(Photo: La Presse Canadienne)
Alejandra Laria Aleaga était ravie de voir une offre d’emploi apparaître dans sa boîte de réception en octobre 2021.
À l’époque, elle en était à sa dernière année d’université et cherchait activement des occasions dans des sociétés de jeux vidéo et des studios d’animation, après avoir obtenu son diplôme d’illustration.
«Étant une étudiante endettée, et en quelque sorte désespérée de trouver un emploi et de m’assurer d’avoir un emploi après avoir obtenu mon diplôme, j’étais vraiment excitée et je me suis dit: “Oh wow ! Une société de jeux vidéo me demande de travailler pour eux”», se souvient Alejandra Laria Aleaga.
Le courriel, qui n’a pas atterri dans son dossier de pourriels, semblait provenir d’une société de jeux vidéo réputée aux États-Unis et mentionnait que la société l’avait remarquée par l’entremise d’un site web de portefeuille où des artistes prometteurs partagent leurs créations afin de trouver du travail, dit-elle.
Alejandra Laria Aleaga a expliqué s’être ensuite engagée dans ce qui semblait être un processus d’embauche légitime, qui impliquait un entretien par textos, la signature d’un contrat et l’achat de cartes-cadeaux pour acquérir l’équipement dont elle avait besoin pour son nouvel emploi auprès d’un fabricant en ligne, avec la promesse qu’elle serait remboursée.
Mais c’était trop beau pour être vrai, poursuit la jeune professionnelle de Kingston, en Ontario, et elle a fini par perdre 3000 $.
«Je me suis sentie vraiment frustrée et vraiment très stressée», admet-elle.
Les jeunes, un groupe plus à risque
Bien que les jeunes Canadiens puissent se sentir à l’abri de la fraude financière, les résultats d’un récent sondage des Comptables professionnels agréés du Canada (CPA Canada) indiquent qu’ils sont les plus susceptibles d’en être victimes. Pas moins de 63% des personnes âgées de 18 à 34 ans affirment avoir été victimes d’au moins un type de fraude financière au cours de leur vie, une proportion plus élevée que celle de tout autre groupe démographique.
Et avec la progression de la fraude financière, des experts estiment qu’il est crucial pour les jeunes Canadiens de rester prudents afin d’éviter de perdre des centaines, voire des milliers de dollars.
«Il faut toujours être vigilant et attentif à l’activité qu’on mène et attentif aux demandes. Et ces demandes peuvent provenir d’appels téléphoniques, de textos, même sur les réseaux sociaux», explique Mohamed Manji, vice-président de la gestion des fraudes canadiennes à la Banque TD.
Avec la hausse du coût de la vie, Mohamed Manji observe que les fraudeurs profitent de la vulnérabilité des Canadiens qui essaient simplement de joindre les deux bouts.
En 2022, le Centre antifraude du Canada a indiqué avoir reçu des rapports de fraude et de cybercriminalité totalisant 530 millions de dollars de pertes pour les victimes, soit une augmentation de près de 40% par rapport à l’année précédente.
Pour se protéger contre la fraude financière, Mohamed Manji recommande de choisir des numéros d’identification personnels et des mots de passe à la fois privés et solides, de ne pas ouvrir de liens provenant de sources qu’on ne reconnaît pas et d’examiner régulièrement ses transactions financières pour surveiller toute activité suspecte.
Plus important encore, il encourage les gens à être mieux informés des types de fraudes financières qui existent, comme la fraude par carte de crédit, la fraude par courriel ou par hameçonnage et la fraude par carte de débit.
«Il faut prendre le temps de se renseigner sur les types d’escroqueries courantes et sur la façon de se protéger», croit Mohamed Manji.
«De plus, chaque fois qu’on effectue des transactions financières, on doit s’assurer de savoir à qui on a affaire et poser des questions d’approfondissement. Il faut prendre du recul et se demander si on remarque des drapeaux rouges, si on subit des pressions, si quelqu’un demande de mentir. Si la réponse est oui à l’une de ces questions, il y a de fortes chances que ce soit une arnaque.»
Garth Sheriff, bénévole en littératie financière pour CPA Canada et fondateur de Sheriff Consulting, souligne qu’il est important de s’assurer que les sites web sur lesquels on entre des renseignements personnels sont sécurisés, leur adresse commence par «https» et est accompagnée d’un petit symbole de cadenas, et qu’on prend un moment pour se demander quelles informations sont demandées et si elles sont nécessaires.
«Habituellement, ces quelques étapes de diagnostic peuvent empêcher la saisie d’informations sur un site web potentiellement frauduleux, un courriel ou une application», croit-il.
Signaler les fraudes
Cependant, si on est victime d’une fraude financière, Garth Sheriff affirme qu’on ne doit pas avoir honte. Il suggère de changer ses mots de passe et de le signaler à son institution financière, au Centre antifraude du Canada, à la police, ainsi qu’aux personnes qu’on connaît pour éviter qu’elles ne deviennent, elles aussi, des victimes.
«Une grande partie de cela consiste également à s’assurer de faire passer le mot à ce sujet», note Garth Sheriff.
«Alors il faut s’assurer de simplement savoir où aller quand cela se produit et tenir tout le monde au courant de ce qui se passe.»
Avec le recul, Alejandra Laria Aleaga estime qu’elle aurait pu remarquer certains signaux d’alarme dans la fausse offre d’emploi qu’elle avait reçue.
Mais l’expérience lui a appris à se méfier des offres d’emploi par courriel, à toujours faire des recherches sur les entreprises qui la contactent spontanément, à créer des mots de passe rigoureux, à vérifier fréquemment ses relevés bancaires et à poser plusieurs questions avant de partager des informations personnelles.
Elle conseille aux autres jeunes Canadiens de prendre des mesures de protection similaires.
«Surtout si les gens sont vraiment catégoriques et vous forcent à faire un achat ou quelque chose de ce genre, soyez conscient de cela», prévient-elle.
«Nous pensons toujours que ce sont les personnes âgées qui sont les victimes de la fraude financière, mais je suppose que les escrocs deviennent de plus en plus sophistiqués et que tout le monde est essentiellement à risque, tout le monde est une cible potentielle.»