennent bien que 35 États américains ont le Canada comme principal partenaire commercial et que l'emploi de neuf millions de leurs concitoyens est directement lié aux échanges avec notre pays.
Même si la renégociation se fait dans un contexte où le gouvernement américain menace de déchirer l'accord, il faut considérer la réouverture de l'ALÉNA comme une occasion à saisir. Certaines parties de l'entente ne répondent plus aux réalités d'aujourd'hui, par exemple des dispositions entourant la mobilité de la main-d'oeuvre. À titre d'exemple, des emplois en forte demande aujourd'hui, notamment ceux liés aux technologies de l'information, n'existaient pas lorsque l'ALÉNA a initialement été négocié.
À plusieurs égards, le texte du Partenariat transpacifique (PTP), dont l'administration Trump a malheureusement choisi de se retirer l'an dernier, doit servir d'inspiration aux négociateurs de l'ALÉNA. Les dispositions sur le commerce électronique, la coopération réglementaire, le droit du travail et l'environnement sont absents de l'ALÉNA, alors que ces questions sont désormais au coeur des enjeux commerciaux.
Les priorités de négociation de l'administration américaine étant bien connues, il faut que le gouvernement canadien adopte une position offensive sur des questions prioritaires pour les entreprises québécoises. C'est le cas de l'accès aux marchés publics, où nos entreprises exportatrices se butent à des règles de plus en plus contraignantes. Les négociateurs canadiens, accompagnés de représentants du Québec, doivent réussir à protéger les spécificités canadiennes en réaffirmant l'importance de l'exception culturelle et de la gestion de l'offre, dont les bénéfices économiques ne sont plus à démontrer, et en exigeant un mode de règlement des différends équitable et impartial.
La renégociation de l'ALÉNA doit maintenir ou améliorer les grandes orientations qui ont été à l'origine de l'accord initial et qui ont fait son succès. En éliminant ou en réduisant de manière substantielle les obstacles au commerce des biens et des services, en facilitant la mobilité de la main-d'oeuvre spécialisée et en nous assurant du maintien des règles d'origine dans le cadre d'une production industrielle intégrée, nous verrons de multiples occasions s'offrir à nous. Il faut les saisir.
Stéphane Forget, MBA,président-directeur général,
Fédération des chambres de commerce du Québec
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