Impossible de s'en sauver. Devenir entrepreneur, c'est aussi, tôt ou tard, devenir employeur. Et les employés, ces humains, sont des êtres imprévisibles qu'il faut apprendre à gérer. Éluder la question, c'est se placer en position de grave danger dont l'entreprise pourrait ne pas sortir indemne. Bienvenue dans l'enfer des ressources humaines !
«C'est très, très compliqué de gérer des gens», a avoué Marie-Claude Duquette, à la tête de l'entreprise Les Imprimés Triton, lors de la dernière émission de radio numérique Les Dérangeants, enregistrée devant public au Desjardins Lab. «À mon avis, les ressources humaines, c'est l'une des variables que l'on sous-estime le plus dans une entreprise, renchérit Jean-Daniel Petit, de Beside et d'Abitibi & Co. Ça prend beaucoup de ton temps, comme entrepreneur.»
Malgré leur sagesse apparente actuelle, des erreurs, nos Dérangeants en ont commis. Et pas qu'une seule ! «Ça m'est arrivé de ne pas renvoyer quelqu'un assez rapidement, a expliqué Jean-Daniel Petit. Cette personne-là était très toxique. Personne ne voulait travailler avec elle. Cependant, elle était très efficace. C'est pour ça que j'hésitais à lui montrer la porte. Quand je l'ai fait, la productivité du service a doublé !»
Pour Marie-Claude Duquette, sa pire erreur a été d'embaucher quelqu'un de manière précipitée. «J'aurais dû attendre au lieu de mettre la personne dans la mauvaise chaise, quitte à compenser moi-même pour le manque d'effectifs», se rend-elle compte avec le recul.
Quelques astuces
Attention toutefois de ne pas jouer au cowboy lorsque vous devez licencier un employé. Un document de la Banque de développement du Canada rappelle que «des règles s'appliquent et que les employeurs doivent respecter les exigences minimales prévues par la loi».
Bref, même si la taille de votre entreprise ne requiert pas d'avoir un service des ressources humaines, vous informer peut vous permettre d'épargner de gros sous et d'éviter des problèmes légaux importants.
Nos Dérangeants partagent quelques trucs et astuces qu'ils ont développés au fil du temps, avec l'expérience. Ainsi, Noah Redler, d'Arche Innovation, croit qu'il faut, comme patron, «faire très attention à ce que tu dis et à la façon de dire les choses, car tout est question de perception. De plus, l'attitude et les émotions du boss sont contagieuses et vont affecter toute l'équipe.»
Jean-Daniel Petit suggère, lui, de se trouver un complice, comme un partenaire d'affaires, afin de pouvoir ventiler à la fin de la journée. «Il faut sortir le méchant !» a-t-il lancé à la blague. Durant les entrevues qu'il fait passer aux candidats, l'entrepreneur emploie ce qu'il a surnommé la «méthode des 3 F». «Je pose toujours trois questions : le Foin, soit combien veux-tu gagner ? La Foi, soit est-ce que tu crois aux valeurs de l'entreprise ? Et enfin, le Fun, c'est-à-dire est-ce que tu auras du plaisir à travailler ici ?»
La dirigeante du Groupe Triton, Marie-Claude Duquette, conseille d'utiliser des tests afin d'évaluer les futurs employés. «Ça aide énormément à mieux connaître la personne, pense-t-elle. Tu dois aussi apprendre à devenir le meilleur leader possible. C'est ton rôle d'accompagner tes employés et d'essayer de les rendre heureux. S'ils arrivent contents et satisfaits au bureau, ils vont vouloir faire toute la différence pour ton entreprise. En même temps, nous aussi sommes humains. Tu ne peux pas être insensible à ce que vivent tes employés. Et ça, jouer au psychologue, tu n'as pas de contrôle là-dessus.»
Écoutez le podcast Les Dérangeants
L’émission de radio numérique Les Dérangeants réunit six jeunes entrepreneurs québécois qui parlent sans détour des affres de l’entrepreneuriat. Avec beaucoup de culot, mais pas encore avec autant de sagesse ! À écouter sur lesaffaires.com/lesderangeants, lesderangeants.com, iTunes, Google Play, SoundCloud et YouTube.