Pour réduire les coûts, les entreprises demandent de plus en plus aux cabinets d'avocats de travailler en étroite collaboration avec leur service du contentieux. Cette tendance oblige les cabinets juridiques à repenser et à adapter leur offre, ainsi qu'à relever des défis de recrutement et de conservation des talents.
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« Il y a 15 ou 20 ans, il existait très peu d'avocats embauchés à l'interne chez nos clients, alors qu'aujourd'hui, c'est devenu quasiment la norme », dit Kim Thomassin, associée directrice de McCarthy Tétrault pour la région du Québec.
Plus qu'une menace, ce renforcement des services du contentieux constitue une occasion de repenser le modèle avec, à la clé, de nouvelles occasions d'affaires. « Nous pouvons ainsi nous concentrer sur les points où nous pouvons apporter une valeur ajoutée au client », explique Clemens Mayr, associé en droit des affaires au bureau de Montréal de McCarthy Tétrault.
Ainsi, des travaux comme la réponse aux appels d'offres et la gestion de litiges peuvent devenir plus rentables à réaliser en interne, parce qu'il s'agit de secteurs dans lesquels les clients ont développé beaucoup d'expertise, en raison du volume traité.
À l'inverse, des dossiers d'envergure internationale ou qui nécessitent une plus grande planification fiscale seront davantage confiés à l'externe. « Quand un investisseur étranger veut faire une acquisition au Canada dans un domaine sensible, qui dépasse la simple technique du droit, nous avons une expertise à offrir. Même chose lorsqu'il s'agit d'enjeux qui peuvent influer sur la survie d'une entreprise, des défis que nos clients ne connaîtront qu'une à deux fois dans leur carrière », ajoute-t-il.
John Murphy, associé chez Borden Ladner Gervais (BLG), estime qu'il « faut laisser le contentieux jouer son rôle et répondre à de nouveaux besoins qui nécessitent des conseils stratégiques, comme la gestion des risques ou la gouvernance ». Une tendance qui incite aussi les cabinets d'avocats à s'entourer de professionnels multidisciplinaires, spécialisés en communication, en gestion, en RH, voire en urbanisme.
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Des équipes conjointes
Cette tendance bouleverse la relation entre les deux parties. « Nous prêtons parfois des ressources aux clients qui reviennent chez nous ou restent avec [l'autre partie] en fonction des enjeux », explique Clemens Mayr. Par conséquent, il n'existe presque plus de dossiers dont le traitement se fait uniquement à l'externe. « Les chefs du contentieux sont beaucoup plus impliqués avec leurs équipes dans les négociations quotidiennes », note Solomon Sananes, associé directeur du bureau Norton Rose, de Montréal.
Les firmes oeuvrent désormais avec des équipes conjointes, qui travaillent en présentiel mais aussi à distance avec les outils numériques : cellulaires, courriels, intranet et plateforme d'échange de documents sécurisés. « Chaque contentieux a ses exigences et sa façon de travailler. Le défi est de s'adapter : certains clients demandent à travailler avec nous au quotidien, tandis que d'autres ont des systèmes électroniques différents », avance Don Mc Carthy, associé directeur chez Lavery.
Le jeu en vaut la chandelle, puisque les cabinets endossent ainsi un véritable rôle de partenaires d'affaires : « Il nous arrive de donner des formations aux services du contentieux de nos clients, d'être présents pour des consultations plus stratégiques ou d'intervenir en renfort s'ils sont débordés », remarque Shahir Guindi, associé directeur du cabinet Osler. Travailler avec des clients de plus en plus compétents et spécialisés contribue par ailleurs à « augmenter le niveau de connaissances des équipes et la compréhension des enjeux », note Pierre André Themens, associé directeur chez Davies.
Conserver ses ressources
Cette tendance va de pair avec un autre enjeu : « L'un des principaux défis est de conserver nos talents, car souvent, nos clients les recrutent pour qu'ils prennent la tête de leur service du contentieux », affirme Mme Thomassin.
Pour y faire face, McCarthy Tétrault s'est doté d'un bureau chargé de suivre le cheminement de ses recrues dès leur arrivée au sein du cabinet. « L'objectif est de leur permettre de devenir un jour un associé au sein de la firme », précise M. Mayr. Le cabinet mise sur l'accroissement des compétences de ses avocats. « Il faut développer les habiletés de nos avocats en gardant en tête l'éventail des occasions de carrière, alors qu'il y a 20 ans, il n'existait qu'un seul chemin possible », ajoute-t-il.
Pour Cain Lamarre Casgrain Wells, même si le risque existe, le contexte de travail dans un service du contentieux diffère de celui qui a cours en pratique privée : « C'est presque rendu un choix personnel. Mais nous mettons tout en oeuvre pour que nos avocats connaissent les avantages de travailler chez nous », indique Gaston Desrosiers, associé directeur national. Grâce à son réseau de bureaux partout au Québec, la firme propose par exemple aux jeunes avocats de faire le lien entre une pratique d'envergure nationale et une implantation en région s'ils le souhaitent.
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