Laval — Le géant pharmaceutique américain Moderna veut pousser plus loin la technologie de vaccins à ARN messager en développant de nouveaux traitements préventifs pouvant lutter contre diverses infections respiratoires et d’autres maladies comme les cancers. Des vaccins du futur qui pourraient bien être créés et fabriqués dans la future usine de Laval.
En conférence de presse pour inaugurer le chantier de construction de la future usine dans la Cité de la biotech, à Laval, le président de Moderna Therapeutics, le Dr Stephen Hoge, a confirmé qu’en cas de nouvelle pandémie, on pourrait y produire jusqu’à 100 millions de doses par année.
Au dire du Dr Hoge, cela permet non seulement au Canada d’assurer sa propre protection, mais aussi de devenir un leader mondial pouvant aider d’autres pays.
Mais c’est le volet recherche et développement qui motive le plus le Dr Hoge. Il a souligné que huit autres médicaments sont actuellement à l’étude au Canada au sein d’équipes de Moderna et par l’entremise de collaborations avec des chercheurs de l’Université McGill et de l’Université de Toronto.
La présidente-directrice générale de Moderna Canada, Patricia Gauthier, a précisé que l’entreprise progresse très rapidement sur le terrain des maladies infectieuses comme la grippe, le virus respiratoire syncytiale et le cytomégalovirus parce que la technologie a prouvé son efficacité.
En parallèle, on veut s’attaquer à des maladies rares et trois études cliniques sont présentement à l’essai au pays, selon la PDG de Moderna Canada. Dès que des résultats satisfaisants seront démontrés, l’entreprise entend «aller très creux dans cette ligne-là», a-t-elle promis.
D’autres voies d’avenir sont celles des cancers et des maladies auto-immunes. «Il y a deux ans, on n’avait même pas de produit commercial et maintenant on a 48 programmes en développement», fait remarquer Mme Gauthier.
Le siège social de Moderna au Canada se trouve à Toronto, mais quelques employés sont déjà au travail dans la région de Montréal, a confirmé la PDG. L’équipe est rapidement passée de cinq à une trentaine de personnes et le recrutement bat son plein. On cherche notamment des ingénieurs, des experts en assurance qualité et en contrôle de la qualité, ainsi que de la main-d’œuvre pour la production d’ARN messager.
Par ailleurs, un partenariat conclu avec l’Université McGill va permettre à des étudiants en biotechnologie d’être formés dans les installations de Moderna à Norwood, au Massachusetts, avant de revenir travailler à la future usine de Laval. On prédit qu’environ 75 personnes pourraient être affectées à la production une fois l’usine en opération en 2024.
Trudeau visite le chantier
Le premier ministre Justin Trudeau était de passage à Laval, lundi, pour visiter le chantier de construction de l’usine de vaccins de Moderna dans la Cité de la biotech.
Accompagné du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, ainsi que des membres de la direction de Moderna, M. Trudeau a pu observer les premiers aménagements du terrain situé sur le boulevard Armand-Frappier. Des opérateurs de machinerie lourde s’affairaient à creuser le sol et à préparer la mise en place des fondations avant l’arrivée de l’hiver.
«Le Canada, avec cette entente avec Moderna, est en train d’assurer l’approvisionnement de vaccins pour les Canadiens pour des décennies à venir», a déclaré M. Trudeau en conférence de presse sur le chantier.
Le géant pharmaceutique américain a choisi Laval pour implanter sa nouvelle usine de fabrication de vaccins ARNm au Canada. La nouvelle avait d’abord été annoncée en avril dernier, puis le choix de Laval a été confirmé en août. Le terrain qui accueillera la nouvelle usine estimée à 180 millions $ a été acheté à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS).
Aucune somme d’argent provenant du gouvernement fédéral n’aurait été investie dans le projet de construction de l’usine, mais Ottawa s’est engagé à acheter une quantité non précisée de vaccins produits à Laval chaque année.
D’après la PDG de Moderna Canada, Patricia Gauthier, le gouvernement fédéral pourra identifier chaque année ses besoins pour protéger la population et l’entreprise lui fournira les produits qui conviennent selon l’éventail de son offre.
«C’est bien évident que nous ne choisirons pas le moment de la prochaine pandémie, si jamais il y en avait une, mais s’il y a une chose que nous pouvons choisir, c’est d’être mieux préparés et d’être plus résilients et c’est exactement ce que nous faisons aujourd’hui», a mentionné le ministre Champagne.
Il s’est également réjoui à la perspective de voir tout un écosystème de la recherche biomédicale se développer comme une grappe autour de l’usine de Moderna au cours des prochaines années. Au-delà d’un bâtiment, ce sont surtout des «talents» qui vont se construire dans la Cité de la biotech de Laval, a-t-il louangé.