Quand les frères Wazana sont arrivés en Beauce il y a près de trois ans pour ouvrir une usine de couture qui fabriquerait leur Yoga jeans, presque personne ne croyait en eux. Ils ont repris l'immeuble de Confection de Beauce, fermée en 2010 à Saint-Côme. L'année suivante, le Groupe RGR, numéro un de la confection textile au Canada, fermait ses trois usines beauceronnes et remerciait 300 employés. Là où les autres tombaient, ils ont bâti un succès.
«On a commencé ça petit, mais on a grandi très vite. Une chance qu'on a acheté un grand bâtiment», se réjouit Yacov Wazana.
«On pensait embaucher 20 personnes et on est rendus à 80, renchérit son frère Eric. On pensait que ça nous prendrait cinq ou six ans pour arriver là.»
Les deux frères ont investi deux millions de dollars dans l'aventure, hypothéqué leurs maisons et celle de leurs parents pour boucler le projet.
«On a doublé le chiffre d'affaires de Second Denim ces deux dernières années. Et ça fait longtemps qu'on fait des millions», se réjouit Eric Wazana, qui exporte 29% de sa production, notamment aux États-Unis, en France, à Dubaï et en Australie.
Il en coûterait 2,5 fois moins cher de fabriquer en Chine, mais les Wazana tiennent à garder l'expertise textile au Québec. Leur avantage concurrentiel est de pouvoir livrer les commandes très rapidement, en quatre semaines. Et puis Yoga jeans est une marque, associée à la qualité et à un très grand confort - les produits sont conçus pour faire la position du lotus!
D'ici les cinq prochaines années, les Wazana veulent exporter 90% de leur production. Ils visent prioritairement le marché américain. Le seul frein à leur croissance actuellement, c'est le délavage. La capacité de production dépasse celle du délavage, et il faut trouver une solution au problème.
«C'est très compliqué, parce que ça passe par le ministère de l'Environnement, et il y a beaucoup de restrictions quant aux eaux usées. Mais on va y arriver ! On envisage de le faire en Beauce, mais les études de faisabilité nous diront quel est le meilleur choix pour nous», dit Eric Wazana, qui doit actuellement confier ce processus à un sous-traitant de Los Angeles.
«On veut devenir les meilleurs jeaners du monde. Offrir le meilleur rapport qualité-prix. C'est le travail d'une vie. D'autant qu'on croit à la production éthique, au respect des travailleurs», rêve Eric Wazana, qui veut aussi satisfaire toutes les femmes, selon les particularités de leurs corps.