Lorsque des professionnels en exercice, qui possèdent plusieurs années d'expérience, font un MBA à temps partiel, ils vivent des années très occupées pendant lesquelles ils doivent mener de front leur carrière professionnelle, leur vie personnelle - à l'âge où beaucoup sont jeunes parents - et leurs études. Immersion avec Stéphanie Levasseur, future maman.
Un jeudi de décembre, 18 h 30. Dehors, la neige a déjà envahi les trottoirs. Stéphanie Levasseur, 31 ans, arrive à HEC Montréal, le pas décidé, son ventre rebondi de femme enceinte caché sous son manteau. Elle se prépare à assimiler un cours de trois heures en stratégie. Un des cours obligatoires de son MBA à temps partiel réparti sur deux ans, commencé en 2012.
Dans la salle de classe, une quarantaine d'étudiants âgés de 35 à 40 ans suivent le cours de Gilles Bourdeau, un consultant en stratégie et en gouvernance des technologies, sur les «missions d'entreprises visionnaires». Un cours de la deuxième étape consacrée à la gestion des enjeux opérationnels et stratégiques. On y décortique des cas d'entreprises dans des situations diverses afin d'apprendre à analyser leur situation et à recommander des orientations.
Tous les étudiants présents arrivent du bureau - banque, cabinet d'ingénieur, département de logistique de grandes entreprises - d'où ils ont dû s'extirper à 18 h pour arriver à temps au cours, comme c'est le cas deux fois par semaine.
Lecture de coupures de presse sur l'actualité des entreprises, projection du cours sur le tableau blanc... Les élèves prennent des notes, rendent un devoir préparé dans la semaine, posent des questions. La méthode est traditionnelle, mais efficace. «Procéder par étude de cas nous met en situation, car cela nous demande de trouver, en fonction de notre analyse de la situation de l'entreprise, quelles orientations on prendrait. On apprend à se connaître en tant que gestionnaire», explique Stéphanie Levasseur.
Deux années intenses
La bachelière en kinésiologie a décidé de faire un MBA alors qu'elle était coordonnatrice de projet à l'hôpital Sainte-Justine. «Après mon MBA, j'aimerais travailler dans le privé. Pour cela, il faudra que je connaisse bien les objectifs de l'entreprise afin de proposer des mesures liées à ses problématiques», explique la jeune femme. À la prochaine étape, qui permet de se spécialiser, elle suivra un cours sur la gestion de projet et sur les ressources humaines.
Quand elle a commencé son MBA à temps partiel, Stéphanie n'avait ni conjoint ni projet de grossesse. Elle a rencontré son amoureux, Bernard Thibeault, dans un des premiers cours de MBA, et un petit garçon naîtra le mois prochain. Voilà pour la petite histoire.
Pour le reste, sa vie ressemble à celle de ses collègues : deux années intenses. Étude, travail de groupe et rédaction des devoirs imposés occupent les soirées et les week-ends. «Toutes les six semaines, on a un nouveau cours qui commence avec les lectures, les devoirs, le travail de groupe et les examens. Il n'y a aucun répit !»
Au-delà des heures de cours, il y a le travail personnel. «Pour bien se préparer à un cours, ça peut prendre une journée, le temps, par exemple, de lire deux fois, comme c'est recommandé par le professeur, les 15 pages donnant des informations sur l'entreprise dont on va étudier le cas en classe», précise la jeune femme.
Il y a aussi les lectures ainsi que les travaux individuels et de groupe. Pour ces derniers, «on se voit presque tous les week-ends», indique la jeune femme. Au total, il faut en général fournir plus de 20 heures de travail personnel.
Stéphanie Levasseur estime avoir de la chance que son conjoint, à l'emploi de Bombardier Aéronautique, soit dans la même classe qu'elle. «On se comprend et on s'entraide», affirme-t-elle.
Le couple souffle un peu depuis que Stéphanie ne travaille plus. Une pause temporaire puisque, dans quelques semaines, Stéphanie et son conjoint devront terminer leur MBA avec un nourrisson à la maison.