«Le Canada ferait une erreur monumentale s'il n'arrivait pas à conclure un accord avec la Corée du Sud» - Wendy K. Dobson, de l'Université de Toronto
Dans une lettre ouverte à Stephen Harper publiée dans le National Post, vous soulignez à quel point la reprise des pourparlers afin de conclure un accord de libre-échange avec la Corée du Sud est cruciale pour le Canada. Pourquoi ?
D'un point de vue géopolitique, le Canada ferait une erreur monumentale s'il n'arrivait pas à conclure un accord après une décennie de pourparlers, car nous n'avons aucune entente de libre-échange en Asie. [Le Canada négocie toutefois avec l'Inde, le Japon et Singapour, sans parler du Partenariat transpacifique, regroupant 12 pays.] Pourtant, beaucoup de pays, comme l'Australie, négocient en ce moment des accords de libre-échange avec la Corée du Sud. [Les États-Unis et l'Union européenne ont déjà des accords de libre-échange avec la Corée du Sud.] La Chine n'est pas en reste : Beijing et Séoul ont récemment amorcé des discussions. De plus, parallèlement à cette démarche, la Chine, la Corée du Sud et le Japon étudient la possibilité de créer une zone de libre-échange dans le nord de l'Asie. Le Canada a donc tout à perdre en étant absent de cette région du monde très dynamique.
Les négociations stagnent en raison de l'opposition de l'industrie automobile qui craint la concurrence sud-coréenne. Ottawa peut-il la rallier à un accord ?
Je pense que l'industrie reconnaît qu'elle reçoit de l'aide gouvernementale, payée à partir des impôts des contribuables canadiens, pour les investissements qu'elle a promis de faire au Canada. Dans ce contexte, l'industrie doit aussi tenir compte de l'intérêt de l'ensemble de l'économie canadienne dans un accord de libre-échange avec la Corée du Sud.
Quels seraient les avantages pour le Canada ?
Beaucoup de secteurs profiteraient d'une abolition des tarifs douaniers pour exporter en Corée du Sud, de l'agroalimentaire (dont les fruits de mer) à l'aérospatiale, en passant par les mines, les équipements médicaux et les produits forestiers. De plus, un accord éliminerait les barrières non tarifaires et créerait un mécanisme pour appliquer les termes de l'accord et régler les différends commerciaux.