Avec son livre Un barbier riche, David Chilton a marqué l'imaginaire de milliers de lecteurs en suggérant d'épargner 10 % de ses revenus. Les règles du pouce, comme celle-ci, sont nombreuses en planification de retraite. Nos quatre experts nous donnent leurs avis sur les conseils les plus répandus et parlent des ratios qu'ils utilisent dans leur pratique.
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La question qui taraude bon nombre d'épargnants : «Combien faut-il épargner pour la retraite ? Afin de donner une échelle de grandeur à ses clients, Guylaine Dufresne, de la Banque Laurentienne, multiplie le décaissement nécessaire par un multiple de vingt. «Par exemple, si vous voulez dépenser 50 000 $ par année à la retraite, cela représente un décaissement de 35 000 $, une fois qu'on a pris en compte les programmes sociaux. Au total, vous auriez besoin d'un capital de 700 000 $.»
Pour parvenir à ce chiffre, il faut bien sûr évaluer ses dépenses à la retraite. Bien connue, la règle des 70 % suppose qu'un travailleur devra prévoir des dépenses équivalentes à 70 % de ses revenus bruts à la retraite. L'idée est que l'épargne et les cotisations aux programmes sociaux ne seront plus inscrites au budget. Et simultanément, certaines dépenses diminueront, comme le transport ou les tenues vestimentaires pour le travail.
Cette règle est loin d'être absolue, nuance Josée Jeffrey, de Focus Retraite & Fiscalité. «Ça peut être utile pour planifier à long terme, mais on doit vérifier ce chiffre lorsqu'on approche de la retraite, car il pourrait être bien différent. C'est du cas par cas.»
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Par exemple, le fait de ne plus avoir à rembourser l'hypothèque ou à payer les études des enfants peut faire en sorte que les dépenses diminueront sous la barre des 70 %, ajoute la fiscaliste et planificatrice financière. Pour d'autres, les dépenses pourraient être plus élevées. La part du budget consacré aux soins de santé est un poste susceptible d'augmenter.
Quelle part de nos revenus devons-nous mettre de côté chaque année pour arriver à destination ? Impossible de formuler une règle du pouce puisque trop de variables entrent en considération, dont l'âge, le profil d'investisseur et le capital accumulé par le passé. Plus on commence jeune, moins la bouchée sera grande. Au final, Daniel Laverdière pense que le plafond de cotisation au REER donne une bonne idée, à condition de commencer dans les premières années de sa carrière. «On sait que, si quelqu'un contribue maximalement au REER, il devrait normalement être correct.»
Qu'en est-il pour les 10 % du «barbier riche» ? Il est tellement loin de la réalité sur le terrain qu'il devient un peu caduc. Les planificateurs doivent parfois commencer par des objectifs plus modestes pour instaurer de bonnes habitudes. «Moi, je dis à mes clients qui n'épargnent pas de commencer par 5 %», répond Josée Jeffrey.
Dans sa pratique, Hélène Gagné, de Gestion privée Peak, utilise une règle pour déterminer la part que devrait compter la maison, le bateau et le chalet dans l'actif d'une personne. «Les biens personnels ne devraient pas représenter plus de 30 % de vos actifs totaux au moment de prendre la retraite. Si un client a une maison de 800 000 $, mais des épargnes de seulement 1 million de dollars, ça ne marchera pas. La maison demandera trop de liquidités. Les biens immobiliers entraînent des coûts, notamment les taxes municipales et scolaires.»