Au moment où il ne reste que quelques semaines à la saison des REER, une période où plusieurs épargnants songent à investir en prévision de leur retraite, les institutions financières les inondent de messages sur l'importance de planifier.
Les images véhiculées s'ajoutent à vos propres visions concernant la retraite, ce qu'elle devrait être et ce qu'elle ne devrait pas être. Au coeur des préoccupations, il y a l'argent.
Si vous êtes comme la plupart des travailleurs, vous craignez de manquer d'argent ou de devoir retarder ce moment rêvé.
J'écris chaque semaine sur les marchés financiers, et je suis mal placé pour vous dire que l'argent n'est pas important. Sauf que ma situation personnelle depuis quelques années m'a donné un avant-goût de la retraite. Et je crois important de partager mes réflexions à ce sujet.
En un mot, je suis de plus en plus convaincu qu'on accorde trop d'importance à l'aspect financier et pas assez à d'autres aspects.
Depuis maintenant trois ans, je ne suis plus un employé permanent du journal. J'y contribue à titre de collaborateur indépendant. Mon but était de réduire le rythme et d'avoir plus de temps pour d'autres activités.
Je vis donc en quelque sorte une semi-retraite. Na situation vue de l'extérieur se rapproche de la vie idéale. Je n'ai pas vraiment de soucis financiers et, en plus, je contrôle mon agenda pratiquement à 100 %. N'est-ce pas ce dont vous rêvez ?
Mais je ne suis pas vraiment plus heureux ou, plus exactement, je constate que j'ai autant de préoccupations qu'avant. La différence est que la nature de celles-ci a changé.
Je me rappelle par exemple, durant mes années d'employé, comment je rageais sur le chemin du travail, étant pris dans un bouchon de circulation. J'avais le temps alors de rêver et de me visualiser chez moi, à prendre tranquillement mon café une fois à la retraite, sans me soucier de la circulation.
Au travail, les exigences professionnelles signifient beaucoup de pression pour performer, produire et être créatif. Cela comprend des demandes de patrons que l'employé trouve souvent ridicules. Sans oublier le stress provoqué par les relations avec tous les intervenants du travail au quotidien.
Ce n'est pas pour rien que pour bien des gens, la retraite représente une grande libération : plus de patron pour nous faire gémir, plus de collègues qui nous irritent, plus de clients avec leurs exigences souvent exagérées, plus d'ulcères sur les routes, etc.
La retraite, pour la plupart, c'est de voir ces frustrations disparaître. Et c'est vrai, je vous le confirme, elles disparaîtront.
Bien gérer votre capital
Par contre, si vous croyez que cet univers sera remplacé par un monde sans problème, je vous assure que vous rêvez en couleur. En fait, j'en suis venu à être convaincu que, si vous croyez cela, vous vivrez une très grande déception une fois que vous serez à la retraite.
Vous aurez encore des problèmes, encore des frustrations et également bien des préoccupations, même si vous avez bien planifié l'aspect financier.
D'abord, vous devrez gérer votre capital. Même si vous amassez suffisamment d'argent pour ne pas être inquiet d'en manquer, reste qu'il faut le gérer intelligemment. Ce qui signifie, entre autres, de bien gérer votre répartition de l'actif et d'échelonner avec doigté vos décaissements.
J'ai beaucoup lu sur ces sujets, et il n'y a pas de recette magique. Cela restera une préoccupation pour le reste de ma vie. Ma situation est particulière dans le sens que je n'ai pas de régime de retraite et que je gère tout mon capital. C'est le cas de plusieurs travailleurs autonomes.
J'ai au moins l'avantage d'avoir passé ma vie dans le domaine. Malgré cela, voilà un foyer de préoccupation. Contrairement à ce qu'on imagine, la vie quotidienne sera remplie d'autres sources d'inquiétudes et de problèmes. Cela va de la situation de vos enfants, de vos petits-enfants et de vos parents, aux questions de santé de plus en plus présentes en vieillissant, en n'oubliant pas les relations avec vos proches.
N'oubliez pas que, lorsqu'on travaille, une grande partie de ces problèmes sont relégués au second rang par la force des choses. Et pour cause : vous passez souvent le quart de l'ensemble d'une semaine au boulot.
De plus, l'autre grande source de stress sera votre propre esprit. Vous aurez plus de temps pour penser et cela implique, pour la plupart des individus, plus de temps pour s'en faire. Non seulement pour imaginer des problèmes qui n'existent pas vraiment, mais aussi pour grossir les problèmes réels. Laissez-moi vous dire que l'être humain a un talent extraordinaire pour se torturer.
Une meilleure attitude
Si vous croyez que je trace un portrait déprimant de la retraite, détrompez-vous. Mon principal argument est que votre préparation à la retraite devrait inclure les éléments financiers autant que les autres dimensions.
Comment ? En travaillant à développer et à conserver une meilleure attitude chaque jour. Commencez par voir les problèmes autrement. Au lieu de les considérer comme des ennemis, tenez-les pour naturels. En effet, peu importe votre situation, avoir des problèmes fait partie de la condition humaine.
Lorsque vous voyez les problèmes ainsi, vous ne faites pas une crise lorsqu'un pépin survient. Vous savez que c'est normal. Ensuite, concentrez-vous sur ce qui est sous votre contrôle, et acceptez ce qui ne l'est pas. À quoi bon vous donner des ulcères à rager contre le froid polaire ? Vous n'avez aucun contrôle sur le climat.
En développant immédiatement une meilleure attitude, vous vous préparez une meilleure retraite tout en embellissant votre vie quotidienne. Ce n'est pas rien.
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Fusions et acquisitions
Une vague à prévoir
Il y a quelques jours, j'ai écrit un commentaire sur les dépenses en immobilisations des sociétés qui, selon plusieurs experts, devraient reprendre de la vigueur après plusieurs années de vache maigre. Comme je le mentionnais, ces dépenses devraient augmenter, mais de façon limitée. Par contre, je crois que les sociétés pourraient se lancer bien davantage dans des transactions pour croître plus rapidement. C'est ce que m'a rappelé l'annonce, mardi, de l'achat par la Banque de Montréal (BMO) du gestionnaire britannique F&C Asset Management pour plus d'un milliard de dollars.