Saint-Jean, T.-N.-L. — Adam Lichter dit avoir passé sa dernière année professionnelle dans l’industrie pétrolière de Terre-Neuve-et-Labrador à maîtriser l’art de la programmation informatique. Il travaillait alors sur un navire de ravitaillement dans un champ pétrolifère à environ 350 kilomètres des côtes de Saint-Jean.
C’était en 2015. Il passait à ce moment ses journées à opérer des véhicules sous-marins autonomes dans le champ pétrolifère Terra Nova, puis ses soirées à apprendre les langages du code informatique. Une initiative entreprise en raison de la menace toujours omniprésente d’un effondrement de l’industrie, a-t-il partagé.
M. Lichter fait partie d’un nombre croissant de travailleurs du secteur pétrolier qui réorientent leur carrière vers le secteur des technologies. Il œuvre désormais à titre de développeur de logiciels chez Mysa, une firme de Saint-Jean spécialisée dans les thermostats intelligents.
«Il y a d’excellents avantages à travailler au large, a souligné Adam Lichter, 37 ans, lors d’un récent entretien. Mais en travaillant dans les technologies, je peux rentrer chez moi tous les soirs pour être auprès de ma famille. Les horaires sont plus flexibles.»
Mysa est l’une des nombreuses entreprises technologiques citées en exemple pour illustrer ce qu’il est possible de réaliser dans la province de l’Atlantique. Même chose pour le fleuron Verafin, acheté par Nasdaq en février dernier.
Dans un discours devant un groupe d’anciens de l’Université Memorial, le mois dernier, le cofondateur de Verafin, Jamie King, a affirmé que son système spécialisé dans la détection des fraudes emploie environ 800 personnes, dont 600 qui proviennent de l’université.
Mysa, fondée il y a cinq ans, compte une centaine d’employés et pas moins de 16 postes disponibles étaient affichés la semaine dernière.
À titre comparatif, le champ pétrolifère Terra Nova fournissait 422 emplois directs en date du 30 juin dernier selon un rapport du principal actionnaire Suncor Énergie. L’entreprise comptait près de deux fois plus d’employés en 2015.
Au total, l’industrie pétrolière au large des côtes de Terre-Neuve a mis à pied plus de 6000 travailleurs entre 2015 et 2020. Environ 3100 personnes travaillaient toujours dans ce secteur économique en date du 30 juin dernier.
Cofondateur de Get Coding, Jan Mertlik a créé sa boîte de formation pour aider à remédier au besoin de compétences en la matière. Il affirme qu’environ 20% de ses étudiants sont des travailleurs de l’industrie des hydrocarbures. La majorité d’entre eux sont d’ailleurs toujours dans le domaine, mais se préparent à réorienter leur carrière.
«Ce qu’ils nous disent c’est qu’ils ressentent beaucoup d’incertitudes dans l’industrie et que ce mode de vie n’est pas durable», a partagé M. Mertlik.