Peu de constructeurs automobiles offrent des voitures 100 % électriques, mais leur nombre croît chaque année. Malgré tout, les ventes sont microscopiques : on ne comptait que 8 322 voitures électriques immatriculées au Québec au 15 janvier 2016, selon la Société de l'assurance automobile du Québec, par rapport à plus de 5 millions de voitures à essence.
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La Norvège, terre d'accueil exceptionnelle pour les véhicules électriques, en a plus de 70 000 sur ses routes comparativement à 2,8 millions de véhicules. Ce pays compte 5,1 millions d'habitants. Les décisions gouvernementales y sont pour beaucoup. Par exemple, les incitatifs financiers atteignent plusieurs dizaines de milliers de dollars pour chaque véhicule vendu (notamment en rabais de taxes de vente, de taxe d'enregistrement et d'utilisation de certains services comme les bornes ou les traversiers). Certaines autorités municipales ont même choisi d'empêcher les véhicules à combustion d'accéder à des quartiers précis.
Oslo, par exemple, interdit pour le moment les véhicules les plus polluants (comme plusieurs villes d'Europe). En 2019, toutes les voitures autres qu'électriques seront bannies de son centre-ville.
Vers une loi zéro émission
Au Québec, les aides gouvernementales sont plus timides : 8 000 $ de subventions à l'achat et quelques gratuités de passage sur les routes payantes tout au plus.
Il est vrai que d'ici 2020 le gouvernement du Québec souhaite voir le nombre de véhicules électriques passer à 100 000, mais «il faudra pour cela plus que de belles intentions», explique Marc Belcourt, responsable de la division i chez BMW Canada.
Selon lui, cet objectif n'est pas inatteignable, mais il demandera des actions mieux coordonnées. «L'exemple de la loi "zéro émission" est le plus important. On a présenté aux constructeurs le plan du gouvernement du Québec, mais on avait omis d'y inclure ce détail. Nous l'avons appris au moment du dévoilement», souligne Marc Belcourt. Cette loi imposerait aux constructeurs automobiles l'obligation d'allouer au marché québécois un nombre prédéterminé de véhicules hybrides et entièrement électriques.
Pour le responsable des voitures vertes de BMW, ce genre de loi n'aura pas d'effet majeur. «Le problème est ailleurs. Nous n'avons aucune difficulté à répondre aux demandes de tous les consommateurs. Si une telle loi était adoptée, nous pourrions en offrir davantage, mais nos voitures électriques trouveraient-elles preneurs ?» s'inquiète Marc Belcourt. Des 3 546 véhicules électriques vendus au pays en 2015, 531 étaient des BMW.
La recharge : une source d'inquiétude
Chez Nissan, on mise davantage sur une globalisation des ventes, même si la Leaf se vend bien au Canada : 1 233 unités écoulées en 2015, ce qui en fait le numéro 2 des ventes de véhicules électriques. Chevrolet occupe la première place à ce chapitre, avec la Volt : 1 463 unités ont été vendues en 2015. «Les voitures électriques offrent beaucoup d'avantages, et c'est cette tendance que nous voulons mettre de l'avant», explique Ken Comt, responsable des produits électriques chez Nissan Amérique du Nord.
Faibles dépenses pour l'énergie, aucuns frais d'entretien dont les changements d'huile, usure moins prononcée des composants mécaniques, émissions zéro... La liste des atouts des véhicules électriques est longue.
Il reste malgré tout une source importante d'inquiétude pour les consommateurs : l'autonomie des voitures. Stratégiquement, Nissan a choisi de s'y attaquer en investissant massivement dans un réseau de recharge. Au Québec, par exemple, Nissan a supporté le coût de 25 bornes de recharge rapide sur les 66 projetées par le Circuit électrique.
Aux États-Unis, BMW vient d'annoncer un partenariat pour financer l'installation d'une cinquantaine de stations un peu partout au pays. «Si nous pouvons faire comprendre aux consommateurs qu'il est simple et efficace d'avoir une auto électrique, notre pari sera gagné», poursuit Kent Comt.
La stratégie de BMW et Nissan est simple : faire connaître aux consommateurs la fiabilité, le faible entretien et le plaisir de conduite des véhicules électriques. Sans compter le faible coût de recharge. «Nous devons aussi miser sur la conscience environnementale. Les gens qui pensent à protéger l'environnement sont d'excellents ambassadeurs», explique le porte-parole de Nissan.
C'est aussi en aidant à multiplier les infrastructures, notamment les bornes de recharge, que les constructeurs feront grandir le nombre d'acheteurs potentiels.
Mercedes Benz et Infiniti n'embarquent pas
D'autres constructeurs, en revanche, ont une vision différente. Chez Mercedes-Benz, par exemple, le grand patron, Dieter Zetsche, dit travailler sur des voitures à hydrogène et pouvant être branchées, mais refuse de donner le moindre détail. «Notre développement ira dans ce sens. C'est tout ce que j'ai à dire sur le sujet», a-t-il indiqué, tout en précisant que son entreprise avait déjà tous les atouts en main pour commercialiser ces autos.
Chez Infiniti, oubliez le 100 % électrique. Le président, Roland Kruger, n'en voit pas l'utilité dans son catalogue. «Nous utilisons les moteurs électriques pour ajouter de la puissance aux voitures actuelles, pas pour remplacer les moteurs à combustion. Nous laissons à d'autres le soin de s'en occuper», a-t-il déclaré en entrevue lors du Salon de l'auto de Detroit.
«Il n'y a pas une seule stratégie, mais de l'éducation est à faire. C'est la seule façon dont nous pourrons offrir des voitures électriques à une masse critique de consommateurs, et intéresser tous les constructeurs», dit Marc Belcourt.
UN RÉSEAU DE RECHARGE PUBLIC À DÉVELOPPER
Le prix d'achat n'est pas le seul frein à l'acquisition d'une voiture électrique ; les consommateurs craignent aussi que le véhicule n'ait pas suffisamment d'autonomie.
Le Circuit électrique, le plus important réseau de recharge public du Québec, dispose actuellement de 577 bornes de recharge, réparties dans 16 régions. D'ici l'an prochain, les partenaires du réseau espèrent hausser le nombre à 800 bornes, dont 60 à recharge rapide. Au cours de la dernière année, quelque 46 465 recharges ont été effectuées sur les bornes du Circuit électrique.
Rappelons cependant que plus de 99,5 % des propriétaires de voitures électriques disposent d'une borne de recharge à la maison, et que les bornes publiques seraient essentiellement utilisées lors des déplacements, soulignent les représentants du Circuit électrique.
La Ville de Montréal a décidé de pousser plus loin ce développement, en installant 1 000 bornes de recharge dans ses rues d'ici 2020. Le maire Denis Coderre a confirmé cette stratégie à l'occasion du dernier Salon international de l'auto de Montréal.
Autre bonne nouvelle pour les usagers : le Circuit électrique offre depuis le début de février davantage de flexibilité quant au mode de facturation.
Un autre réseau, RéseauVer, propose également des bornes de recharge publiques (environ 150) dans divers stationnements du Québec.
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