Le virage «affaires» qu'a imposé le nouveau patron de Tourisme Montréal à son organisation commence à porter ses fruits. Coïncidence ou non, deux ans après qu'Yves Lalumière eut pris les rênes de l'organisme, l'industrie montréalaise bat tous les records.
La remontée du dollar américain par rapport au huard y a certainement contribué, reconnaît Yves Lalumière. «Mais ce n'est pas tout. On aurait tort d'attribuer tous nos succès à ce seul facteur», dit-il.
Au cours des mois de juin, juillet et août, les hôtels de la métropole ont vendu 30 000 nuitées de plus qu'en 2014 et leur taux d'occupation moyen a grimpé à 86,1 %. Cette embellie a permis à l'industrie hôtelière d'accroître ses tarifs de 4,75 % à 171,90 $ la nuit, en moyenne, et ses revenus de 7,54 % à 211 millions de dollars pendant l'été. On commence à envisager sérieusement des investissements dans de nouveaux projets hôteliers.
Ce rebond s'explique surtout par l'accroissement du «rubber tire market», cette clientèle qui nous arrive par route en provenance de l'Ontario (+ 10 %) et du nord-est des États-Unis (+ 33 %). Les Européens profitent aussi d'une devise forte (l'euro). Mais c'est surtout du côté de la France, où Tourisme Montréal a déployé ses efforts de marketing, que la remontée a été la plus marquée (+ 5 %).
En résumé, en dépit de conditions météo peu clémentes et d'une concurrence présumée déloyale d'Airbnb, «jamais depuis 20 ans l'industrie touristique montréalaise n'a connu une meilleure saison estivale», dit le pdg de Tourisme Montréal.
Le ménage
Yves Lalumière a succédé il y a bientôt deux ans à l'ancien ministre Charles Lapointe, qui a été pdg de l'organisme pendant 24 ans et dont la gestion a fait l'objet de dures critiques par le vérificateur général du Québec. Dévastateur, le rapport de celui-ci mettait en lumière le laxisme de la direction et l'absence de contrôles financiers à Tourisme Montréal.
«J'arrivais du secteur commercial [American Express, Transat Distribution]. Je n'étais pas préparé à ce genre de tourmente, confie Yves Lalumière. J'ai vite dû développer mes habiletés politiques et mes connaissances de la gouvernance.»
«Nous avons appliqué l'ensemble des recommandations du vérificateur. Et même plus, je vous dirais, ajoute-t-il. On s'est brûlés une fois, on ne se rebrûlera pas une autre fois.»
En outre, Tourisme Montréal, qui dispose d'un budget de 33 M$ par année, compte sur un nouveau président du conseil d'administration (l'ex-ministre des Finances, Raymond Bachand, qui a remplacé Louis Vachon). L'organisme s'est doté d'un code d'éthique et a formé ses cadres et membres du conseil en matière de gouvernance.
«Tout est mesuré»
De plus, Yves Lalumière dit avoir resserré les contrôles sur les dépenses et les déplacements des membres de l'organisation, avoir remplacé 30 % du personnel, réduit de 10 % la taille de son équipe (80 employés actuellement) et diminué de moitié la superficie totale des bureaux, ce qui permet aujourd'hui d'épargner 500 000 $ par année en loyers.
«Maintenant, tout est mesuré. Et pour qu'ils méritent de l'aide financière, nous attendons des organisateurs d'événements qu'ils nous fassent la démonstration de leur apport, tant en notoriété qu'en nombre de nuitées», dit M. Lalumière.
C2 Montréal et la Conférence de Montréal, événement associé au Forum économique international des Amériques, font figure d'exemples à suivre, selon lui.
Les dépenses de marketing de Tourisme Montréal ont été recentrées afin d'attirer davantage de touristes d'affaires. L'organisme consacre aujourd'hui 7 M$ annuellement à ce marché, soit 50 % de plus que l'ensemble de son budget de promotion sur le marché hors Québec (4,5 M$).
En 2009, le marché du Tourisme d'affaires avait engrangé 180 000 nuitées ; l'année dernière, il en a accumulé 267 400. Tourisme Montréal estime que les touristes d'affaires, dont le nombre est fortement lié à l'attraction de grands congrès internationaux, déboursent 40 % de plus par jour que le touriste moyen.
Dans ce contexte, l'agrandissement du Palais des congrès de Montréal et l'établissement d'un nouveau centre de foires pour Montréal sont des priorités aux yeux d'Yves Lalumière.
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