Plusieurs collègues féminines ont dit à Andrée Corriveau qu'elle se " casserait la gueule " lorsqu'elle a fondé l'Association des femmes en finance du Québec (AFFQ), en 2002. Mme Corriveau a fait mentir ses détracteurs. Pas moins de 560 personnes se sont inscrites au sixième gala annuel de son association, qui se tient ce mois-ci. Même si les femmes occupent une place grandissante dans le monde des affaires, il reste de nombreux obstacles à franchir.
"Je continue de me battre pour que les mentalités changent, car la discrimination à l'égard des femmes est encore bien présente dans le milieu de la finance.
Jamais un dirigeant d'entreprise ne vous dira qu'il a écarté un candidat pour pourvoir un poste parce qu'il s'agissait d'une femme. Mais cela se fait encore aujourd'hui.
La discrimination se manifeste par de petits gestes, qui passent souvent inaperçus. Au cours d'une réunion, une femme peut proposer une bonne idée qui sera ignorée par ses collègues masculins. Mais un confrère qui répètera cette suggestion passera pour un génie.
Je connais des femmes qui pilotent des transactions financières majeures pour des cabinets d'avocats et des bureaux de comptables et dont le travail n'est pas reconnu à sa juste valeur. Ce sont leurs patrons masculins qui récoltent les primes et les reconnaissances.
Le Québec compte encore très peu de femmes à la tête d'entreprises inscrites en Bourse. On exige des femmes qui veulent faire partie d'un conseil d'administration d'entreprises cotées qu'elles aient dirigé une entreprise au cours de leur carrière. Or, pour ce faire, il faut que les femmes puissent gravir les plus hauts échelons des entreprises.
Les femmes doivent continuer de mettre les bouchées doubles pour prendre leur place dans le monde des affaires. Mon association contribue à donner du courage aux jeunes femmes pour qu'elles aillent au bout de leur rêve. Monique Leroux, présidente du Mouvement Desjardins et membre de la première heure de l'AFFQ, est un modèle pour les jeunes femmes qui aspirent à diriger une entreprise.
Je favorise aussi la discrimination positive. Par exemple, j'incite les femmes à embaucher une autre femme pour pourvoir un poste.
Je veux encore aller plus loin pour aider les femmes à accéder à des postes clés. Nous sommes depuis peu sur les réseaux sociaux pour rejoindre davantage de jeunes femmes.
Et pour aider d'autres consoeurs à se démarquer au sein de leur entreprise, je vais leur demander l'an prochain d'inviter leur patron ou un cadre masculin de leur entreprise à assister à notre gala annuel. Cela permettra aux filles de se mettre en évidence, car très peu d'employés osent inviter leur patron à un événement du genre. Il faut une bonne dose de confiance pour poser un tel geste, particulièrement lorsqu'on est une femme.
Enfin, je rêve de créer d'ici quelques années une association internationale. J'ai une grande expérience de travail à l'international, entre autres dans le cadre de mes fonctions de pdg du Centre financier international de Montréal. Cela a été très profitable, car travailler à l'étranger ouvre nos horizons. "