Lorsqu'il a pris la décision de mettre fin à sa carrière de cycliste en 2008, après avoir été membre de l'équipe canadienne junior de cyclisme, William Garneau, 23 ans, a coupé court aux rêves de son père Louis.
«Ma carrière de vélo et celle de mon frère [Édouard, 21 ans] étaient le prolongement de la sienne, mais il a réalisé qu'il fallait arrêter pour cheminer vers le monde professionnel», se souvient William, chef de produits de la division nutrition de Garneau.
Après s'être entraîné pendant 10 ans toutes les fins de semaine et beaucoup de soirs, le fils a décidé que ses rêves différaient de ceux de son père. Comme ce dernier lui avait montré à être fonceur et à atteindre ses buts, il a pu affirmer ses désirs.
«Mes études allaient m'amener plus loin que le cyclisme», conclut celui qui a depuis reçu son diplôme universitaire en administration des affaires du Saint Michael's College, au Vermont.
Pendant ses études, William Garneau a fait quelques stages d'été au marketing, à la production et à la réception des marchandises. En 2012, il est devenu responsable de la division nutrition, alors que Garneau lançait la barre énergisante LG1, avec Biscuits Leclerc. Il a le mandat de la faire grandir au Canada et aux États-Unis. Cette année, il doit lancer des boissons de récupération et de performance. «J'ai toujours eu un intérêt pour l'entreprise et, en grandissant, j'ai vu l'ampleur de ce que mon père faisait. C'est une motivation de voir mon père qui a bâti une entreprise aussi admirée.»
L'an dernier, l'entreprise de Saint-Augustin-de-Desmaures a offert à William d'ajouter à ses responsabilités celle de planificateur de l'atelier d'assemblage et de peinture des vélos. Il a sauté sur l'occasion.
«Je veux apprendre plus, dit-il. On m'a demandé si la charge de travail allait être correcte pour moi. Mais plus j'en ai, mieux je performe ! J'ai besoin de défis quotidiens. Ce poste en est rempli, ça me met du stress et j'aime ça !»
À lire aussi:
Les enfants du Québec Inc.
Nos mentors, pas nos patrons
Patricia Lemaire, au service de l'entreprise
Devenir le chef
Troisième génération
Édouard Garneau, qui a rejoint l'entreprise à temps plein tout récemment, après avoir suivi les mêmes études que William, aime tout autant les défis.
Responsable de donner un nouveau souffle à la bouticycle de Québec, il est pressenti pour joindre la nouvelle usine du Vermont l'an prochain. «Le marché américain est en expansion et chaque enfant pourrait éventuellement diriger une division importante de l'entreprise, moi aux États-Unis et William au Canada», dit Édouard, qui s'attend à voir sa soeur Victoria, 16 ans, joindre les rangs de l'entreprise.
«On veut prendre la relève ensemble. Je veux continuer le beau travail de mon père. Ce serait une grande fierté pour moi. J'ai une vision de grandeur. Avec l'aide de mon père, je veux que l'entreprise devienne un leader mondial dans le monde du cyclisme. En alliant nos forces, on est capables d'aller loin», dit William.
La réunion des deux générations, entrevoit-il, permettra à Garneau d'étendre son influence auprès des consommateurs. «Mon frère et moi apportons une vision plus jeune, des réflexions plus actualisées. On sort de l'école. C'est bien aussi d'arriver avec une contre-idée. Mon père est l'artiste de la compagnie, celui qui l'a créée et qui donne naissance aux produits. Nous, on est au courant des tendances du marché.»
William Garneau se définit comme un leader organisé et méthodique, tandis que son frère excelle dans les relations avec les clients en plus d'avoir hérité du côté créatif de son père.
«Ensemble, on fait une bonne équipe», dit William, qui apprécie aussi les désaccords qu'il a avec son père, car les débats structurés lui permettent d'apprendre. Au passage, il admet que son père a plus souvent raison, expérience oblige !
Ce qu'il admire aussi de son père, c'est d'avoir été très présent pour ses enfants. «On a toujours soupé en famille, il nous a consacré tous ses week-ends, je ne me suis jamais senti délaissé. Il faudra que j'invente des jours dans une semaine pour arriver à faire comme lui !»
À lire aussi:
Les enfants du Québec Inc.
Nos mentors, pas nos patrons
Patricia Lemaire, au service de l'entreprise
Devenir le chef
Troisième génération