La sous-représentation des femmes dans le secteur manufacturier étant selon lui un problème « encore plus aigu » en raison de la rareté de main-d’œuvre, le ministre du Travail a annoncé dimanche un soutien financier de près de 714 000 $ pour un projet de recherche sur leur inclusion.
En conférence de presse à Montréal, le ministre Jean Boulet, a fait valoir que « la recherche d’une meilleure égalité entre les hommes et les femmes » s’impose encore davantage dans le contexte actuel sur le marché de l’emploi.
Selon les statistiques de Manufacturiers et Exportateurs Québec (MEQ), seulement 28 % des emplois de ce milieu étaient occupés par des femmes en 2017 au Canada. Ce taux s’élevait même à moins de 10 % dans certains domaines liés à la production.
« Les femmes ont tendance à penser que c’est un milieu qui n’est pas fait pour elles, où on doit être très fort physiquement pour supporter des charges, un milieu qui est sale, qui n’est pas nécessairement très novateur », déplore la présidente-directrice générale de l’organisme, Véronique Proulx.
Le projet de recherche mené par MEQ comprend un volet où diverses approches seront mises à l’épreuve dans des entreprises en Montérégie, en Estrie et dans le Centre-du-Québec. L’objectif est de développer au terme de deux ans des mesures qui pourraient être implantées sur une base volontaire par l’ensemble des manufacturiers de la province.
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale a fait l’annonce en présence de sa collègue responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest. Cette dernière a tenu à souligner que le projet s’inscrit dans une perspective d’autonomisation économique des femmes, une de ses priorités.
Selon l’Institut de la statistique du Québec, le taux d’emploi chez les personnes âgées de 15 ans et plus se chiffrait l’an dernier à 64,7 % chez les hommes, contre 58,4 % chez les femmes.
Des barrières spécifiques
Même si la faible présence de femmes dans diverses professions a déjà fait l’objet d’innombrables études et initiatives, Véronique Proulx souhaite aller au−delà d’idées générales comme la conciliation travail-famille et mettre en lumière les défis propres au milieu manufacturier.
Le directeur de l’Observatoire compétences-emploi de l’UQAM, qui prendra part au projet, abonde dans le même sens.
« On veut éviter de prendre certaines barrières qui seraient spécifiques à d’autres secteurs et de dire que ça s’applique à tous. Et même si ce sont les mêmes barrières, est-ce qu’elles s’appliquent différemment dans le cas du secteur manufacturier ? », demande Félix Simoneau.
En entrevue avec La Presse canadienne, M. Simoneau a cité en exemple une étude sur le secteur minier qui a permis d’observer l’absence de toilettes pour femmes dans des milieux de travail.
« C’est un exemple auquel on ne pense pas d’office, souligne-t-il. Chaque milieu a quand même son contexte, des particularités et pour bien intervenir, il faut les prendre en considération. »