[Photo: Bloomberg]
La place financière de Hong Kong, région semi-autonome et voie d'accès privilégiée à la Chine continentale, joue un rôle primordial quand il s'agit de faciliter la sortie opaque des capitaux de ce pays.
Les Panama Papers montrent comment plus de 16 300 sociétés offshore ont été enregistrées par le cabinet panaméen Mossack Fonseca, pour le compte des clients de ses huit bureaux en Chine continentale et à Hong Kong, soit 29% du total.
Des chiffres qui illustrent que certains riches Chinois sont prêts à aller loin pour sauvegarder leurs avoirs malgré les systèmes de contrôle de Pékin.
« Les Chinois placent leur argent offshore car l'économie ralentit », explique Andrew Collier, analyste chez Orient Capital Research, cabinet installé dans l'ancienne colonie britannique revenue en 1997 dans le giron de la Chine.
« Le marché immobilier s'effondre dans de nombreuses régions chinoises (...) tandis qu'il y a des inquiétudes sur la campagne anti-corruption et l'impact qu'elle pourrait avoir sur la sécurité des capitaux en Chine », dit-il.
La place financière de Hong Kong, qui jouit de libertés inconnues sur le continent, est un pivot majeur du système.
La falsification des factures --sous-évaluation des biens exportés et surévaluation des biens importés via Hong Kong-- est l'une des façons de sortir l'argent de Chine, selon les analystes.
L'argent généré est placé dans des comptes offshore.
« Beaucoup de gens disent qu'il y a un énorme système de fausses factures concernant les biens échangés entre la Chine et Hong Kong, et Hong Kong est utilisée comme étape pour sortir du capital », ajoute M. Collier.
Les sorties de capitaux sont limitées à 50 000 dollars par an et par personne par Pékin.
D'après David Webb, ancien banquier devenu militant de la transparence financière, la Bourse de Hong Kong, comme son registre des sociétés, n'est pas totalement limpide car les autorités de l'ex-colonie ne veulent pas perdre leurs clients chinois.
« Ils ont adopté une politique du +ne demande rien, ne dit rien+, sachant qu'il y a une énorme corruption en Chine », déclare-t-il. « Ils s'inquiètent » de l'éventualité que des contrôles supplémentaires « ne portent atteinte au volume des affaires et à l'attrait d'être coté à Hong Kong ».
Les touristes chinois ne peuvent sortir du pays que 20 000 yuans ( 3 090 dollars) en espèces et l'équivalent de 5 000 dollars en devises étrangères.
Des « mules » tentent donc de franchir les frontières en cachant, contre rémunération, des liasses de billets sur leur personne ou dans leurs bagages.
Des changeurs hongkongais aident aussi les riches Chinois à sortir leurs capitaux du pays.
« Plus un gouvernement impose de restrictions aux mouvements de capitaux, plus le secteur financier illégal sera important », ajoute M. Webb.
Autre technique, les commerces peuvent rembourser immédiatement, en liquide et contre une commission, des clients ayant acheté des produits de luxe par carte de crédit.