Mélanie Boyer, 45 ans, mère de deux enfants, associée en certification chez Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT), ne voyait pas pourquoi les femmes n'auraient pas les mêmes ambitions que les hommes. D'un caractère fonceur, elle voulait devenir associée et a tout fait pour y parvenir. «Je ne me suis jamais posé la question. J'agissais un peu comme un homme, mais je me suis rendu compte que les femmes agissent rarement comme ça et qu'il fallait les aider», explique Mélanie Boyer, leader national de Femmes de talent.
Les grands cabinets ont mis en place des comités visant à faciliter l'ascension des femmes dans leur organigramme. Ils s'appellent Femmes et leadership chez Richter, Les ProfessionnELLES chez PwC et le comité Femmes de talent chez RCGT. Ces cabinets se sont souvent donné des objectifs. Ainsi, Richter, qui compte 17 % de femmes parmi ses associés, vise un taux de 30 % en 2020 et PwC souhaite pouvoir nommer 50 % de femmes comme associées en 2020.
«Les modèles d'entreprise vont s'adapter pour accueillir toutes ces femmes», affirme Stéphanie Leblanc, associée en transactions au bureau de Montréal de PwC.
Le comité Femmes de talent a été créé par RCGT en 2013 pour «valoriser et promouvoir le rôle des femmes», précise Mélanie Boyer. Ce comité consulte les femmes et fait diverses propositions pour les aider dans leur vie professionnelle «de façon à les maintenir en poste après leur congé maternité et les jeunes années des enfants», précise Mélanie Boyer.
Les initiatives ont différentes envergures. Ça peut être une conférence sur la gestion du stress ou des activités de réseautage, par exemple.
Vaincre sa timidité
Chez PwC, on a observé que «les femmes ont moins de facilité que les hommes à faire du développement des affaires». Le groupe Les ProfessionnELLES, créé de façon formelle en 2008, souhaite donc «aider les femmes à faire du développement des affaires dans des milieux qui leur ressemblent. Les femmes sont plus à l'aise avec d'autres femmes», dit Mme Leblanc.
Puisque accroître le portefeuille de clients au cabinet fait partie des exigences pour être associé, l'enjeu est de taille pour les femmes. Les ProfessionnELLES organisent donc diverses activités qui permettent à des femmes de différents milieux de se regrouper pour réseauter et créer des occasions d'affaires.
«Les boys' clubs se sont formés sur les parcours de golf et les patinoires. Il faut que les femmes trouvent leurs propres endroits où elles se sentiront en confiance», poursuit Mme Leblanc.
Le programme Femmes et leadership a été créé par le cabinet Richter en 2010. «Il y a des femmes partout chez nous, mais en moins grand nombre dans les postes de direction (associés et directeurs principaux)», reconnaît Mirella Pisciuneri, associée.
Trois comités travaillent sur la visibilité interne et externe des femmes du cabinet, le mentorat, la promotion et le perfectionnement ainsi que sur la conciliation travail-famille. «Quand une femme fait un bon coup, elle a tendance à le garder pour elle, poursuit Mirella Pisciuneri. Nous, nous voulons que ça se sache !»
C'est ainsi que Maude Lavoie, première directrice en certification chez Richter, a été sollicitée pour présenter son expérience devant une centaine de personnes du cabinet. La jeune femme, de nature timide, a fait partie d'une cohorte de L'Effet A, un organisme qui aide les femmes à révéler leurs talents.
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