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En cette Semaine de la canne blanche, le Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec (raaq.qc.ca) m'a proposé à moi, une personne légalement non voyante, de prendre position dans le journal Les Affaires sur un sujet qui me tient à coeur.
Je travaille en ressources humaines avec une spécialisation en rémunération. J'occupe un poste chez Fiera Capital depuis plus de deux ans. Fiera est une firme québécoise de gestion de placement fondée en 2003. J'ai un baccalauréat et une maîtrise en relations industrielles de l'Université Laval. Avec un résidu visuel de l'oeil gauche d'environ 5 à 10 %, une cécité complète de l'oeil droit et une surdité totale de l'oreille droite, les défis n'ont pas manqué !
Je dois ma réussite à trois facteurs : mon éthique de travail, le soutien de ma famille et de mes proches ainsi que l'aide reçue de l'ensemble des personnes que j'ai rencontrées au cours de mon cheminement académique et professionnel.
Si je n'avais pas pu avoir recours à des ressources spécialisées en basse vision comme l'Institut Nazareth et Louis Braille, à des services spécialisés de main-d'oeuvre ou encore à l'aide de professeurs pour répondre à mes besoins particuliers, je ne serais sûrement pas rendu là où je suis aujourd'hui.
L'État doit continuer de jouer un rôle de premier plan en ce qui a trait aux différents services offerts aux enfants : santé, éducation, alimentation. Il doit également s'investir dans l'octroi de services permettant à tout membre d'une minorité de jouer un rôle actif dans la société.
Les finances publiques du Québec sont par contre dans un état inquiétant. On ne peut taxer davantage les contribuables. Il faut donc diminuer les coûts assumés par l'État afin qu'il puisse continuer d'investir les sommes nécessaires aux programmes et services qui nous permettront de devenir une collectivité plus riche. Mais où couper ?
Les mesures qui sont actuellement prises par le gouvernement de Philippe Couillard visent à assainir les finances publiques. On peut par contre se demander quels en seront les effets à long terme. Nous devons préciser ce que nous voulons prioriser :
- Quels services devraient être maintenus et soumis à des standards de productivité et de qualité auxquels nous sommes en droit de nous attendre à titre de contribuables ?
- Quels services devraient être soumis à un financement spécifique de taxe volontaire ou d'utilisateur-payeur ?
- Quels services devraient être privatisés et ainsi soumis aux lois du marché et à la libre concurrence ?
Nous devons d'abord nous interroger sur nos valeurs fondamentales ; les coupures dans les programmes viendront ensuite.
Éric Boutet, directeur principal, ressources humaines et rémunération, de Fiera Capital
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