TRANSFORMATION ALIMENTAIRE. La demande pour les produits alimentaires transformés continue d’augmenter et cette dynamique nourrit la croissance de plusieurs entreprises. Celles-ci subissent toutefois des pressions liées au manque de main-d’oeuvre, à la hausse du prix des intrants et à des difficultés d’approvisionnement.
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La pandémie ayant entraîné l’annulation de la publication du classement Les Affaires des plus grands transformateurs alimentaires du Québec l’an dernier, il faut remonter à 2019 pour effectuer quelques comparaisons. On note que le top cinq reste relativement le même, exception faite de Bonduelle Canada, qui est passée en deux ans de la 8e à la 5e position. L’entreprise de légumes surgelés et en conserve compte désormais 1 284 employés au Québec. Quant à duBreton (anciennement Breton Tradition 1 944), elle a glissé au 6e rang, avec 900 travailleurs.
Agropur coopérative garde la tête du classement, mais se voit amputée du tiers de ses employés environ par rapport à 2019, dont le nombre passe de 4 134 à 2 840. Rappelons que le transformateur laitier a cédé certaines opérations entre temps, dont sa division de yogourts, vendue à Lactalis en décembre 2020. De son côté, Exceldor coopérative (1 362 employés) est passée du deuxième au quatrième rang, affichant une baisse de 29% de son personnel en deux ans. Le transformateur de volailles a notamment dû surmonter un dur conflit de travail à son abattoir de Saint-Anselme, en Chaudière-Appalaches, qui a pris fin en juin dernier.
Saputo pointe en deuxième place, avec un nombre d’employés identique à 2019 (2 100).
L’entreprise de transformation laitière a toutefois vu son chiffre d’affaires glisser de 4,3% pour son année financière qui s’est terminée le 31 mars 2021, mais son bénéfice net a progressé de 7,3 %. Plus récemment, Saputo a dévoilé des revenus en baisse de 0,4% pour le deuxième trimestre de 2022, comparativement à celui de l’année précédente. Son bénéfice net a chuté de 42,7 %, pour plafonner à 98 millions de dollars (M$).
La société montréalaise a adopté un plan de croissance sur quatre ans, présenté avec leurs résultats financiers finaux de 2021. Il repose sur cinq piliers:renforcer les principales activités commerciales, accélérer l’innovation des produits, augmenter la valeur du portefeuille d’ingrédients, optimiser et améliorer les activités d’exploitation et créer des catalyseurs pour alimenter les investissements.
Une nouvelle coopérative voit le jour
Avec ses 765 employés, Agiska Coopérative effectue une entrée remarquée au huitième rang du classement. Elle est issue de la fusion des coopératives Agrilait, Comax, des Montérégiennes et Ste-Hélène. Parmi elles, seule Agrilait est active dans la transformation alimentaire. Elle est entre autres propriétaire de la Fromagerie St-Guillaume, de la Fromagerie de l’Isle et des Aliments La Bourgeoise. À l’annonce de sa création, le 1er novembre dernier, Agiska a aussi dévoilé le lancement d’une coentreprise avec Sollio Agriculture, soit Sollio Agiska Agriculture coopérative. Sollio Agriculture passe donc de fournisseur à partenaire de la nouvelle coopérative, ce qui permettra de créer un lien direct avec les producteurs d’Agiska.
Le chiffre d’affaires d’Agiska s’élève à 520 M$. Cela en fait une des plus importantes coopératives parmi les membres propriétaires de Sollio Groupe Coopératif. «C’est une tendance dans le groupe Sollio de regrouper et de consolider des coopératives pour mieux répondre aux besoins des familles agricoles, note la cheffe de la direction d’Agiska, Nathalie Frenette. Nous travaillions sur ce projet depuis janvier 2020.»
La fusion permettra d’optimiser les opérations et les achats d’intrants. Nathalie Frenette souhaite aussi que ce regroupement aide la nouvelle coopérative à se positionner comme un employeur de premier plan grâce à «des programmes de rémunération plus attrayants»et «des perspectives de carrière plus diversifiées». Ces dernières années, pourvoir tous les postes vacants représentait un défi important à Agrilait. Agiska explorera les occasions d’allonger ses chaînes de valeur. «Nous sommes actifs dans la transformation laitière avec nos fromageries, mais nous pourrions regarder du côté de la transformation des végétaux, comme le tofu, par exemple, afin d’augmenter notre rentabilité au bénéfice des familles agricoles», confie Nathalie Frenette.
Répondre à la demande
Un regard sur le classement permet aussi de repérer de fortes progressions du nombre d’employés, notamment à Produits alimentaires Viau (+74 %), Fruit d’Or (+25 %), Lassonde (+16%) et Biscuits Leclerc (+11%).
En septembre 2020, Fruit d’Or (16e rang) a annoncé l’agrandissement et la modernisation de son usine de Plessisville, un investissement de 17,5 M$. Elle a également réalisé une acquisition aux États-Unis, en achetant, en mars dernier, Decas Cranberry Products, basé au Massachusetts.
À Produits Alimentaires Viau (9e rang), la hausse viendrait d’une forte augmentation du volume au détail, selon une porte-parole de l’entreprise.
Du côté de Lassonde (3e rang), l’essor du nombre de travailleurs est «principalement dû aux acquisitions de la société — dont SunRype Products en janvier 2020 — et à l’ajout de nouvelles lignes et installations de production pour nos usines américaines et canadiennes», explique la directrice des communications, Isabelle Nadeau. Lassonde a réalisé des ventes de 469,3 M$au troisième trimestre de 2021, en baisse de 5,2 % par rapport à la même période l’année précédente.
Comme l’ensemble du secteur de la transformation alimentaire, l’entreprise de Rougemont jouit d’une demande soutenue, mais peine à y répondre en raison des problèmes de rareté de la main-d’oeuvre, ainsi que d’approvisionnement et d’accessibilité des matières premières, pouvait-on lire dans un récent communiqué. Des défis que toute l’industrie devra relever au cours des prochaines années.