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Solution : une aide gouvernementale adaptée aux disparités régionales
La COVID-19 s'est révélée meurtrière pour l'emploi, pis, elle s'est montrée injuste envers ses victimes, frappant davantage certaines régions du Québec que d'autres. Les données de l'Institut de la statistique du Québec permettent en effet de dégager un Top 5 des régions les plus touchées en matière de destruction d'emplois (variation régionale de l'emploi en juillet 2020 par rapport au même mois de l'année précédente) :
1. Laurentides : -17,2 %
2. Abitibi-Témiscamingue : -13,1 %
3. Capitale-Nationale : -12,9 %
4. Bas-Saint-Laurent : -10,4 %
5. Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine : -9 ,9 %
En guise de comparaison, la moyenne du Québec correspond à un recul de l'emploi de 6,2 %. À Montréal, la baisse est de 5,4 %, et celle du Grand Montréal, de 5,7 %. Enfin, la région qui s'en sort le mieux est Lanaudière, avec une progression de 2,9 %.
«La période actuelle du marché du travail peut être comparée à un tremblement de terre, note Joëlle Noreau, économiste principale, d'Études économiques Desjardins. Une fois le choc passé, la poussière retombe, on essaie d'y voir un peu plus clair et de mesurer l'ampleur des dégâts. Puis, on tente de se relever. À présent, une question se fait brûlante : dans quelle mesure la situation de 2019, où la surchauffe du marché du travail était devenue la norme, pourra-t-elle être reconduite ? Sûrement pas à brève échéance pour l'ensemble des travailleurs. À cet égard, deux indicateurs sont à surveiller : la confiance des ménages et la demande des consommateurs, car ceux-ci accéléreront ou modéreront le tempo de la reprise de l'économie, et donc de l'emploi.»
Que fait le gouvernement Legault pour favoriser la reprise ? Il entend tout miser, ou presque, sur le «goudron et le béton», en lançant à la rentrée un vaste programme de rénovation et de construction d'infrastructures touchant l'ensemble des régions de manière relativement uniforme. Le hic, c'est qu'une telle politique ne tient pas compte des différences régionales en matière de destruction d'emplois, du fait que les régions les plus meurtries vont avoir plus de mal à se relever du «tremblement de terre» que les autres et risquent même d'en garder des séquelles durables.
De toute évidence, une aide gouvernementale adaptée aux disparités régionales s'impose, mais elle ne semble pas à l'ordre du jour. La grogne va-t-elle dès lors éclater en région cet automne, notamment dans les Laurentides, en Abitibi-Témiscamingue ou dans la Capitale-Nationale ? Des chômeurs et des employeurs étranglés par la crise vont-ils finir par entrer dans une colère noire ? À suivre...