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La musique en ligne écoutée sans téléchargement a dopé les ventes mondiales de musique qui ont enregistré en 2015 leur première hausse marquée depuis près de vingt ans, inflexion saluée même si la valorisation de la musique inquiète.
Les ventes de musique dans le monde ont augmenté de 3,2% en 2015 par rapport à l'année précédente pour atteindre 15 milliards de dollars, selon des chiffres publiés mardi par la Fédération internationale de l'industrie phonographique (FIIP).
C'est la première hausse sensible depuis 1998 (4,8%), soutenue par les ventes de musique dématérialisée, qu'il s'agisse d'écoute en ligne seule ou de téléchargement.
Ce segment du marché est désormais le plus important de l'industrie et pèse 45% du chiffre d'affaires du secteur, contre 39% aux ventes physiques.
Les ventes dématérialisées sont en hausse de 10,2% par rapport à 2014, une progression dopée par la musique en ligne écoutée sans téléchargement, le «streaming», qui enregistre un bond de 45,2% sur un an.
En cinq ans, les revenus tirés du streaming ont été multipliés par quatre. Le nombre d'abonnements à des services de musique en ligne se montait fin 2015 à 68 millions, contre 8 millions seulement en 2010, selon la FIIP.
Dans trois pays, les États-Unis (20%), le Royaume-Uni (19%) et la France (16%), le streaming représente une part majeure du chiffre d'affaires de l'industrie musicale.
La flambée de l'écoute en ligne sans téléchargement fait plus que compenser, pour la première fois, le repli du marché physique, qui s'est encore contracté de 4,9% en 2015.
S'il pourrait constituer un tournant, le rebond du chiffre d'affaires de l'industrie musicale n'efface pas, loin s'en faut, la baisse qu'a connu le secteur depuis la fin des années 90.
La musique enregistrée ne pèse aujourd'hui qu'un peu plus de la moitié de ce qu'elle représentait à son apogée, en 1998.
Les sites gratuits ciblés
Les responsables du secteur, qui ont salué les bons chiffres de 2015, ont également relativisé cette embellie du fait du débat actuel sur la juste valorisation de la musique.
«La valeur de la musique n'est pas encore complètement reconnue. Aujourd'hui, il y a un réel optimisme dans le secteur, mais nous avons encore un long chemin à parcourir pour déclarer que 'la mission est accomplie'», a affirmé Stu Bergen, PDG des services à l'international du groupe Warner Music, lors d'une conférence de presse téléphonique.
Les éditeurs de musique appellent ainsi le législateur à se saisir du sujet, pour en finir avec «l'écart de valeur» qui existe, selon eux, entre la participation financière des plateformes payantes et celles des sites gratuits.
Les plateformes payantes d'écoute en ligne, qui comptent 68 millions d'abonnés, ont ainsi généré pour l'industrie deux milliards de dollars de revenus, alors que les sites gratuits n'ont contribué qu'à hauteur d'un tiers (634 millions de dollars), malgré leurs 900 millions d'utilisateurs.
Le nom de YouTube, plateforme où de la musique serait écoutée par 800 millions de personnes par mois selon certaines estimations, revient régulièrement dans le rapport.
La FIIP relève que la Commission européenne a admis, dans un rapport publié en décembre 2015, que la situation n'était pas équitable et devrait faire de premières propositions courant 2016.
Sur le plan géographique, la plus forte progression est à mettre au crédit de l'Amérique latine, dont le chiffre d'affaires a augmenté de 11,8%.
L'Amérique du nord (+1,4%) et l'Europe (2,3%) ont, en revanche, connu une hausse modérée.
Par pays, la France est le membre du top 10 qui a enregistré le plus fort recul (2,2%).
À l'opposée, la Chine a connu un bond de 64%, favorisé notamment par l'implantation de la plateforme de musique en ligne Apple Music. Marché gigantesque mais miné par le piratage, la Chine n'arrive encore qu'au 23ème rang sur le plan du chiffre d'affaires de l'industrie musicale.
L'introduction d'un cadre légal pour lutter contre le piratage pourrait favoriser la poursuite d'une croissance soutenue. «Le plus gros potentiel de croissance au monde pour la musique est en Chine», a affirmé Edgar Berger, PDG de Sony Music.