La ville de Qingdao, en Chine. Photo: Shutterstock
Andrée-Lise Méthot est tout sourire. Attablée devant un café latte au Shangri-La Hotel de Shanghai-Ouest, la présidente du fonds d’investissement Cycle Capital tire une fierté non contenue des ententes de principe que la société québécoise Enerkem a signées lors de la mission du gouvernement Couillard en Chine en vue de bâtir deux usines de biocarburants, l’une à Shanghai, l’autre à Qingdao.
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Enerkem est un de ses « bébés », c’est-à-dire une des sociétés que son fonds en technologies vertes a aidée à grandir, mais aussi parce que la la percée chinoise d’Enerkem est liée aux relations que Cycle Capital a tissées avec l’un des partenaires chinois, Qingdao Construction Investment Group, une société de construction détenue par le gouvernement municipal de Qingdao.
Car c’est un peu grâce à Cycle Capital que Qingdao Construction Investment Group est devenu aussi partenaire de construction d’une usine avec Enerkem.
« Qingdao Construction Investment Group est un holding qui vaut 5,5 milliards $CAN, précise Andrée-Lise Méthot. Nous les avions contactés parce que nous cherchions un partenaire chinois pour investir dans notre fonds et aider nos entreprises à percer ici», explique-t-elle.
L’entreprise chinoise lui avait été référée par un fonds américain à qui elle avait donné des conseils dans les technologies vertes, poursuit-elle.
« Je les ai approchés voilà un an et demi et on s’est rencontrés à plusieurs reprises. Voilà six mois, quand ils se sont déplacés au Québec, on les a emmenés voir l’usine de Enerkem à Edmonton. Ils ont tellement aimé, qu’ils ont décidé de devenir partenaire dans l’usine. En plus d’investir dans Cycle Capital ».
Un doublé ? « C’est la beauté de l’affaire. Ils vont investir quelques millions dans Cycle Capital – en plus du partenariat avec Enerkem. En contrepartie, nous allons les aider à monter leur propre fonds en technologies vertes à Qingdao », révèle encore Andrée-Lise Méthot. Cycle Capital va partager avec son nouveau partenaire les meilleures pratiques en capital de risque dans les technologies vertes.
Une première entente annoncée mardi est celle entre Enerkem, un leader mondial en fabrication de biocarburants à partir de déchets, et le Shanghai Environnement Corporation, qui gère 70% des déchets dans cette ville de 25 millions d’habitants. Elle prévoit une collaboration pour trouver un site, et vérifier si les déchets peuvent être traités. Dans cette entente, Enerkem a un autre partenaire chinois, le Shanghai Marine Diesel Engine Research Institute.
L’autre entente touche la ville de Qingdao. On y bâtirait le même type d’usine qu’Enerkem a construite à Edmonton, où elle traite 100 000 tonnes de déchets par année pour fabriquer 10 millions de tonnes de biocarburants. C’est un début, qui pourrait être prometteur puisque la Chine a déjà trop d’incinérateurs.
Comme les usines d’Enerkem sont pré-assemblées au Québec, les deux ententes pourraient se traduire par des retombées de 325M$ dans la province.
Bien qu’il s’agisse de bonnes nouvelles, on est loin de la coupe aux lèvres puisqu’il ne s’agit encore que d’ententes de principe. Si on les a dévoilées, c’est pour les faire coïncider avec la mission commerciale du Québec en Chine.
Cette percée d’Enerkem en Chine, si elle se réalise, représente bien la stratégie de Cycle Capital: « Faire du chemin en même temps que nos entreprises », dit Andrée-Lise Méthot.
Et si l’investissement de Qingdao dans Cycle Capital se concrétise, il deviendra le premier partenaire chinois dans le fonds québécois.
Cycle Capital est capitalisé à la hauteur de 230 M$ et ses principaux partenaires sont le fonds de solidarité de la FTQ, le gouvernement du Québec, des joueurs industriels stratégiques comme Rio Tinto, et un fonds d’investissement suisse.
Notre journaliste Suzanne Dansereau se trouve en Chine, où elle couvre la mission commerciale initiée par le gouvernement du Québec.
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